Le pouvoir au bout du canon:L’arbitraire militaire supplante le droit et l’autorité civile en Territoire de Mwenga au Sud-Kivu
Le territoire de Mwenga, l’un des plus géologiquement riches et enviés de la Province du Sud-Kivu, est en proie des forces et groupes armés qui y font régner l’arbitraire dans tous les domaines de la vie. Les hommes en armes des différentes entités compasant l’actuelle armée congolaise régulière, ceux résiduels des milices étrangères rwandaises Interahamwe commettent des sévices sur les populations comme à l’époque du temps de la rébellion.
En effet, tous les Chefs militaires ex-ANC du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), ceux ex-résistants Maï-maï et des Interahamwe rwandais basés dans ce territoire minier se sont ingéniés dans des comportements indignes et des pratiques avilissantes contre les paysans. Au nombre de ces pratiques décriées on cite :
- L’entretien sur la plupart des axes routiers et pistes d’aviation des barrières illégales où ils perçoivent des taxes en nature ou en espèce sans quittance à toute personne qui y passe. On en dénombre une vingtaine sur la route Bukavu-Kamituga sur une distance d’environ 185 Kilomètres. Tout voyageur à pied ou à bord de camion est tenu à débourser environ 3000 Francs Congolais en raison de 100 à 200 Fc par barrière ;
- Les collectes récurrentes des vivres et argent dans les marchés et villages pour la ration des militaires ;
- Les exécutions extrajudiciaires des femmes accusées de sorcellerie ;
- L’insoumission des militaires à l’autorité administrative établie arguant la primauté des ordres militaires sur le pouvoir civil acquise pendant la belligérance;
- L’immixtion des militaires dans les affaires civiles et coutumières ;
- Des arrestations arbitraires et des détentions illégales des villageois dans des cachots clandestins, souvent sans plaignant ;
- Des vols des cossettes de manioc et la récolte destructive des champs ;
- La poursuite des violences sexuelles à l’endroit des femmes et des filles, les mariages des filles sans le consentement ni de celles-ci, ni de leurs parents ;
- L’occupation illégale des maisons des civils ;
- Les pillages à répétition, spécialement à la suite des heurts, simulés pour la plupart, entre groupes armés ;
- L’exploitation minière et la taxation imposée aux mineurs et autres trafiquants des matières premières minérales, …
Les populations de ce territoire se questionnent intensément sur le rôle réel dévolu aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) regroupant les éléments venus des anciennes factions belligérantes. Leur vécu actuel ne diffère quasiment en rien de celui du temps de la dernière guerre.
En plus, dans plusieurs autres territoires et communes de la Province du Sud-Kivu des militaires congolais et des éléments des bandes armées s’adonnent impunément aux pillages, rançonnements, kidnappings et tueries des populations civiles innocentes. Des cas de rafles nocturnes d’argent et téléphones portables sur des passants, des incursions d’hommes armés dans les habitations civiles soldées par des assassinats et vols des biens ménagers sont fréquemment enregistrés par ci par là en province, singulièrement dans la ville de Bukavu.
Inquiète de cette situation sciemment entretenue par les hommes armés, l’asbl Héritiers de la Justice se joint à ces populations victimes et lance un cri d’alarme à l’endroit du Commandement des FARDC en province et de l’Etat-major général pour qu’ils ramènent le plus vite les Forces armées à leur mission première qui est de protéger les personnes et leurs biens conformément à l’Article 178 de la Constitution de la Transition.
Elle souhaite que des enquêtes soient menées sur cette situation préoccupante, que les résultats soient rendus publics et que des mesures judiciaires et disciplinaires soient appliquées à l’endroit des coupables.
Aussi, l’Association recommande-t-elle au Gouvernement congolais de Transition à bien encadrer et discipliner les hommes de troupe en leur assurant un traitement régulier et consistant à la mesure du sacrifice consenti par eux.
Fait à Bukavu, le 01/04/2005
Héritiers de la Justice
