Territoire de Kabare : les exactions ne connaissent pas de répit:Après des atrocités des miliciens rwandais, les populations subissent la loi des FARDC impayée

Que choisir entre deux maux

Le mercredi 13/03/2004, des crépitements d’armes légères ont été entendus entre 14 et 15 heures dans les localités d’irongo et Busege situés respectivement dans les groupements de Bushwira et Cirunga en territoire de Kabare. Ces coups de balles ont été tirés par deux éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) en provenance du village de Cibingu, groupement d’Irhambi-Katana en territoire précité.

Des informations en notre possession renseignent que ces deux militaires ont assiégé les habitations des sieurs Maurice Lwalunaga et Sébastien Ciroyi, tous deux habitants du village Musimbo dans la localité de Bushwira-centre dans lesquelles ils ont spolié habits et chaussures.

Lorsque ces forfaits ont été commis, les voisins alertés , ont accouru et se sont lancés aux trousses de ces deux militaires indisciplinés. Bien que ceux-ci aient tiré des balles dans tous les sens pour disperser la population en furie, ils ont fini par être appréhendés et acheminés auprès de leur commandant basé à Misihe en groupement de Cibingu-Cirunga.

Une psychose est actuellement perceptible auprès de cette population lorsqu’elle se rappelle qu’à certains autres endroits, des militaires surpris en flagrant délit de violation des droits de l’homme et publiquement remis à leur chef sont, soit eux, soit leurs compagnons d’armes, revenus sur les lieux pour y mener des représailles contre leurs accusateurs.

La crainte de la population de Kabare est d’autant plus grande du fait que les militaires sont actuellement plus nombreux et vadrouillent nuit et jour dans les villages, quasiment sans aucune assistance de la part des autorités du gouvernement.

Le 10/03/2005, vers 12 heures, deux autres hommes de troupe parmi ceux qui ont pris pour campement les homes des professeurs à Mukongola dans le groupement de Kagabi, toujours en territoire de Kabare, ont forcé les portes des maisons du sieur Emmanuel Katula résidant à Cidjo, à plus ou moins un kilomètre de la Paroisse catholique. Ils y ont volé de l’argent et du bétail non sans avoir maltraité les gens qui étaient à la maison, en l’occurrence l’épouse et les enfants du précité.

C’est encore à Kabare que des soldats des FARDC venus de la position d’Irongo à Kanamonyi au voisinage de la localité de Kinjuba, ont pénétré dans les habitations de sieurs Laurent Mujaba et Sébastien Balerenje. Ici et là, ils ont emporté des habits et des vivres. Selon nos sources, les cas de viol des femmes et des filles sont légion.

Comme on le voit, la quasi-totalité des exactions qui se commettent dans ce territoire sont les faits de militaires congolais qui ont été dépêchés pour protéger la population contre les incursions des miliciens rwandais et leurs acolytes du terroir qui y faisaient régulièrement des raides , laissant derrière eux un spectacle de désolation. Mais, aujourd’hui, c’est comme qui dirait que la population a été contrainte de choisir entre la peste et le choléra.

C’est pourquoi l’asbl Héritiers de la Justice saisit cette opportunité pour demander au Tribunal de Garnison d’initier des enquêtes et intenter un procès à l’encontre de tous les auteurs des exactions ci-haut dénoncées en territoire de Kabare.

L’Association demande encore une fois au Gouvernement Congolais de Transition de re-sacraliser le rôle de l’armée en procédant à la paie régulière d’une solde décente à tous les militaires sans exception et à leur éducation au patriotisme ; en réhabilitant les casernes et autres camps pour le cantonnement ; et en renforçant le corps de police militaire.

Ce faisant, il mettra un terme aux abus qui ternissent l’image de l’Armée Congolaise et à l’impunité dont jouissent des militaires auteurs de violation des droits humains.

Bukavu, le 12 avril 2005

Héritiers de la Justice


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