Un an après la disparition de Guy-André Kieffer: OLPA exhorte les magistrats français et ivoiriens à une franche collaboration

16 avril 2004-16 avril 2005, il y a une année que le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, collaborateur à la Lettre du continent et à plusieurs autres journaux paraissant à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, disparaissait dans cette ville dans des circonstances non élucidées jusqu'à ce jour.
Ce journaliste spécialisé dans les questions d'ordre économique a été aperçu pour la toute dernière fois dans les rues d'Abidjan en début d'après-midi du 16 avril 2004.
D'après les informations parvenues à l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), Michel Legré, beau-frère de madame Simone Gbagbo, épouse du président de la République de la Côte d'Ivoire, a été la dernière personne à avoir vu Guy-André Kieffer avant que ce dernier ne disparaisse.
Cela a conduit le juge d'instruction français Patrick Ramaël à mettre Michel Legré sous examen pour enlèvement et séquestration de Kieffer. Il a été entendu à ce propos et il a, à son tour, mis en cause Paul-Antoine Bohoun Bouabré, ministre ivoirien de l'Economie et des finances, qui lui aurait remis une enveloppe contenant une somme d'argent en Francs CFA, l'équivalent de 1500 Euros, quelques heures seulement après que le journaliste ait été enlevé.
Se basant sur l'accord de partenariat judiciaire conclu entre la France et la Côte d'Ivoire, le juge Ramaël avait sollicité auprès des autorités judiciaires ivoiriennes l'autorisation de verbaliser Michel Legré en France. La justice ivoirienne semble lui avoir réservé une fin de non-recevoir parce qu'aucune suite n'a été donnée à cette démarche.
Patrick Ramaël a constaté, par ailleurs, que le suspect s'était transporté sur le lieu de l'enlèvement peu après les faits et s'était rendu à l'aéroport d'Abidjan où la voiture du journaliste a été retrouvée plusieurs jours après.
Eu égard à ce qui précède, l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) qui a rencontré le 9 juin 2004, l'ambassadeur de la Côte d'Ivoire en République démocratique du Congo, Guillaume Ahipeau, pour lui exprimer son vœu ardent de voir les autorités judiciaires ivoiriennes apporter leur collaboration à Patrick Ramaël pour que la vérité éclate au grand jour, constate avec amertume que l'enquête n'a pas du tout avancé. Les auteurs de cet enlèvement continuent de courir en Côte d'Ivoire, jouissant de l'impunité.
Tout en condamnant cette attitude qui viole le principe de la bonne administration de la justice, OLPA exhorte les autorités judiciaires ivoiriennes à collaborer en toute franchise avec la justice française afin que la vérité éclate au grand jour et que soient élucidées les circonstances de cette disparition dont la presse ivoirienne et africaine ne cessera de s'interroger sur les tenants et les aboutissants.
Enfin, OLPA demande au gouvernement de la Côte d'Ivoire de ne ménager aucun effort pour favoriser l'exercice de la liberté de la presse sur toute l'étendue de la République Ivoirienne.