OLPA inquiet après la convocation de deux journalistes par l'ANR à Mbuji-Mayi
L'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) est vivement inquiet après la convocation par la direction provinciale de l'Agence Nationale des Renseignements (ANR/ Mbuji-Mayi) de Ghislain Banza et Willy Muka, respectivement directeur des programmes et journaliste à la Radio Fraternité Buena Muntu (RFBM), une radio catholique émettant à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï oriental, au centre de la République démocratique du Congo (RDC).
Ghislain Banza et Willy Muka ont été convoqués séparément par le responsable local de l'ANR / Mbuji-Mayi (connu sous le sobriquet de Redhoc), le 28 juin 2005. Les entretiens entre le Redhoc et les deux journalistes ont tourné autour de l'interview accordée par Willy Muka à la Radio France Internationale (RFI), émettant à Paris en France et captée à Mbuji-Mayi et dans plusieurs provinces de la RDC, le lundi 27 juin 2005. Au cours de cette interview, le journaliste de la RFBM avait relaté les affrontements sanglants ayant opposé les policiers aux militants de l'opposition politique qui célébraient dans les rues de Mbuji-Mayi la fin de la transition politique en RDC, le 25 juin dernier.
Le bilan de ces affrontements étaient de cinq morts et de plusieurs blessés parmi les militants de l'opposition.
Le Redhoc n'a proféré aucune menace à l'endroit des journalistes, mais il a estimé que certaines informations livrées sur les antennes de la RFI n'étaient pas totalement exactes, notamment pour l'ouverture du feu sur les manifestants par les policiers. Après ces entretiens séparés, Ghislain Banza et Willy Muka ont été autorisés à repartir et à vaquer librement à leurs occupations.
L'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) estime que cette convocation des journalistes par les services des renseignements n'a pas de raison d'être pendant cette période où l'agitation populaire est perceptible à Mbuji-Mayi et la situation sécuritaire très préoccupante.
OLPA considère que la démarche de l'ANR vise tout simplement à intimider les journalistes, témoins privilégiés d'événements pendant cette période. OLPA condamne ainsi cette démarche constitutive d'atteinte au droit d'informer et d'être informé, garanti par la Constitution de la transition et les instruments juridiques internationaux.
Par conséquent, OLPA invite les autorités provinciales du Kasaï oriental et le gouvernement de transition à protéger les journalistes dans l'exercice de leur métier et les mettre dans les conditions psychologiques qui leur permettent de travailler aisément.
