Journée du 30 juin 2005 : OLPA condamne fermement les méthodes utilisées par la police à l'endroit de la presse de Kinshasa
L'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse en Afrique, condamne fermement les méthodes utilisées par la police nationale congolaise (PNC) pour empêcher la presse privée de Kinshasa de couvrir la marche des militants de l'opposition programmée pour le 30 juin 2005 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
Des policiers en tenue civile et de police ont pris d'assaut plusieurs stations de télévision pour exiger l'interruption des émissions. Des journalistes et caméramans ont été privés de liberté pendant plusieurs heures.
Tôt le matin, Basile Kokwalet, caméraman au service français de RFO-AITV a été interpellé par les éléments du Groupe Spécial de Sécurité Présidentielle (GSSP), son matériel de travail confisqué avant d'être embarqué à la Cité de l'Unité Africaine, où il a été détenu pendant quelques heures avant d'être relâché dans la soirée. Il en est aussi du caméraman Didier Lofumbwa de la chaîne privée de télévision Horizon 33 et de Doudou Bukuna de la Radio-télévision Kin Malebo (RTKM) qui ont été interpellés par les agents de police puis conduits à l'Inspection provinciale de la police / Ville de Kinshasa (Ipkin). Les effets et les bandes cassettes contenant les images sur les manifestants ont été confisqués avant d'être libérés. De même, Mill's Tshibangu, animateur de l'émission Télé Chat sur RTKM a été aussi interpellé par les agents de police et libérés quelques instants après.
En outre, des éléments des Services spéciaux de la police nationale en tenue civile se sont introduits successivement dans les installations des chaînes de télévision Raga Tv et Antenne A. Ils ont intimé l'ordre aux responsables de ces chaînes d'interrompre immédiatement la diffusion des images sur les manifestants.
A Raga Tv, ces agents ont interpellé et conduit manu militari Luc Mikomo Kabongatre et Robert Muila, respectivement directeur des informations et journaliste à cette chaîne privée de télévision au siège des services spéciaux à l'immeuble Kin-Mazière dans la commune de la Gombe.
Les mêmes agents se sont rendus à la chaîne privée de télévision Antenne A et ont exigé l'interruption des émissions. Ils ont interpellé Noël Tundu et John Ngombwa, respectivement directeur de production et rédacteur en chef d'Antenne A qu'ils ont embarqué dans la même camionnette que les journalistes de Raga Tv.
Lors de leurs passages à Raga Tv et Antenne A, les agents des services spéciaux ont emporté les bandes cassettes contenant les images des manifestations de l'opposition. Au siège des services spéciaux, les quatre journalistes ont été verbalisés à tour de rôle par un officier de police judiciaire puis privés de liberté pendant 9 heures et demie.
De tout ce qui précède, l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) condamne avec la dernière énergie les méthodes répressives utilisées par les forces de l'ordre pour empêcher les journalistes à exercer librement leur métier.
En interpellant les journalistes, en les détenant pendant plusieurs heures tout en les ruant des coups et en confisquant leur matériel, ou encore en s'introduisant contre leur gré dans leurs installations, les agents de la police nationale congolaise ont violé manifestement les dispositions du Code pénal congolais ainsi que le droit d'informer et d'être informé reconnu à tout journaliste par la Constitution qui régit la République démocratique du Congo (RDC).
Par voie de conséquence, OLPA exige qu'une enquête soit diligentée au niveau des services chargés d'assurer l'ordre public afin d'identifier les commanditaires et les auteurs de ces actes qui ne favorisent pas l'épanouissement de la démocratie en RDC.
OLPA invite les journalistes congolais à rester unis comme un seul homme pour barrer la route à tout prédateur de la liberté de la presse.
OLPA salue, par ailleurs, la journée "Tshikapa silence radio" observée avec succès par les journalistes de la ville de Tshikapa, dans la province du Kasaï occidental, en vue de marquer leur refus contre toute tentative de réduire la presse libre au silence.
Il convient de rappeler qu'au cours de la journée du 30 juin 2005, un parti de l'opposition congolaise UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social d'Etienne Tshisekedi) avait appelé ses partisans à une marche pacifique à Kinshasa, une marche qui a été réprimée dans le sang par la police, faisant de nombreux morts et blessés.
