Quelle serait l’incidence d’un bon processus DDR sur la perspective de la reconstruction nationale en RDC ?
La RDC vient de connaître et déplorer pendant pratiquement deux décennies une longue crise politico – militaire, ayant comporté à la fois un volet interne et des incidences externes, du fait de l’implication directe des pays de la Sous – Région comme l’Angola, Ouganda, le Rwanda, Burundi, Tchad, sans oublier ceux de l’Afrique Australe comme le Zimbabwe et la Namibie
(1).
Il y a lieu de noter en passant qu’il est généralement admis que la raison principale de l’implication des pays comme l’Angola, Ouganda, le Rwanda et Burundi est le fait que les autorités de Kinshasa aient longtemps permis aux groupes armés rebelles de ces pays à se servir du territoire congolais comme arrière – base.
Toutes ces incidences externes sur le bourbier congolais ont impérativement impliqué une certaine contrainte à la régionalisation de toute approche de restauration et consolidation de la paix, ayant motivé l’implication de la communauté internationale pour la recherche d’une solution durable à cette crise qui n’était pas sans entraîner des conséquences fâcheuses sur la paix et le processus de développement dans les Grands Lacs.
En guise d’une approche pour le retour d’une paix durable et de la stabilité dans les Grands Lacs, la communauté internationale, sous l’égide des Nations Unies et avec la bienveillante disponibilité des autorités actuelles de Pretoria, a parrainé le Dialogue Inter- congolais, dont le but fondamental était de créer un consensus national pour la fin de la guerre et la mise en place d’un ordre institutionnel de transition.
Or, il s’est fait que la réalisation de ce pari du retour d’une paix durable en RDC demeurait fondamentalement liée à un accomplissement judicieux de la reforme du secteur de sécurité congolais, dont le processus DDR et l’intégration de l’armée nationale sont les deux vecteurs moteurs.
L’ultime finalité de cette implication de la communauté internationale en RDC étant la promotion de la sécurité humaine dans un environnement étatique post – conflit, susceptible de rendre possible une perspective de reconstruction nationale, laquelle devrait garantir la reprise du processus de développement, et par conséquent, le mieux – être des populations, il y a lieu, dès lors, de se soumettre à des questionnements sur la corrélation existant entre le processus DDR et la reconstruction nationale en RDC. C’est l’objet fondamental de la présente réflexion.
De prime abord, il y a lieu de souligner que, en tant que catalyseur aussi bien de l’intégration de l’armée que de la réintégration des ex – combattants démobilisés dans la société, le processus DDR congolais constitue un préalable indispensable à toute approche vers la paix, notamment aux questions liées aussi bien à la consolidation de celle – ci qu’à la restauration de l’autorité de l’Etat pendant la période post – conflit, deux préalables sans lesquelles aucune perspective de relance économique et reconstruction nationale ne serait envisageable.
Le processus DDR congolais, tel que régi par les textes en vigueur(2) et défini par le Plan National de DDR, a pour objectif stratégique fondamental de contribuer à la restauration et consolidation de la paix et de la stabilité au pays et dans la sous – région, dans une perspective de la reprise économique et du retour de la stabilité au pays et dans la sous –région, par « la réduction de la pauvreté, la reprise des échanges économiques et commerciaux, l’incorporation des démobilisés dans la production, et par la réallocation des ressources publiques en faveur des secteurs prioritaires du développement » (3).
Point n’est besoin de souligner que la paix et la stabilité sont les deux principaux ferment de toute relance économique et reconstruction nationale, gage de la reprise du processus de développement tant au pays que dans l’ensemble de la Sous – Région des Grands Lacs.
Il s’avère que la réalisation heureuse de cet ambitieux et délicat programme passerait impérativement par la reforme du secteur de sécurité congolais, dont l’accomplissement processus DDR, une étape stratégique capitale, passait logiquement par un certains nombres d’objectifs intermédiaires comme :
• Le démantèlement des structures « politico – militaires » engendrées par la guerre, en vue de l’établissement des bases de bonnes relations civils et militaires en phase avec l’implantation de la démocratie;
• La décompression et « rationalisation »(4) des effectifs militaires; en d’autres termes la réduction du volume des effectifs de l’armée au regard des exigences de leur prise en charge budgétaire judicieuse par l’Etat, et la professionnalisation du personnel militaire dans l’optique de la création d’une armée capable de participer à des activités de reconstruction et de développement;
A ce propos, avant de continuer, nous nous devons d’avoir l’objectivité intellectuelle de déplorer le déficit de conception dont a péché le Plan National DDR congolais, au regard de ce qui se passa dans des pays comme l’Afrique du Sud et le Sierra Leone, pour ne citer que ces deux exemples, dont la situation n’était pourtant pas aussi complexe que celle de la RDC.
Toutes les difficultés actuelles des autorités de transition congolaises seraient largement imputables à ce mauvais départ qu’a connu le processus de paix congolais, suite à une évaluation trop approximative de l’objet du « Dialogue Inter - congolais ».
Les négociateurs congolais de Sun City auraient évité cette erreur capitale de penser que la crise congolaise actuelle était similaire à celle de 1960, lors de la Table Ronde de Bruxelles, oū l’enjeu principal des pourparlers entre Congolais et Belges se réduisait au partage du pouvoir politique « arraché » ou « légué », c’est selon, aux nationaux par les colonisateurs.
En 1999, le Congo se trouvait plutôt dans un contexte de négociations de paix consécutives à une longue guerre civile, impliquant des frères ennemis dont certains étaient encore en belligérance; mais, qui avaient tous accepté d’enterrer leurs haches de guerre, et d’adhérer à un consensus national pour la cessation des hostilités et la refondation de l’Etat. Donc, l’enjeu principal des négociations était plus sécuritaire que politique.
Observons qu’en 1960, les politiciens congolais qui avaient négocié l’indépendance du pays focalisèrent toute leur attention sur la seule question du partage du pouvoir politique, reléguant aux oubliettes la capitale question de la remise - reprise entre colonisateurs et ex - colonisés du portefeuille du jeune Etat congolais, ce engendrera le fameux contentieux belgo- congolais.
Malheureusement, ce triste exploit a été réédité à Sun City où les négociations sur le partage du pouvoir entre les « Composantes et Entités » monopolisèrent toute l’attention sur les questions politiques, reléguant au second plan les questions militaires, notamment celle cruciale de la reforme du secteur de sécurité congolais.
Une des conséquences de cette situation est que, depuis la réunion du Conseil de sécurité tenue à New York en février 2004(5) jusqu’à ce jour, tout le monde parle de cette fameuse reforme du secteur de sécurité congolais, mais personne n’en précise les modalités pratiques de mise en œuvre, et encore moins les contours conceptuels. C’est tout là tout le problème.
On en est déjà à la démobilisation des ex –combattants et à l’intégration de premières brigades de la nouvelle armée, alors qu’aucune politique nationale défense n’ait été clairement définie en fonction de la menace interne et externe, et au regard de la capacité du pays à soutenir effort national de défense et sécurité. Comme quoi, en RDC, le principe de gestion du pays par la navigation à vue continue comme par le passé.
Dans ces conditions, comment alors parler des élections qui, en Afrique subsaharienne, ont généralement constitué l’anti – chambre de la guerre civile? Comment garantir la consolidation de la paix, la restauration de l’autorité de l’Etat, et surtout un bon accomplissement du processus DDR, qui constitue un des piliers de la reconstruction nationale?
La normale aurait été que la reforme du secteur de sécurité fussent avec la recherche du consensus politique national et le partage des richesses, les trois thèmes centraux des travaux du « Dialogue Inter – congolais »; étant donné que cette reforme constituait l’épine dorsale de toute la problématique de la consolidation de la paix et de l’intégration de l’armée, et que sans son accomplissement, aucune action politique sérieuse et encore moins, une perspective de relance économique, donc de reconstruction nationale, ne seraient concevables.
Ayant superbement placé la charrue devant le bœuf, les négociateurs de Sun City consacrèrent passèrent le plus clair du temps à réfléchir et discuter sur le seul partage du pouvoir politique, ne consacrant à peine que quelques heures pour parler formellement de la sécurité, plus précisément des « memoranda I et II sur l’Armée et les services de sécurité ».
De toutes les façons et en réalité, ce peu de temps réservé aux questions sécuritaires n’a servi qu’à effleurer la problématique du partage des responsabilité dans les services de sécurité, plus particulièrement la question de la protection des animateurs des institutions de transition, plutôt qu’à aborder des problèmes de fond comme ceux touchant au DDR et à l’intégration de l’armée.
Donc, compte tenu de ce mauvais démarrage, il y a lieu de réaliser le pourquoi de toutes les difficultés qu’éprouvent actuellement les autorités congolaises de transition, pour mettre en œuvre la reforme du secteur de sécurité, dont le processus DDR pourtant, un préalable indispensable à la consolidation de la paix et à la reconstruction nationale, une des équations majeures de la transition étant la réinsertion judicieuse et harmonieuse des ex –combattants démobilisés dans la société.
Les Sud – Africains, qui ont réussi dans une certaine mesure leur processus DDR, estiment que « techniquement parlant, la réintégration des ex – combattants dans la société est un processus complexe et son succès dépend de plusieurs paramètres qui vont au delà du simple fait de la cessation des hostilités »(6).
A ce propos, nous voudrions relever que le processus DDR n’étant pas une invention congolaise; les garants du processus de paix en cours au pays peuvent combler certaines lacunes, dues à un très mauvais départ du processus de paix congolais ci - haut stigmatisé, par des approches comparatives s’inspirant des expériences en la matière des autres pays comme l’Afrique du Sud, la Sierra Leone, le Mozambique etc., qui ont déjà eu à emprunter ce délicat et complexe chemin du DDR.
Par le biais de l’« Institute for Security Studies » de Pretoria, les Sud – Africains ont suffisamment réfléchi sur le processus DDR, notamment sur les aspects liés à la « rationalisation » et à la « conversion de la défense », qui constituent un des piliers de la politique économique actuelle de Pretoria.
Il y a lieu de penser que cette expertise sud-africaine pourrait être, de temps à autre, sollicitée par les autorités congolaises, par exemple par le biais de la « Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC », dans le cadre de la coopération Sud – Sud, en vue de faire avancer les choses.
Par ailleurs, d’autres travaux effectués sous l’égide de l’ISS de Pretoria ont largement analysé des questions liées à l’épineuse problématique de la réinsertion dans la société des ex – combattants démobilisés, dans une approche visant à augmenter les capacités du marché national de l’emploi sud –africain à résorber le surplus des ressources humaines dégagées par l’armée suite au DDR, dans une approche visant à éviter que ceux - ci ne basculent dans la criminalité, et ainsi par ricochet, entravent les efforts de la promotion de la sécurité humaine dans la communauté (7).
En effet, il ne suffit pas de démobiliser des ex –combattants, mais faut –il encore qu’ils soient surtout assurés d’une bonne réinsertion dans la vie civile. Rappelons –nous que si le désarmement et la démobilisation sont des actes ponctuels, la réintégration demeure un processus qui s’étend dans le temps et assez délicat à gérer.
Un autre problème est qu’un bon nombre de ces ex – combattants à réintégrer dans la vie civile ont généralement été responsables des atrocités et autres crimes que les membres de leurs communautés de base ne sont pas encore prêts à oublier. Or, sans une réintégration effective des ex – combattants démobilisés dans la société, la consolidation de la paix demeurerait hypothétique. Comment alors résoudre cette équation?
Dans le même ordre d’idées, une autre référence pour les garants du processus DDR congolais pourrait être le processus DDR sierra léonais; dans la mesure le NCDDR sierra léonais mit un accent particulier sur la réinsertion sociale des ex - combattants, qui constitua un de principaux vecteurs de reconstruction nationale dans ce pays.
Les Sierra – léonais ont une solide expérience sur la problématique du management de la réconciliation et coexistence entre les ex – combattants fraîchement démobilisés et les membres de leurs communautés d’origine.
Cette expérience peut toujours être mise à profit par les autorités congolaises pour mieux gérer les questions de réinsertion des ex –combattants en Ituri et dans le Kivu, où des passions ne se sont pas encore dissipées.
En outre, l’expérience sierra léonaise du DDR nous renseigne qu’une prise en charge psychologique adéquate, un bon « counseling » professionnel et une orientation communautaire judicieuse des ex – combattants démobilisés sont les clés de succès du volet réintégration du processus DDR.
A titre illustratif, pour favoriser cette réconciliation communautaire entre les ex-combattants et les autres membres de la communauté sans laquelle aucune perspective de consolidation de la paix et d’amorce de la reconstruction au niveau de la communauté ne serait envisageable, la commission nationale DDR sierra léonais s’employa à associer des ex-combattants démobilisés à l’exécution des travaux d’intérêt collectif au profit de la communauté.
Par cette évocation du processus DDR sierra léonais, nous voudrions suggérer aux autorités congolaises d’établir des rapports de partenariat avec les officiels sierra léonais, en vue d’élargir davantage leurs connaissances sur le management de la problématique de le réinsertion des ex – combattants dans la société.
La NCDDR sierra léonais misa également sur la promotion des projets agricoles au profit des ex – combattants. Les pouvoirs publics sierra léonais créèrent des conditions pour faciliter l’accès aux terres et aux micro – crédits pour le développement de petits projets aux ex - combattants à réintégrer dans la vie civile.
Il va de soi que l’ensemble de toutes ces activités génératrices de revenus ne pouvait que contribuer à la revitalisation des tissus socio – économiques des communautés de base, et épargner ainsi à ces ex – combattants la tentation de verser dans la criminalité ou de reprendre le chemin des maquis.
Pour faire face à un marché de l’emploi hautement compétitif, dans leur souci de faire résorber le maximum des ressources humaines libérées de l’armée suite au DDR dans le circuit national de production, les garants du processus DDR sud – africains s’employèrent ardûment à développer une politique de professionnalisation des ex – combattants dans des métiers de semi – spécialisation comme la charpenterie, mécanique, maçonnerie, plomberie etc. (8).
Cette expérience s’avéra à la longue une soupape à la recrudescence de la criminalité, et par conséquent, un apport capital à la consolidation de la paix, gage de toute relance économique. Ce serait un bel exemple à suivre pour les autorités congolaises.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que les conclusions de l’atelier organisé à Kinshasa, en mars 2003, par « Global Rights » recommandaient au Parlement congolais de légiférer pour une armée nationale de développement, c’est – à- dire celle capable de « participer aux travaux d’utilité publique et de développer des industries militaires afin de réduire la trop forte dépendance en équipement même léger de l’étranger ». L’objectif fondamental de cette démarche était tout simplement d’obtenir une implication plus accrue de l’armée dans l’effort national de reconstruction et de développement.
Les corps du génie, des transmissions, des services de santé et logistique de l’armée nationale congolaise, qui sont réputés regorger des ressources humaines de haute qualité, devraient normalement, en vertu des principes de « rationalisation » et de « conversion de la défense » inhérents au processus DDR, être mis à contribution dans des projets de reconstruction et de développement, sous la houlette des services compétents des ministères des travaux publics, des postes et télécommunications, de la santé etc.
En outre, dans l’environnement économique international actuel fondé sur la dictature de la compétitivité, le processus DDR congolais, correctement conçu et exécuté dans un cadre global de la reforme du secteur de sécurité, aurait du constituer un important levier pour le drainage des capitaux internationaux vers le processus de reconstruction nationale.
La règle du jeu consiste à rendre la force publique congolaise compétitive sur le plan sous- régional, de manière à ce que la RDC devienne éligible à certains fonds spéciaux disponibles au niveau de la communauté internationale, dans le cadre de la restauration de la stabilité et de la lutte anti –terroriste en Afrique Subsaharienne.
Des pays comme l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya etc., qui n’ont pourtant pas les mêmes que la RDC, ont compris la chose, ils ont professionnalisé leurs troupes et rendu performants leurs secteurs de sécurité, mais qui ne cessent d’accéder à d’importants crédits dans le domaine de sécurité, mais ayant une forte incidence sur leur effort national de reconstruction et développement (9).
Il y a lieu de saluer ici les efforts significatifs du PNUD qui, en tant que chef de file des agences des Nations Unies en ce qui concerne le processus DDR congolais, ne cesse d’abattre un travail appréciable depuis le lancement du processus en 2003, notamment en mobilisant les bailleurs et donateurs internationaux pour une implication financière conséquente, en vue de la réinsertion dans la société des ex –combattants démobilisés et la revitalisation des communautés de base à l’Est de la RDC (10).
Cette intervention de la communauté internationale se justifierait par le fait que la partie orientale de la RDC, notamment les régions de l’Ituri et du Kivu comportent une des terres les plus fertiles du pays, et offrent des conditions écologiques propices au développement de l’élevage.
En plus, de la découverte du Coltan dans cette partie du pays, il est aussi question de la probabilité d’existence d’importants gisements pétroliers; ce qui constitue des facteurs militants en faveur de la possibilité d’une relance économique rapide et par conséquent, de la reconstruction nationale.
L’implication du PNUD dans l’assistance technique pour la formulation et l’exécution du « Plan de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion » en Ituri, et dans l’obtention de la France, du Japon, de la Suède et de l’Espagne des financements pour « créer des conditions opérationnelles et logistiques (ressources humaines et équipements) nécessaires à l’assistance immédiate aux ex – combattants » dans cette partie du pays est une contribution significative du Plan National DDR congolais dans la reconstruction nationale.
Sous la houlette des agences des Nations Unies, plusieurs ONG’s nationales et internationales s’investissent plus particulièrement à l’Est du Pays, dans la réhabilitation des infrastructures de base (eau, écoles, postes de santé, voies de communications), l’assistance alimentaire, la santé communautaire, la lutte contre le VIH/Sida etc.
Dans le cadre d’appui à la réinsertion, le PNUD finance, au profit des ex- combattants démobilisés, « des micro – projets en agriculture, élevage, pêche, petit commerce, petite industrie, services et artisanat etc. ». C’est une contribution significative au lancement des jalons de la reconstruction nationale dans cette partie du pays.
Dans le cadre du projet de « Mécanisme de Réponses Rapides », des fonds ont été rendus disponibles pour préparer des infrastructures d’accueil destinés à recevoir en transit les ex – combattants démobilisés en Ituri, suite aux financements de la France ( 1.060.000 USD), Japon ( 500.000 USD), d’autres partenaires ( 4.629.870 USD).
Par le biais du projet d’ « Assistance Agricole d’Urgence », la FAO a financé le développement des cultures maraîchères, l’aménagement des étangs et des rizières pour la réinsertion des
déplacés à Kisangani, pour une enveloppe de 100.000 USD.
La Belgique, le Japon et d’autres bailleurs ont assuré un appui financier d’une valeur de 5.497.111 USD, dans le cadre du projet « COMREC » destiné à la réduction des armes légères, pour la reconstruction des infrastructures communautaires de base à Bukavu, tandis que deux hôpitaux ont été reconditionnés respectivement à Ruashi à Lubumbashi et au Camp CETA à Kinshasa pour une valeur de 1.600.000 USD.
Le NORAD a financé le projet d’« Appui à la Reconstruction et au Développement Communautaire » à l’Est de la RDC, pour une enveloppe de 3.000.000 USD, destinés à des activités communautaires de relance économique, tandis que le GRET a financé des micro – projets de relance économique à Bukavu pour 113.000 USD.
L’UNICEF appuie certains projets de renforcement des capacités et autres initiatives de revitalisation des communautés de base, dans le cadre de son « Programme de Prévention, Désarmement et Réintégration » des Enfants ayant été associés aux groupes armés à l’Est du pays.
Il y a lieu de constater que tous ces financements internationaux destinés à la relance des activités économiques dans certaines communautés de base, sont certes mineurs, mais dans le contexte d’un pays ne bénéficiant plus depuis belle lurette des capitaux frais, ces apports ponctuels en capitaux mêmes modiques, constituent tout de même des bouffées d’oxygènes non négligeables, susceptibles d’avoir un impact significatif sur l’amorce de la reconstruction nationale
Il faudrait ne pas perdre de vue que, comme souligné ci- haut, le processus DDR congolais, à l’image de la longue et meurtrière crise armée que vient de connaître le pays, comporte un double volet interne et externe, ce qui astreint le DDR congolais à avoir l’appendice du DDRRR renvoyant aux groupes armés étrangers présents sur le territoire congolais.
Les habitants de l’Est du pays, plus particulièrement du territoire de Walungu au Sud – Kivu sont mieux placés pour mesurer la profondeurs et la virulences affres causées par la présence de tous ces rebelles rwandais, burundais, soudanais etc., sur le sol congolais(11).
Ne perdons pas de vue que l’Est de la RDC est réputé constituer le grenier du pays. Le Kivu et l’Ituri sont les silos du pays en café, haricots, pommes de terre, bovins, produits laitiers etc. La présence locale de tous ces groupes armés étrangers serait une des causes non négligeables de l’extrême démantèlement du tissu socio- économique que connaît la RDC depuis bientôt deux décennies. C’est la raison pour laquelle toute approche pour la reconstruction nationale dans la partie orientale de la RDC passerait par l’accomplissement du DDRRR, qui n’est que le volet sous – régional du processus DDR congolais.
Tous ces Interhamwes, ex – FAR, miliciens du FDLR et autres bandes armées étrangères présents dans cette partie du pays, non seulement qu’ils détruisent toutes les infrastructures agricoles et écologiques dont ils entrent en contact, mais ils s’emploient à empêcher les paysans de vaquer librement à leurs activités quotidiennes, ce qui constitue un facteur inhibiteur de la consolidation de la paix et de la reconstruction nationale dans cette partie du pays.
Donc, un accomplissement judicieux du processus DDR permettrait aussi bien le démantèlement de toutes ces milices ethniques locales que le rapatriement des groupes armées étrangers, ainsi qu’une bonne intégration de l’armée et de la police, ce qui constituerait une avancée significative, en ce qui concerne la promotion de la sécurité humaine au pays et dans la sous – région.
En outre, dans un pays où les capacités budgétaires de l’Etat sont assez limitées et qui ne bénéficie plus d’une totale sollicitude de la communauté internationale comme la RDC, le processus DDR pourrait constituer un canal non négligeable de drainage des capitaux frais émanant de la communauté internationale.
Tous ces modestes financements ponctuels constituent une contribution non négligeable aux efforts des autorités du pays et de la communauté internationale destinés à revitaliser les communautés de base, et une manière de lancer un appel de pied aux pouvoirs publics congolais afin qu’ils s’emploient à chercher les voies et moyens de procéder à la réallocation du surplus des ressources humaines et matérielles jadis mobilisées pour des fins de la guerre aux programmes de reconstruction nationale. C’est ce que les Sud – Africains appellent la « defence conversion ».
En effet, tous ces miro - projets financés par des bailleurs et donateurs internationaux sous l’égide des Nations Unies, plus précisément du PNUD, tout en constituant des sources des revenus pour les ex- combattants démobilisés et en passe de réintégrer la vie civile, sont également des apports significatifs à la réhabilitation de quelques infrastructures de base (ponts, routes, points d’eau, dispensaires de secours etc.
Ils constituent des facteurs mobilisateurs de la relance de l’activité économique dans ces communautés de base, et un prélude indicateur de la reprise vie économique à grande échelle dans le cadre de la reconstruction nationale en RDC, un préalable indispensable au retour de la stabilité et du processus de développement en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs.
Pour terminer, nous ne pouvons que conclure en disant qu’après plus ou moins deux décennies de guerre civiles, ponctuées des crises politiques internes dans un contexte d’isolement international ayant entraîné la suspension de toute coopération structurelle, et ainsi, achevé de détruire aussi bien les fondements institutionnels de l’Etat que le tissu socio – économique du pays, un processus DDR bien conçu et exécuté pourrait :
Primo : Favoriser une éclosion optimale du jeu démocratique, en rendant possible la démarcation entre la chose militaire et la politique, ce qui conduirait à la bonne gouvernance, une des conditions sine qua non de la reprise économique et par ricochet, de la reconstruction nationale;
Secundo : Constituer un apport capital à la reconstruction nationale, dans la mesure où il drainerait des capitaux frais, mêmes s’ils seraient modiques, qui contribueraient à la reconstruction nationale, à travers la relance des activités économiques au sein des communautés de base.
Tertio : Permettre une réintégration harmonieuse des ex –combattants démobilisés dans la société civile, contribuant ainsi sensiblement à la promotion de la sécurité humaine, une des conditions sine qua non de la croissance et de la reprise du processus de développement au pays et dans la sous – région.
Faustin Bosenge Lokasola
Coordonnateur du centre de recherche sur la paix et sécurité « NPDAC/ONG « ;
Chercheur associé à la « Chaire UNESCO pour l’Afrique Centrale et les Pays de la SADC » de l’Université de Kinshasa;
Partenaire au Réseau de l’ « African Center for Strategic Studies » de Washington.
Tel (243) 98866498
E - mail :npdacong2003@yahoo.fr
Références et notes :
1. Malan, Mark and Gomes, Joao, Challenge of Peace Implementation, the UN Mission in DRC, Institute for Security Studies, Pretoria, 2004, p. 25- 28;
2. Bulletin d’information du PNUD sur le processus DDR en RDC, édition No 9 et 10, janvier 2004;
3. Plan National DDR Congolais, draft révisé le 3mars 2004, p. 18;
4. Institute for Security Studies Monograph Series No 59, Pretoria, August 2001, p. 74 -81;
5. La Référence Plus No 2977, 13 février 2004;
6. Institute for Security Studies Monograph Series No 80, Pretoria, p. 23;
7. Institute for Security Studies Monograph Series No 80, Pretoria, p. 72 – 75;
8. Ibid, p. 82 – 89;
9. Cina News International, août 2003;
10. Rapport du Représentant du PNUD en RDC aux partenaires au projet du « Mécanisme de Réponse Rapide » du 12 mars 2004;
11. www.societecivile.cd
