Marche des activistes des droits de l’homme du Sud-Kivu à Bukavu:Appel pour la création d’une commission mixte autour de l’assassinat de Pascal Kabungulu
Appel pour la création d’une commission mixte autour de l’assassinat de Pascal Kabungulu Kibembi en remplacement de la commission gouvernementale
Des activistes des droits de l’homme, membres du Conseil Régional des Organisations Non Gouvernementales de Développement (CRONGD)/Sud-Kivu ont organisé, de 11H00 à 13H00, une marche pacifique ce samedi 13/08/2005 dans la ville de Bukavu depuis la Place Munzihirwa à Nyawera jusqu’au Gouvernorat de province avec comme toile de fond l’assassinat de Pascal Kabungulu Kibembi, ex-Secrétaire Exécutif de l’asbl Héritiers de la Justice.
Bien qu’initialement interdite par les autorités locales, cette marche a eu lieu et a été sanctionnée par la remise auprès du Gouverneur de province, de l’Auditeur militaire supérieur, du Commandant de la 10è Région Militaire et de l’Ambassadeur de la République d’Allemagne, en visite à Bukavu, d’une copie du mémorandum conçu à cette occasion.
Ci-après le texte en question :
Mémoire inoubliable d’un défenseur des droits humains du Sud-Kivu
La Commission d’enquêtes sur le cas d’assassinat Kabungulu établie par le gouvernorat du Sud-Kivu n’est pas pour nous.
Demain, c’est nous
La Communauté de la Société Civile du Sud-Kivu et toutes les victimes des violations des droits de l’homme dont les auteurs ne sont que les différents régimes qu se sont succédés au pouvoir en République Démocratique du Congo à partir de Mobutu jusqu’à ces jours sont en deuil. La perte physique par assassinat de Monsieur Pascal Kabungulu, secrétaire exécutif de l’association des droits humains Héritiers de la justice par des hommes armés au matin du 31 juillet 2005 restera à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui ont bénéficié de l’assistance de cette organisation et qui attendaient encore beaucoup de l’expérience des acteurs de cette association pilotée de main de maître par Pascal.
La perte de ce grand défenseur des droits humains constitue tellement une perte compte tenu non seulement du contexte actuel de changement dans lequel les activistes sont appelés à jouer un rôle de premier plan pour que ceux qui ont trempé de loin ou de près dans les violations des droits de l’homme ne puissent en aucun cas se retrouver sur la scène politique dans la prochaine République en constitution.
Ce rôle auquel il faut ajouter le fait pour les différents défenseurs des droits humains de détenir des informations susceptibles de casser la carrière de plusieurs assoiffés du pouvoir politique met en danger la vie de nombreux acteurs de la société civile en général, les défenseurs des droits humains en particulier.
Point n’est besoin de rappeler l’ampleur et le nombre des dénonciations faites par les acteurs de la Société civile du Sud-Kivu surtout en cette période de crise et le rôle de cela dans le changement et la prise de conscience nationale de la majorité des Congolais. Cela ne cesse de gêner ceux-là qui pensent que leur survie réside dans le non rétablissement de la vérité et de la justice qu’ils cherchent à tout prix à tordre en utilisant le plus faible et moins civilisé des moyens, à savoir l’élimination physique de l’autre à la place des discussions autour d’une table.
L’insécurité persistante et montante dans laquelle les défenseurs des droits humains sont quadrillés et qui est créée par de nombreuses personnes détentrices illicites d’armes dont elles font usage illégalement, parfois avec la bénédiction de leurs composantes et entités risque de faire croire que même le droit à la légitime défense, notamment en sollicitant le port officiel d’armes n’est pas reconnu aux militants des droits humains.
Dans cet état de chose, les défenseurs des droits humains refusent de se taire et prennent l’engagement de tout faire pour que l’impunité soit prise pour une priorité par tous les acteurs dans tous les secteurs. C’est dans cet angle qu’ils jugent non appropriée la composition de la commission d’enquête mise en place par le Gouverneur de la province du Sud-Kivu et sollicite sa dissolution pour ne pas distraire la population du Sud-Kivu.
Les défenseurs des droits humains estiment que le pouvoir qui compose cette commission ne peut pas garantir l’indépendance des résultats. D’abord parce que l’Etat lui-même est concerné, soit pour n’avoir pas empêché ce crime, soit pour y avoir participé à travers des hommes armés ; ensuite parce qu’il apparaît, selon des observations faites que l’esprit des composantes commencent à faire transparaître la dynamique pour obnubiler la suite et enfin les rébellions et les forces négatives ne peuvent pas être exclues.
Dans la démarche de poursuivre les actions entamées par la commission Kabungulu mise au point pour la cause, des délégués ont mis en place des mécanismes pour une marche pacifique le mercredi. Cette initiative a été bloquée par le Maire de la ville pour plusieurs raisons non convaincantes. Pour cette raison, les membres ont exprimé que la marche devrait avoir lieu au plus tard le samedi sans aucune autre forme de procès.
Pendant les entretiens, le Maire de la ville qui est aussi membre de la commission d’enquête de l’assassinat de Kabungulu instituée par le Gouverneur de province ad intérim a communiqué avec un inconnu que « ces gens-là sont dans son bureau ». Aussitôt dit le Colonel Thierry Ilunga s’est présenté dans le bureau du Maire où se tenait la réunion.
Cette présence n’est pas hasardeuse. Pour la plupart d’observateurs, c’est une preuve d’impartialité de la commission dans l’affaire Kabungulu. Il y a d’autres preuves qui sont dans la confidence de la commission Kabungulu qui pourra les mettre à la disposition du grand public le moment opportun. Pour d’autres observateurs, c’est une façon d’identifier les futures victimes.
C’est pourquoi, les recommandations ci-après ont été arrêtées :
- Constituer une commission mixte et indépendante avec comme membre la société civile, la MONUC, le pouvoir public, les organisations internationales.
- Assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire en dotant l’Auditorat des moyens nécessaires pour poursuivre les investigations de manière à poser tous les actes de procédures utiles pour faire aboutir les enquêtes jusqu’au procès
- Adopter au niveau du Parlement une loi de protection des défenseurs de droits humains
- Doter des attributions un consulat à Bukavu, avec comme mandat précis de gérer la question des défenseurs des droits humains en danger
- Constituer une commission mixte ayant comme mandat d’établir les dispositifs de sécurisation des défenseurs des droits humains au Sud-Kivu
- Inviter la rapporteuse sur la question des défenseurs des droits de l’homme des Nations unies à visiter le Sud-Kivu
- Inviter l’expert indépendant sur la question des droits humains en RDC à se joindre à notre souffrance.
Les signataires :
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HERITIERS DE LA JUSTICE
Service des Eglises Protestantes pour les Droits Humains et la Paix
BP. 109 Bukavu, Sud-Kivu, R.D. du Congo
Tel:+243 0813185927
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