Mémorandum des Mutuelles de la solidarité Bashi-Bahavu adressé au Conseil de sécurité des N-U et au gouvernement de la RDC sur l’insécurité au Sud-Kivu
MEMORANDUM DES MUTUELLES DE LA SOLIDARITE BASHI-BAHAVU ADRESSE AU CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES ET AU GOUVERNEMENT DE TRANSITION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO EN RAPPORT AVEC L’INSECURITE QUI PREVAUT DANS LA PROVINCE DU SUD-KIVU
Nous, responsables des mutuelles des BASHI-BAHAVU à Bukavu, regroupés au sein de la plate-forme ‘SOLIDARITE BASHI-BAHAVU’ (SBB) en sigle ;
Sommes très intéressés de l’évolution de la situation sécuritaire à Bukavu et dans nos villages respectifs. Nous suivons de près et avec grand intérêt les interventions de la MONUC avec les FARDC dans le cadre de l’opération ‘PLONGEON DU FAUCON’ pour dissuader et persuader l’armée Rwandaise avec ses milices de rentrer au Rwanda.
Nous souhaitons que cette fois-ci, l’actuelle opération mixte FARDC- MONUC réponde aux aspirations du peuple congolais d’être rétabli dans ses droits à la suite de la violation flagrante de la souveraineté de la R.D.Congo par le Rwanda sous la couvert de la communauté Internationale. Le désarmement et rapatriement forcés de l’armée rwandaise et des toutes les milices rwandaises en RD Congo, avant les élections seraient une preuve de la communauté Internationale de vouloir mettre fin au terrorisme rwandais en RD Congo en général et au Sud-Kivu en particulier et surtout une preuve tangible de soutien et d’accompagnement des élections libres, transparentes et démocratiques en République Démocratique du Congo.
Nous espérons que les dispositions sont prises par les hautes instances militaires pour éviter le désagrément de Mai et juin 2004 où nous avons vu, pendant les événements des guerres de MUTEBUTSI ET LAURENT NKUNDABATWARE, les avions de la MONUC pilonner les positions des FARDC et assurer le déplacement des insurgés pour dire après que c’était par simple erreur. Nous nous demandons si l’opération ‘PLONGEON DU FAUCON’ lancée depuis le 05/07/2005 ne se limitera pas à pousser plus loin dans la forêt tous ces rwandais Rasta, FDLR, Interahamwe et autres pour les armer davantage après les élections et rentrer en force pour combattre et déstabiliser les institutions légitimes ?
Consciente de la mauvaise volonté de certains hommes politiques tant nationaux qu’internationaux qui gèrent soigneusement cette situation sécuritaire en RD Congo comme fonds de commerce ou leur business, la solidarité BASHI-BAHAVU :
1° Interpelle le conseil de sécurité, à travers lui, toute la communauté Internationale représentée par la MONUC de savoir que le peuple du Sud-Kivu a droit à la vie et est conscient qu’il suffit d’un mot de leur part pour que le Président Kagame et le gouvernement rwandais cessent de tergiverser pour le retour, sans conditions, de ses compatriotes FDLR, Interahamwe, Rasta et autres dans leur pays .
Agir autrement, c’est accréditer la thèse selon laquelle l’on voudrait pérenniser la guerre en RD Congo pour continuer à piller anarchiquement ses richesses. Pourtant, il existe une voie légale de partage des richesses
Mondiales à travers une coopération bilatérale ou multilatérale entre Etats.
Considérant la récente déclaration du Représentant politique des FDLR faite depuis l’Allemagne, Monsieur Ignace MURWANASHAKA précise clairement qu’ils ne rentreront au Rwanda que si les préalables politiques
sont remplis. La Solidarité BASHI-BAHAVU exige, au conseil de sécurité et à la communauté internationale d’exercer une pression sur les FDLR pour qu’elles comprennent que la solution à leur problème se trouve au Rwanda et non dans les forêts de la RD Congo où ils se livrent à un terrorisme systématique à l’endroit de nos populations.
2° Demande à la MONUC qui représente la communauté internationale d’assurer pleinement ses responsabilités au lieu de les endosser aux FARDC car la solidarité Bashi- Bahavu est convaincue que la guerre que mène le Rwanda, par procuration, en RD Congo est plus politique et économique que militaire, car :
-En 1994 : la MINUAR ( Mission des Nations Unies pour le Rwanda) et l’opération Turquoise avaient déversé des milliers de Rwandais armés au sud-kivu contrairement aux prescrits de la loi internationale qui interdit aux réfugiés de porter des armes en territoire étranger.
-En 2005 : 11 ans après, il est grand temps que la MONUC désarme, démobilise, réintègre et réinstalle les Rwandais chez eux au Rwanda après avoir commis tant des crimes en RD Congo. Car un proverbe des Bashi-Bahavu dit que « OMANIKA ENKUBA YE ONAYIMANULA » pour dire que « Quand un chien aboie sur un arbre, il faut chercher celui qui l’a fait monter pour le ramener à terre ».
Ainsi, la communauté internationale doit assumer ses responsabilités et ramener les Rwandais chez eux pour laisser les Congolais vivre en paix.
3° Suggère au gouvernement Américain de promouvoir la justice sociale dans le monde et de militer pour le respect de la souveraineté des Etats indépendants.
C’est de cette façon que nous croyons que les grandes puissances de ce monde pourraient mieux lutter contre le terrorisme dans le monde dont elles sont les principales animatrices.
Les mutuelles Bashi-Bahavu se demandent si, cette fois-ci, la communauté internationale et plus particulièrement le gouvernement Américain ont compris que les Congolais en ont assez avec le terrorisme qu’ils sont entrain de tolérer, et de ce faire, le soutenir en RD Congo.
Quand il s’agit de violation des droits humains en Afrique, la communauté internationale parle de rébellion tandis que des actes moins graves commis en Amérique ou en Europe sont médiatisés comme actes terroristes et crime contre l ‘humanité.
De nos parlementaires à Kinshasa, nous avons appris qu’un complot international serait entrain d’être monté pour faire accepter la notion de la minorité dans l’organisation de prochaines élections oubliant que chacune des 450 tribus de la RD Congo est minoritaire par rapport à l’ensemble.
Ceci aurait comme avantage de faire passer aux élections un certain nombre d’actuels animateurs de la transition et de l’impunité qui n’ont qu’une seule mission de servir leurs maîtres au détriment du peuple congolais.
L’objectif serait : APRES LES ELECTIONS EGALE AVANT LES ELECTIONS.
Les tueries, les enlèvements moyennant rançons, les massacres à l’arme blanche et autres exactions comme les pillages, viols des femmes de tous âges (de 2 à 90 ans) et des hommes par l’armée et les milices rwandaises en RD Congo illustrent mieux l’ampleur du terrorisme rwandais sur nos populations sous la couverture de la communauté internationale exprimée par son silence. Les statistiques annexées au présent mémorandum en disent long.
4° La solidarité Bashi-Bahavu interpelle le gouvernement Congolais et tous les animateurs de la transition, y compris les autorités militaires de toujours se souvenir du serment qu’ils avaient prêté devant le peuple et devant Dieu. Ils avaient promis de ne jamais trahir la nation, de veiller à la sécurité du peuple congolais et de ses biens ainsi qu’à l’intégrité du territoire national.
5° La solidarité Bashi-Bahavu demande aux compatriotes congolais qui pactisent volontairement avec les envahisseurs et criminels venus du Rwanda de se désolidariser d’eux et solliciter le pardon pour leur réintégration dans la communauté. Qu’ils sachent que d’un côté, ils sont considérés comme traîtres et de l’autre, comme témoins gênants à abattre après les services attendus d’eux ou en cas d’échec. A eux de choisir.
6° Aux frères et sœurs congolaises, où qu’ils se trouvent, la solidarité Bashi-Bahavu recommande de s’organiser en vue d’être régulièrement informés et chercher des pistes de solutions aux problèmes sécuritaires du Sud-Kivu qui ne proviendront que des Congolais eux-mêmes.
En conclusion, la solidarité Bashi-Bahavu déplore que les auteurs de ces crimes ignobles, qui ne sont autres que des actes de terrorisme d’Etat et des crimes contre l’humanité, bien que connus et bien identifiés, sont protégés et récompensés par notre gouvernement et par la communauté internationale.
C’est le cas de Laurent NKUNDABATWARE qui a terrorisé la ville de Bukavu où il a utilisé, comme ses frères rwandais dans nos villages, le viol comme arme de guerre semant ainsi le VIH SIDA à grande échelle dont les conséquences seront incalculables dans la décennie qui vient.
Comment expliquer qu’un criminel de ce genre figure, en juillet 2005, sur la liste des congolais boursiers de l’Enseignement Supérieur et Universitaire en Chine ? N’est-ce pas là un indicatif réel de l’irresponsabilité de nos gouvernants au service de leurs maîtres à penser et parrains de 1+4= 0
Enfin, la solidarité Bashi-Bahavu exige, du conseil de sécurité de l’ONU, une réparation proportionnelle pour les dommages subis suite à la présence prolongée des « réfugiés armés » rwandais qui sèment mort et désolation sur le territoire occupé par nos populations et où ils détruisent toute la faune, toute la flore et toutes les infrastructures socio-économiques.
Pour la solidarité Bashi-Bahavu, il ne sera pas question d’envisager les opérations relatives aux élections tant attendues par la population congolaise tant que les rwandais ne seront pas rentrés chez eux et que les populations du Sud-Kivu n’auront pas retrouvé la paix qu’elles appellent de tous leurs vœux.
Ainsi, pour éviter tout dérapage au regard de l’importance que les populations du Sud-Kivu attachent aux désarmement et rapatriement de l’armée et des milices rwandaises, la solidarité Bashi-Bahavu va entreprendre des contacts avec différentes autorités présentes au Sud-Kivu suivant le calendrier ci-après :
1. Gouverneur de province
2. Commandant de la 10ème région militaire
3. Inspecteur provincial de la police nationale
4. Responsables des Eglises
5. Collège des Bamis
6. Animateurs des partis politiques
7. Société civile
8. La MONUC
Fait à Bukavu, le 20/07/2005
Pour la solidarité Bashi-Bahavu,
ANNEXE AU MEMORANDUM DE LA SOLIDARITE BASHI-BAHAVU
Quelques cas d’exactions dans les territoires des Bashi-Bahavu:
1.Collectivité-chefferie de Ngweshe (à 45 km de Bukavu ) :
Jusqu’au 18 juin 2005, cette collectivité a connu :
- 2523 personnes tuées ;
- 1575 femmes (de tous âges) violées déclarées ;
- 5913 personnes enlevées dont certaines ont été tuées et d’autres remises en liberté moyennant rançon ;
- 2305 maisons incendiées ;
- 320 institutions détruites (écoles, centres de santé, églises,....)
- 4902 victimes de plusieurs exactions ;
- 298824 $ US ravis à la population ;
- 16022 vaches pillées ;
- 3000 ménages déplacés ;
- une dizaine d’hommes sodomisés
Pas plus loin que le week end du 24 juillet 2005, le couvent des
sœurs de Kaniola a été pillé et deux paysannes ont été violées dans
leurs champs à chindubi et abandonnées avec beaucoup de
dommages.
2.Collectivité-chefferie de Kaziba :
Pillage de la résidence du Mwami, tueries et enlèvement de
plusieurs personnes.
3.Collectivité-chefferie de Nindja :
Plusieurs personnes ont été égorgées et d’autres amputées de
certains membres tel un monsieur qui a vu son pied coupé et lui
remis dans un sachet ;
4.Collectivité-chefferie de Kabare:
Il y a deux semaines, une famille de 8 personnes a été emportée en
forêt avec tout leur bétail et autres biens lors d’une incursion dans
le village de Chibingu où l’épouse de Muganguzi a été tuée au
cours de cette attaque.
5.Collectivité-chefferie de Kalonge à Ntulu et Mamba :
-Environs une cinquantaine des personnes ont été brûlées vives dans une maison dont la plupart étaient des enfants et des femmes qui ont été violées avant leur calvaire. Quarante autres femmes ont été enlevées et emportées en forêt.
-68 habitations ont été incendiées à Ntulu et Mamba ainsi que 110 à Chaminunu et Mule provoquant par ce fait un déplacement massif des populations. Les véhicules qui font le trafic entre Bukavu et Bunyakiri sont régulièrement pillés et leurs passagers emportés dans la forêt.
6.Territoire de Mwenga :
-Assassinat d’une vingtaine des personnes par les combattants Hutus
rwandais fouillant l’opération « Plongeon du Faucon » incendiaient
les villages sur leur passage.
-Pillages et incendie des maisons dans les collectivités chefferies de
Luhwinja et Burhinyi par les mêmes malfrats.
