À Idjwi, les vautours se comptent en milliers !

1. Les militaires marins installés à Idjwi mordent les insulaires.

Dans notre dernière publication du 21 août 2005, nous parlions du comportement incivique des militaires marins installés autour et sur l’île d’Idjwi, comportement qui se caractérise essentiellement par le fait de se rabattre sur les pauvres citoyens pour se nourrir et assouvir leurs besoins, par manque de leur solde.
A cela il faut ajouter le fait que depuis un certain temps, ils rançonnent tous les pécheurs qu’ils rencontrent sur le lac ou au bord du lac. Ces militaires ont imposé une certaine quantité des poissons communément appelés « Sambaza » que le pécheur doit verser dans la gibecière du militaire. A défaut de cette quantité de poissons mesurée dans une assiette spéciale (la commune mesure), les filets sont confisqués. Et pour les retirer plus tard, il faut une amende fixée selon l’humeur du Commandant.
Tout embarcation en planche (pirogue ramée ou motorisée, boat) qui part d’Idjwi ou qui accoste à Idjwi doit payer une taxe qui varie selon le lieu d’accostage ou de départ et selon le commandant de la place.

2. Les anciens soldats reprennent les poils de la bête.

A Idjwi, on dénombre beaucoup d’anciens militaires parmi lesquels on trouve des déserteurs, des démobilisés mais pour lesquels les mesures d’intégration n’ont pas été appliquées. Tous ces « nouveaux civils » sont devenus plus dangereux pour la population que lorsqu’ils étaient encore officiellement militaires. En effet, l’Etat congolais et le CONADER les ont trompés. Sans moyens de subsistance, beaucoup d’entre eux préfèrent rentrer dans le rang non pas au service de la nation mais cette fois pour se servir au moyen de leurs armes. Certains d’entre eux, de façon illicite, se font même enrôler de nouveau au sein de la police ou de l’armée parmi les marins. Natifs d’Idjwi, ils seraient à la base de la plupart de vols à mains armées qui se perpètrent sur l’île.

3. A Idjwi, la police nationale se mêle de tout !

Les éléments de la police nationale se mêlent un peu trop de toutes les affaires, même celles qui ne sont pas de leur compétence. Il suffit seulement qu’il y ait un plaignant même pour deux bouteilles (qui coûtent chacune 100 Fc), de « Kasigisi » (la boisson locale à base du jus de banane), pour que le Commandant de la police initie, pas même une convocation, mais un mandat d’amener. Et dans presque tous les cas c’est le plaignant ou le premier offrant qui a raison. Comme les policiers savent qu’au village, les paysans s’affrontent à cause des petits conflits fonciers liés aux limites des parcelles, alors c’est devenu leur domaine d’escroquerie mettant ainsi aux prises les gens au lieu de les réconcilier. Dans beaucoup de cas, profitant de la naïveté des paysans, les éléments de la police nationale se substituent aux autres instances juridiques locales, d’où les conflits entre services de l’Etat qu’on observe souvent.

4. Marchés locaux : les produits vivriers des paysans finissent dans les poches des agents de l’Etat !

A partir des années 90, les produits vivriers de l’île d’Idjwi commençaient à s’imposer sur les marchés des villes de Bukavu et de Goma. Depuis la guerre d’agression de 1998, comme le grenier de Bunyakiri était occupé d’une part par les Maïmaï et d’autre part par les éléments armés du RCD-Goma allié au Rwanda jetant ainsi la population à l’exile, l’île d’Idjwi devenait presque l’unique source de ravitaillement en cossettes de manioc. Cela n’a pas été de toute paix dans cette partie abandonnée au milieu du lac Kivu. Tous les sacs des cossettes de manioc étaient démolis sous prétextes qu’ils contiendraient des armes. Les dindons, les chèvres, les poules et coqs étaient consultés par les hommes armés. Dès lors, tous les marchants des produits vivriers se rabattaient à Idjwi. Aujourd’hui, l’absence du crépitement des armes n’est pas synonyme de la fin de la guerre à Idjwi. En effet, les insulaires sont en train de connaître leur propre guerre dans l’insouciance totale des hommes au pouvoir.
Déjà, à l’entrée du marché, ce sont les taxateurs du territoire, les militaires et les policiers qui accueillent le paysan venant écouler ses produits. Les différentes taxes sont payées avant même que la marchandise ne soit étalée. A défaut de l’argent, ce sont les produits qui sont soutirés des colis. Cela signifie que quelqu’un peut payer une taxe et rentrer sans avoir vendu ses produits. Bien au contraire, il aura perdu une bonne partie de sa marchandise gratuitement.

Dans la partie sud de l’île, il se fait même que le marché soit mis en location par les autorités locales. C’est la personne qui l’a loué moyennant une somme d’argent fixée en commun accord avec l’autorité, qui fixe le coût des taxes. Tout cela se passe au su, au vu et au grand mépris de tous ceux qui défilent ce dernier temps à Idjwi pour des raisons propagandistes.

5. La campagne électorale a mal commencé

Tous les éventuels candidats, sans se soucier du vécu quotidien et de mauvais moments que passent les habitants d’Idjwi, distraient ces derniers en remettant à qui ils veulent des petits cadeaux insignifiants pour une population éreintée et lessivée par les effets des guerres pendant une dizaine d’années. Pour les dirigeants de demain qui se soucient effectivement de la vie descente de leur population, il aurait été mieux de ne plus dilapider les petits moyens qu’ils dispersent sans effets réels sur le développement et le désenclavement d’Idjwi. Et pourtant, il y a beaucoup de projets communautaires à Idjwi : des école à construire et d’autres à réhabiliter ; des centres de santé et maternité en construction et sans équipement ; de l’eau potable manque dans presque tous les villages à côté des sources qui manquent aménagement et adduction ; des institutions sanitaires mal équipées et sans médicaments de première nécessité. Les projets communautaires sont légion. En attendant que les candidats d’aujourd’hui ne deviennent des autorités politiques demain, il est souhaitable qu’ils fassent preuve de solidarité, de patriotisme et de bonne foi. Demain, ils seront au pouvoir et il n’est pas évident qu’ils auront encore un regard rétrospectif en direction de la population qui les aura hissés au niveau pour lequel ils se battent déjà avant même que la loi électorale ne soit publiée.