Non à un accord consacrant l’impunité:Négociation entre le Gouvernorat de province du Sud-Kivu et les militaires dissidents revenus clandestinement au pays

Non à un accord consacrant l’impunité

A partir du début du mois de septembre 2005, les populations de la province du Sud-Kivu en particulier et de la RD Congo en général sont inquiètes à la suite de l’annonce de l’infiltration du pays, à partir de la Plaine de la Ruzizi en territoire d’Uvira, par plusieurs éléments armés parmi ceux qui étaient entrés en mutinerie en mai et juin de l’année dernière à Bukavu aux côtés du Colonel Jules Mutebutsi et de l’ex-Général Laurent Nkunda. Parmi ces infiltrés, l’on a reconnu les Colonels Bisogo Venant et Mukalayi Mushonda, le major Rutambo, cousin du colonel Jules Mutebutsi, ancien Commandant adjoint de la 10ème région militaire, et d’autres officiers ainsi que Kayonga Abasi, chef de division des mines dans la province du Sud-Kivu jusqu’à l’insurrection de l’année dernière.

Mais depuis la semaine passée, nous apprenons que le gouvernorat du Sud-Kivu a entrepris des consultations ou négociations avec des représentants de 47 infiltrés actuellement basés dans les villages de Kyamirango et Bijojo, non loin de Lemera et Rurambo. Des informations qui ont filtré des échanges entre ces délégués et le vice gouverneur chargé de l’économie, finances et développement, Mr Thomas Nziratima, annoncent que les infiltrés posent aujourd’hui trois conditions alternatives au gouvernement congolais avant qu’ils ne déposent les armes. Il s’agit de :

- leur réintégration dans les FARDC et autres postes de haute responsabilité ;

- leur démobilisation et réinsertion sociale dans la dignité ;

- leur trouver un pays d’asile le cas échéant.

Une quarantaine de ces hommes qui étaient hébergés jusque là au Rwanda et au Burundi voisins et d’où étaient parties les deux dernières rébellions de l’AFDL et du RCD, ayant trouvé les frontières congolaises, le long de la rivière Ruzizi, dégarnies par leurs gardes, entre la localité de Bwegera et la vallée du torrent Rushima. Mais, sur leur route vers les hauts plateaux à l’Ouest de la plaine de la Ruzizi, ils seront surpris par des combattants des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) qui les avaient arrêtés dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12/09/05 et puis dépouillés de tout ce qu’ils avaient, armes, munitions, matériels de communication, générateur électrique,… avant de les remettre le 14/09/2005 entre les mains des Forces Armées de la RD Congo (FARDC). Celles-ci les relâcheront à leur tour un jour avant que les autorités provinciales et la MONUC ne se rendent, le vendredi 16 septembre, à Rurambo pour s’enquérir de la situation.

Pendant que plusieurs sources dignes de foi évoquent la complicité, à plusieurs niveaux de commandement, de officiers congolais dans la facilitation de ce retour clandestin d’anciens mutins, d’autres soutiennent que si la déflagration a été évitée c’est grâce à la forte pression et stigmatisation faites à l’endroit des chefs militaires congolais dans les territoires d’Uvira et Fizi ainsi qu’au niveau de la province par les populations, à la forte médiatisation de cette affaire et l’implication directe de la MONUC.

Beaucoup d’observateurs se questionnent comment ces infiltrés ont pu obtenir d’autres armes dans leur lieu de retranchement de Rurambo alors qu’ils avaient été dépouillés de l’important matériel de guerre qu’ils possédaient.

Tout en restant préoccupée par cette présence prolongée en territoire d’Uvira, l’un des plus sensibles du pays, d’hommes armés aux visées mal connues et ayant été par le passé à l’avant-plan des crises précédentes, l’asbl Héritiers de la Justice encourage le Gouvernement congolais à poursuivre ces négociations en vue de mettre fin, par des voies pacifiques, à cette situation qui, de plus en plus, est source de diverses spéculations de la part des populations qui se rappellent que les deux guerres de 1996 et 1998 sont parties de cette même partie de la province.

Cependant, l’Association prévient le Gouvernement de Transition que les négociations, qu’elle souhaite fructueuses, entamées avec les 47 personnes dont certaines sont présumées auteurs de plusieurs crimes ne devraient pas déboucher à la consécration, une fois de plus, de la culture de l’impunité. Elle est d’avis que ces hommes présentent aujourd’hui plus de peur que de mal pour la paix dans l’Est de la RDC au cas où les dirigeants acteurs politiques congolais font preuve d’unité et de solidarité, et gèrent ce cas avec responsabilité et détermination.

Aussi, Héritiers de la Justice exige-t-elle qu’une enquête urgente soit menée pour identifier le circuit illégal d’entrée des armes dans les provinces de l’Est, pour localiser et démanteler les caches de ces armes et munitions à partir desquelles ces infiltrés et d’autres personnes qui entretiennent horreur, désolation et incertitude au Sud-Kivu sont en train de se ravitailler. En effet, il est grand temps que les uns et les autres conjuguent les efforts pour restaurer l’intégrité du territoire afin de baliser la route au referendum constitutionnel et aux élections dont le processus y conduisant est en cours avec l’opération d’identification et enrôlement des futurs électeurs.


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