Détention illégale d’un activiste à Bukavu:Mr Armel Luhiriri de Héritiers de la Justice détenu au Camp militaire Saïo le 6/10/2005

Monsieur Armel Luhiriri, chargé du Programme Aide Légale Protection et Recherche au sein de l’asbl Héritiers de la Justice a été arrêté puis détenu le jeudi 6/10/2005 de 11 à 19 heures 30 au cachot du Camp militaire Saïo sis dans la commune d’Ibanda à Bukavu. Le motif de cette atteinte aux libertés fondamentales, c’est le fait que, au nom de ladite association, l’activiste cité ci-dessus suit deux dossiers à charge de deux Majors des Forces Armées de la République Démocratique du Congo respectivement pour un cas de tortures sur une dame et un autre cas de viol d’une autre dame.

Dans le premier dossier, dame E.K. a été torturée par le Major Weteshi issu de l’entité Maï-Maï qui oeuvrait à Hombo au moment des faits. La victime est passée au bureau de Héritiers de la Justice pour chercher assistance. L’étau se resserrait de plus en plus autour du présumé coupable après le dépôt d’une plainte à l’Auditorat.

Dans le second dossier, Héritiers de la Justice accompagnait auprès de l’Auditorat militaire dame M.A. résidant à Bukavu pour avoir été violée le 17/07/2004 par le Major Kitete Tambwe des FARDC. Cet acte a donné naissance à un bébé au mois d’avril dernier à la maternité de la polyclinique BIOSADEC dans la commune d’Ibanda. Reconnaissant les faits, l’officier a accepté de payer les frais de maternité. Il restait maintenant la charge du nouveau-né et de sa mère. C’est à partir de cet instant que les choses ont commencé à se détériorer parce que l’intéressé n’a rien fait jusqu’à ce jour dans la prise en charge de l’enfant et de sa mère.

Comme Héritiers de la Justice était déjà saisie de l’affaire et avait adressé une lettre à ce Major, celui-ci a envoyé un Lieutenant aux bureaux de Héritiers de la Justice durant la journée du jeudi 6/10/2005 vers 11H00. C’est de là que monsieur Armel Luhiriri est parti à destination du bureau de la 10è Région Militaire pour un entretien, selon les dires de l’envoyé, avec le Major Kitete Tambwe. Mais comme ce dernier n’y était pas, il a été demandé à Armel de le rejoindre au Camp Saïo. Sur-le-champ un taxi a été affrété, avec à son bord 3 éléments des FARDC.

Arrivé au camp Saïo, monsieur Armel a été jeté dans un cachot très sombre après avoir été dépouillé de son téléphone, de ses chaussures et de sa ceinture. Il est resté là jusque vers 19H30, heure à laquelle il a été relâché sous une pluie battante sans jamais voir apparaître le Major qui le recherchait.

L’asbl Héritiers de la Justice s’indigne de cette arrestation et cette détention arbitraires de son agent et exige la poursuite par la hiérarchie militaire des présumés commanditaires de ces violations des droits humains. Cette arrestation arbitraire de Mr Armel et sa détention illégales s’inscrivent dans une droite ligne des attaques continues contre Héritiers de la Justice.

L’association rappelle aux militaires et autres tortionnaires des populations civiles que l’accompagnement juridique et judiciaire dont les victimes de violations des droits humains bénéficient de la part des ONG de droits humains est couvert par la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus adoptée par la résolution 53/144 du 09/12/1998 de l’Assemblée Générale de l’ONU, spécialement en son article 9, alinéa 3 point C qui prévoit que : « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, notamment d’offrir et prêter une assistance juridique professionnelle qualifiée ou tout autre conseil et appui pertinents pour la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales »

Elle demande également que les dossiers pour lesquels son agent a été incarcéré poursuivent leur cours normal auprès des instances compétentes afin de mettre fin à l’impunité qui a élu domicile en RDC.

Enfin, Héritiers de la Justice prévient la 10è Région Militaire de tous les malheurs qui pourraient arriver à ces agents par rapport à ces deux dossiers ou d’autres dans lesquels les militaires sont poursuivis.

Fait à Bukavu, le 07 octobre 2005

Héritiers de la Justice


Lien Internet suggéré

Brève description du lien

Site des droits humains et la paix