LES MILICES RWANDAISES SE RENDENT MAITRES DES CONTREES DE WALUNGU ET Y SEMENT LA TERREUR.
INTRODUCTION
La période concernée par ce présent rapport, janvier à juillet 2005 a été marquée par une insécurité criante dans le territoire de Walungu si bien que le nom Walungu est devenu célèbre dans l’histoire de la RDC. Il est connu tant au niveau national qu’international.
Cette insécurité en territoire de Walungu a été évoquée dans le discours du président de la RDC du 16/5/2005 à l’occasion de l’adoption officielle du projet de constitution de la 3ème République par les deux chambres du parlement. En faisant allusion à cette insécurité, le président de la République déclare « s’agissant de la pacification et du rétablissement de l’intégrité du territoire, les foyers de tensions et de conflits se sont apaisés et éteints presque partout, à l’exception de l’Ituri, du Nord-Katanga et des deux Kivu mais qui, depuis peu connaissent cependant une évolution positive. Il subsiste des poches, cependant, où les éléments armés répandent la peur et sèment la terreur. C’est le cas par exemple de Walungu. Cette situation est inadmissible… »
Cette situation d’insécurité et des violations des droits humains s’est traduite par :
- Des déplacements des populations : les populations des groupements de Kaniola et Izege ont passé plus de 6 mois au stade Mafundwe fuyant les enlèvements, les assassinats, les pillages et les viols et violences sexuelles commis sur les populations par les miliciens rwandais Interahamwe, Rasta et autres ; nombreux de ces déplacés ont vu leurs maisons détruites ou incendiées. Ils continuent à errer dans différentes localités du groupement de Walungu ;
-Des attaques des populations civiles et même des positions militaires des FARDC par ces mêmes éléments au cours desquelles il y a eu des tueries, des enlèvements, des tortures et des violences sexuelles. Celles-ci ont eu plus d’ampleur ces derniers jours plus que les années antérieures. Ceci se confirme par le nombre des femmes victimes des violences sexuelles pendant cette courte période mais aussi par le nombre d’assassinats des personnes enlevées.
Les violations massives des droits de l’homme dans ce territoire s’expliquent par :
1° La présence permanente des milices rwandaises dans certaines contrées où elles se comportent en maîtres. Parmi ces contrées, nous citons les groupements de Mushinga, Tubimbi, Izege, Kaniola et Mulamba. Les localités de ces groupements occupées par les miliciens Interahamwe échappent au contrôle des autorités politico administratives, coutumières et militaires basées dans ces dits groupements. Les habitants de ces localités en commençant par les chefs locaux sont réduits en serfs. Ils sont soumis à des travaux forcés, à diverses taxes, et au paiement des rançons.
2° Le passage à pied de différents groupes armés et la succession des troupes dans un groupement au cours d’une courte période. C’est le cas de Mushinga qui a connu successivement le passage de Mudundu 40, des FARDC, des Mai-Mai du commandant Cibalonza, des FARDC et des interahamwe du 29 octobre1998 à juillet 2005. Dans ce groupement, les Interahamwe ont occupé les contrées de Ntondo, Kabumba, Cizi, Cirhongo et Mufa soit 5 localités sur les 16 qui constituent le groupement et cela de juin 2004 à juillet 2005. C’est grâce aux affrontements de la première quinzaine de juillet 2005 entre les FDLR et les FARDC du commandant Civiri de la 131ème brigade que ces 5 localités ont été libérées de la domination des FDLR. Cependant, ces milices, au lieu de rentrer au Rwanda, ils sont allés rejoindre les leurs dans le groupement de Tubimbi où elles continuent la servitude des populations congolaises.
Chaque fois, qu’un groupe ou une troupe gouvernementale est obligé à quitter le milieu, il y opère des pillages ou d’autres abus avant de partir. C’est le cas des militaires des FARDC qui avaient pillé certaines localités d’Izege du samedi 26 au dimanche 27/03/ 2005 en route vers le territoire de Kabare où ils avaient été mutés. En route, ils obligeaient aux passants sans distinction de sexe et d’âge de transporter leurs bagages.
Notre documentation sur les violations et abus des droits de l’homme a porté sur les assassinats, les coups et blessures, les enlèvements, les violences sexuelles, les incendies, les pillages et les détentions et arrestations arbitraires en territoire de Walungu. Cette documentation s’est réalisée à partir d’une série de descentes que nous avons effectuées dans les groupements de Mushinga, de Kaniola, d’Izege, de Mulamba et de Walungu dans le cadre du projet d’assistance juridique et judiciaire appuyé par Global Rights. Au cours de ces descentes, nous avons eu à interviewer les victimes de ces abus, les autorités locales, civiles et militaires, les membres des communautés et à lire les différents rapports des organisations de défense des droits humains et ceux des activistes de la société civile du territoire de Walungu.
I. Présentation du territoire de Walungu.
1.1. Situation géographique
Le territoire de Walungu est situé dans la zone intertropicale entre 2° 30’et 3° de latitude sud et 28° 30’ et 29° de longitude Est. C’est une entité administrative appartenant à la Province du Sud-Kivu, région issue du découpage du Kivu en trois régions par l’ordonnance loi n°88-031 du 20 juillet 1988. Le territoire de Walungu est subdivisé en deux collectivités chefferies ; celle de Ngweshe s’étendant sur 1.542 Km², soit 88,8 % et celle de Kaziba, 195 Km², soit 11,2 %, de cette entité administrative dont la superficie totale est de 1.737 km².
Ce territoire est limité au Nord par le territoire de Kabare, à l’Est par la rivière Ruzizi, et le Rwanda, au Sud par les territoires de Mwenga et d’Uvira et à l’Ouest par le territoire de Shabunda.
1.2. Subdivisions administratives
Le territoire de Walungu comprend deux collectivités chefferies (Ngweshe et Kaziba) ; ces dernières sont subdivisées en groupements (16 pour la chefferie de Ngweshe et 15 pour celle de Kaziba).
Tableau 1 : Groupements par collectivité
Collectivité NGWESHE SUPERFICIE (Km²) Collectivité KAZIBA SUPERFICIE (Km²)
BURHALE
IKOMA
IRONGO
IZEGE
KAMANYOLA
KAMISIMBI
KANIOLA
KARHONGO
LUBONA
LUCHIGA
LURHALA
MULAMBA
MUSHINGA
NDUBA
RUBIMBI
WALUNGU 75,6
71,5
37
55
53,1
45,6
185
248,9
19
32,9
104
277,4
54,1
44,4
116
121
BUTUZI
BULUMBWA
CIBANDA
CIHUMBA
CIRIMIRO
KABEMBE
KAHUNGWE
KASHANGA
KIBUTI
LUKUBE
MUCHINGWA
MUHUMBA
MULAMBI
NGANDO
KASHOZI 29,5
27,5
19
4
2,5
2
18,5
5
17
6
5
7
15,5
17,5
19
TOTAL 1.542 TOTAL 195
Source : La crise des plantations dans la zone de Walungu, mémoire de licence, 1990, par Namegabe Mushagalusa, p. 6 et 7
Source : Léon de Saint Moulin et alii ; Atlas de l’organisation administrative de la République Démocratique du Congo, CEPAS, Kinshasa 2005 pages 132 et 137.
1.3 Statistiques démographiques du territoire de Walungu
Tableau n ° 2 : Statistiques des nationaux et étrangers par groupement (au 31 décembre/2004).
Subdivisions administratives Population congolaise Population étrangère Population totale
hommes femmes garçons filles total homme femme garçon fille total homme femmes garçon fille total
Collectivité Ngweshe
Burhale 6537 9210 10575 10369 36691 - - - - - 6557 9210 10575 10369 36691
Ikoma 5586 6970 9197 9251 31004 5 7 3 1 16 5591 6977 9200 9252 31020
Irongo 4183 4408 6195 62377 21163 - - - - - 4183 4408 6195 6377 21163
Izege 3427 4024 8678 8560 24689 - - - - - 3427 4024 8678 8560 24689
Kamanyola 3656 4025 8677 8955 25313 - - - - - 3656 4025 8677 8955 25313
Kamisimbi 4936 5960 9033 8466 28395 - - - - - 4936 5960 9033 8466 28395
Kaniola 8007 10172 15491 17101 50771 3 3 - - 6 8010 10175 15491 17101 50777
Karhongo 7306 8404 11157 12399 39266 - - - - - 7306 8404 11157 12399 39266
Lubona 2298 2612 4336 4433 13679 - - - - - 2298 2612 4336 4433 13679
Luchiga 4873 4835 4178 4340 18224 - - - - - 4873 4835 4178 4340 18226
Lurhala 11602 12636 19546 20525 64309 - - - - - 11602 12636 19546 20525 64309
Mulamba 6113 7412 9395 5370 32290 60 82 39 51 232 6173 7494 9434 5421 32522
Mushinga 3071 4642 4779 4914 17406 - - - - - 3071 4642 4779 4914 17406
Nduba 3404 4129 6152 6375 20144 - - - - - 3404 4129 6152 6395 20140
Tubimbi 3617 4649 4259 4417 16922 2 2 - - 4 3619 4651 4239 4417 16926
Walungu 6605 8807 12571 15460 43531 - 1 9 - 1 6685 8808 12571 15468 43530
Total / Ngweshe 85381 102894 144199 151320 483797 70 95 42 52 259 85451 102992 144241 151372 484056
Collectivité de Kaziba
Bulumbwa 486 476 568 568 2098 - - - - - 486 476 568 568 2082
Butuzi 620 634 809 799 2862 - - - - - 620 634 809 799 2862
Chibanda 766 740 1067 1041 3614 - - - - - 766 740 1067 1041 3614
Chihumba 236 239 300 346 1121 - - - - - 236 239 300 346 1121
Chirimiro 361 355 517 521 1754 - - - - - 361 355 517 521 1754
Kabemba 431 416 487 520 1854 - - - - - 431 416 487 520 1854
Kahungwe 260 255 295 293 1103 - - - - - 260 255 295 293 1103
Kashanja 293 444 577 616 2030 - - - - - 293 444 57 616 2030
Kashozi 931 985 1314 1319 4549 - - - - - 931 985 1314 1319 4549
Kibuti 457 424 510 535 1926 - - - - - 457 424 510 535 1926
Lukube 615 579 805 833 2832 - - - - 615 579 805 833 2832
Muhumba 309 366 414 383 1472 - - - - - 309 366 414 303 1472
Muhingwa 935 957 1319 1319 4530 - - - - - 935 957 1319 1319 4530
Mulambi 169 146 206 221 742 - - - - - 169 146 206 221 742
Ngando 718 723 917 959 3317 - - - - - 718 723 917 959 3317
Total Kaziba 7587 7739 10105 10257 35788 - - - - - 7687 7739 10105 10257 35788
Tot / territoire 93062 110636 154304 161593 519501 70 98 42 52 262 93038 110730 154346 161593 519760
Source : Division Provinciale de l’Intérieur, Statistiques démographiques 2004
N.B : Les milices et réfugiés rwandais n’étant pas recensés, ils ne sont pas concernés par ces statistiques
II. Violations et abus des droits humains
2.1. Actes portant atteinte à l’intégrité physique
2.1.1 Assassinats, coups et blessures
- Le 27/01/2005, SALOME CIGOLE, une fille de 19 ans de Budodo, groupement Kaniola a été tuée par les Interahamwe
- En février 2005, monsieur Denis VINCENT et ZIHINDULA RUVUNA tous de la localité de Kaji ont été tués par les miliciens Interahamwe par manque de rançons. A chacun d’eux, on exigeait 100 $.
- Dans la nuit du 23 au 24 mars 2005, monsieur Anselme BUTEGA, chef de la sous localité de Ngando, dans le groupement de Walungu, a été assassiné à son domicile par des hommes en arme et en uniforme appartenant au groupe ex. Far, interahamwe. Ils auraient agi en complicité avec Nfizi LWABAGUMA, chef de localité de Ciruko et son frère Nfizi KALUMUNA ; tous du groupement de Walungu. Ils ont emporté 4 vaches et tous les effets de la maison y compris les différents documents du défunt.
- Dans la nuit du 28 au 29/03/2005, un bébé de 2 à 3 mois, de Monsieur Nkafu ESHEBA NGANDA et de Madame M’MURHABAZI Cikwanine, en localité de Ciruko avait été tué et jeté dans la brousse au cours d’une opération des enlèvements des personnes par les Interahamwe
- Le dimanche 27/03/2005, vers 17 heures, mademoiselle Pascasie NSIMIRE âgée de 20 ans, fille de Camunani, domiciliée à Cangenyi dans le groupement de Burhale a été grièvement blessée au cou par balle par un militaire du 52è bataillon de la 5ème brigade basée à Mulamba. L’auteur de ce crime, identifié par le surnom de Tekwa sans blague, se serait immédiatement enfui avec ses compagnons d’armes vers le nouveau poste d’affectation, en territoire de Kabare sans une moindre inquiétude.
- Le 07/04/2005, Monsieur Polepole BISENGIMANA du groupement de Kamanyola a reçu 3 coups de balles d’un homme en uniforme non autrement identifié. Ce forfait a été commis à plus au moins 40 m du domicile du major zitongo KWASI des FARDC. Les hommes de ce dernier ne sont pas intervenus pour secourir la victime.
- Le 14/04/2005, un enfant de 9 ans du nom de Amani BYAMUNGU a été blessé par balles tirées par un jeune militaire de 16 ans appartenant aux FARDC du nom de MASUDI. Cet enfant aurait refusé de transporter un tas de bois pour ce jeune militaire. Après le forfait, ce dernier avait fui vers une destination inconnue.
- Monsieur Vincent NTAYIRA, 64 ans, de la localité Ifuna en groupement de Kaniola, enlevé dans la nuit du 26 au 27/04/2005 par les Interahamwe a trouvé la mort le 13/05/2005 suite aux coups et blessures reçus. Il est mort à Kaniola, chez une activiste des droits humains, Mme LAINI, un jour après sa libération, avant d’atteindre l’hôpital général de Walungu.
- Monsieur TABARO Joseph, 56 ans, du même village que le précédent a subi les mêmes tortures. Au moment de sa libération, il se trouvait dans un état critique. Selon les informations que nous avons reçu lors de notre tournée de sensibilisation des leaders sociaux sur les viols et violences faites à la femme, cette victime serait entrain de dégager une mauvaise odeur. Ceci pour dire que sa vie était en danger car il est inhabituel qu’un vivant dégage une odeur.
- Madame M’CIGANGU NZIGIRE de la localité Nkumba, dans le groupement d’Izege a été assassiné par des interahamwe à son domicile dans la nuit du dimanche au lundi 13/06/2005
- A cette même occasion, une des enfants de la victime avait été mutilé et la femme de son voisin, monsieur MI., enceinte de 7 à 8 mois avait été victime de viol
- La même nuit, monsieur Charles non autrement identifié et sa belle fille ont reçu des coups des balles et ont été transportés à l’hôpital général de Walungu.
- Le mardi 14/06/2005, les corps de 6 personnes enlevées à Izege dans la nuit du 12/06/2005 ont été découverts par les militaires des FARDC lors de la chasse aux Rasta. Il s’agit des corps de :
1. Bishikwabo Kalumuna de Kashozi à Izege
2. Ganywamulume Nshangalume
3. M’Masu Cibalama, du Village Loya, vers Mulume – Munene, groupement Ikoma
4. Lungulwa Moni, du village Ibanzi.
5. Cibalama Buhendwa, village Cishadu, Izege
6. M’Muderhwa, village Cishadu, Izege
Ce massacre a été attribué aux miliciens du groupe des Rasta.
Ces assassinats vont à l’encontre de l’art 3 de la DUDH qui stipule « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ».
- Monsieur ZIGABE MUGISHO de Muhungu a été interné à l’hôpital de Walungu suite aux blessures qu’il a reçu lors de son enlèvement.
Comme on le voit, 16 cas dont 11 assassinats ont comme auteurs les milices rwandaises soit 84,2% et 3 cas sur 19 ont comme auteurs les militaires des FARDC.
2.1.2. Violences sexuelles
Il est quasi impossible de donner la liste exhaustive des femmes victimes des viols et violences sexuelles en territoire de Walungu d’autant plus que le nombre des femmes violées croit presque chaque nuit. Et même les services officiels ne maîtrisent pas jusqu’aujourd’hui ces effectifs pour l’une des raisons qu’il n’y a pas de service organisé pour apporter assistance aux victimes et permettre ainsi de les identifier.
Tableau 3 : Quelques cas documentés de Janvier à juillet 2005
N° Nom et Post nom Age Localité/Groupement Auteur (S) Date du viol et violence. Observation
Nom et/ou groupe .
1)
2)
3)
.4)
5)
6)
7)
8)
9)
10)
11)
12)
13)
14)
15)
16)
17)
18)
19)
20)
21)
22)
23)
24)
25)
26)
27)
28)
29)
30)
30)
31)
32)
33)
34)
35)
36)
37)
38)
39)
40)
41)
42)
43)
44)
45)
46)
47)
48)
49)
50)
51)
52)
53)
54)
55)
56)
57)
59)
60)
61)
62)
63)
64)
65)
66)
67)
68)
69)
70)
71)
72)
73)
73)
75)
76)
77)
78)
79)
80)
81)
82)
83)
84)
85)
86)
87)
88)
89)
90)
91)
92)
94)
95)
96
97)
98)
99)
100
Ntak. M’Ru
J. M’ ku
M’ Ma. Me
Lw. M’ ka
. M’ Lw. Ns.
. M’ ka. Ka.
. Ch. M’ Na
Me. M’ Ru
. Cl Nz
. Mu. Ka.
.. M’Mpu. Mush.
.. No. Mu.
. Ci. Fi
Em. Nz
M’Bu
.. Ba. M’Mu.
. Ve. M’Na
Si. CHi.
Si. Ka.
Geo. M’Ka.
Ci. Ka.
M’ Bu. N
Mu. Mo.
Ns. M’Na.
M’Ka.
Vu. M’Mu.
M’ Mu. Nz.
M’Mu. Ci.
M’Vu. Zi.
Bo. M’Ba
M’ Mi Nz.
M’ ka. Ju.
Nz. Na
Za. Ma.
Al. M’ Bi
Ny. M’ ka
Na. Na
Ro. Ma
Cl. Ka
Na. Ma
Me. Ka
Bi. Ci
Ka. Pa.
Je. M’Ci
Ta.
Id. M’Mu.
Zi. M’Mu.
Ne. M’ka.
Nz. Na
Za. Mu.
Bi. M’ Na
Bo. Na
M’Ci. Ge.
Nz. Ce
M’ Mu Ci
Ma. Ka.
Ra. Ma
Nz. Al.
Bu. Ci.
Bu. M’Ci
Ba. M’ Ba
Ci. M’ Wa
Fu M’Mu
Ci. Na.
M’Ka Fa
Nt. M’ Ka.
Ba. M’ Bu.
Ba. M’ Bi
Ma. M’ Ka
Co. M’ Ka
Ma. Ba
Ci. M’ Pa
Mw. Ci
Ku M’Ka
Ma. Na
M’ Mu
Ro M’Ka
M’Ka He
M’Ka Ma
An. M’Ba
Ra M’Ci
Na M’Ka
Fu Ma
Fu. M’Mu
Du. M’Na
M’Ba Ja
Fu M’ Ci
Nda Ba
Om. Zi
Ny. M’ Cis.
Es. M’ Mw
Fi. Bik
Ma Muz
Mac Map.
Ta Nta.
Bu Vum
Nze
Bin
Sik
-
32 ans
45 ans
39ans
52ans
68 ans
45 ans
50 ans
17 ans
15 ans
60 ans
14 ans
16 ans
18 ans
-
-
30 ans
10 ans
9 ans
55 ans
11 ans
48 ans
16 ans
35 ans
50 ans
25 ans
-
36 ans
47 ans
-
25 ans
25 ans
14 ans
15 ans
24 ans
26 ans
19 ans
20 ans
12 ans
18 ans
21 ans
55 ans
17 ans
53 ans
15 ans
37 ans
25 ans
26 ans
14 ans
16 ans
45 ans
18 ans
18 ans
-
20 ans
18 ans
18 ans
15 ans
18 ans
25 ans
30 ans
30 ans
15 ans
17 ans
18 ans
38 ans
28 ans
40 ans
55 ans
50 ans
17 ans
20 ans
25 ans
17 ans
17 ans
26 ans
30 ans
48 ans
50 ans
27 ans
30 ans
28 ans
17 ans
20 ans
18 ans
50 ans
18 ans
-
-
-
-
-
19 ans
28ans
40 ans
20ans
14 ans
13 ans
14 ans
Budodo/Kaniola
Mwirama/ Kaniola
Mwirama
Mwirama
Chagala/Kaniola
Chagala/kaniola
Nyamarhege
Nyamarhege
Mwirama
Budodo/Kaniola
Cibanda
Kalongo/Budodo
Budodo/Kaniola
Mwirama
Lwengero/Kaniola
Lwengero/Kaniola
Lwengero/Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Budodo/Kaniola
Budodo/Kaniola
Budodo/kaniola
Kaniola
Kaniola
Ciruko/ Walungu
Ciruko/Walungu
Nabishaka II/Kaniola
Nyamarhege
Luya/Kaniola
Luya/Kaniola
Luya/kaniola
Lwashunga/Kaniola
Nabishaka/Kaniola
Nabishaka/Kaniola
Nabishaka/Kaniola
Nabishaka/Kaniola
Nabishaka/Kaniola
Nabishaka/Kaniola
Cagala/Kaniola
Cagala/Kaniola
Cagala/Kaniola
Cagala/Kaniola
Cagala/Kaniola
Ciruko/Walungu
Ciruko/Walungu
Ciruko/Walungu
Ciruko/Walungu
Ciruko/Walungu
Ciruko/Walungu
Ifuna
Ifuna
Ciruko
Bulwi/Walungu
Mwirama/Kaniola
Mwirama/Kaniola
Nyakahanda/Ikoma
Cize
Mwirama
Mwirama
Bushushu
Nabishaka
Mwirama
Nabishaka
Nabishaka
Mwirama
Muhungu
Mwirama
Mwirama
Cishebeyi
Mwirama
Mwirama
Mwirama
Mwirama
Muhungu
Bushushu
Bushushu
Bushushu
Bushushu
Bushushu
Bushushu
Cihambe
Cihamba
Mwirama
Mwirama
Cindubi
Nyamarhege
Nyamarhege
Nyamarhege
Nyamarhege
“
Kambara/Kamanyola
Kambara/Kamanyola
Kambara/Kamanyola
Kashenyi/Kamanyola
Kampara/Kamanyola
Kashenyi/Kamanyola
Kashenyi/Kamanyola
Jean Marie
Arufa et Bahati
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Rastas
Rastas
Rastas
Rasta
Interahamwe et un militaire des FARDC du camp d’Ifendula Muhungu
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Un militaire des FARDC du camp d’Ifendula
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
Interahamwe
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Interamwe
Interahwe
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Interahamwe
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Violée en présence de ses frères.
Frappée et violée chaque nuit du 28/2 au 2/03/05.
Elle a vu dans la brousse 8 femmes de son village violées en présence de ses enfants
- Tortures.
- torture et détentions
Torture.
-Torture.
Revenue avec grossesse
Frappée presque à mort après une semaine d’accouchement
Cette liste n’est pas exhaustive pour plusieurs raisons :
-certaines victimes tardent à dénoncer les viols et violences qu’elles ont subis. Elles demeurent ainsi non identifiées.
Lors des écoutes, que le RFDP organise à son bureau, il ressort que certaines victimes ne se livrent aux accompagnatrices que lorsqu’elles se sentent déjà malades et d’autres ont de la peine à lier leurs maladies aux viols et violences dont elles ont été victimes. C’est ce qui explique que le nombre exact de femmes violées même pour une courte période n’est pas possible à déterminer. Néanmoins, l’ampleur avec laquelle se font les attaques des villages et les enlèvements des personnes permet d’imaginer le nombre élevé des femmes et filles violées en territoire de Walungu.
_Le projet « d’assistance juridique et judiciaire aux femmes victimes des viols et violences en territoire de walungu » qui nous a permis de documenter des cas en profondeur et faire l’état de lieu des violences sexuelles n’a concerné que 4 groupements sur les 16 qui constituent le territoire de walungu .Ce qui fait que les cas des autres groupements ne nous sont parvenus que par des rapports de nos associations à la base .Ces rapports ne reprennent pas certains éléments notamment la date précise du viol et/ou de l’enlèvement .Ceci se fait voir à partir du tableau ci dessus .
_Certaines accompagnatrices des victimes que nous avons pu rencontrer sur terrain se sont limitées à nous donner des chiffres au lieu des noms. Elles ont tendance à faire le marchandage des victimes. C’est le cas de M’Kasamira accompagnatrice des victimes du groupement d’ Izege qui a révélé aux animateurs du RFDP qu’elle disposait d’une liste de 400 victimes pour l’ensemble du groupement depuis que les hostilités avaient commencé en RDC. Ayant refusé de nous montrer la liste et les victimes, nous n’avons pas tenu compte de ses données. Cette difficulté ne nous a pas permis de connaître le nombre exact des victimes de ce groupement pour la période concernée par ce rapport.
-En lisant les rapports que les activistes des droits de l’homme de différents groupements envoient au président de la société civile du territoire de walungu, il y a lieu de penser que certains d’entre eux ne se préoccupent pas tellement des violences sexuelles, ils mettent plus d’accent sur les tracasseries des agents de sécurité et/ou de l’Etat .Dans certains des ces rapports, la colonne viols et violences sexuels est inexistante. Par contre dans d’autres rapports, cette colonne est reprise même si aucun cas de viols n’a été signalé pour la période concernée.
En observant attentivement ce tableau, on découvre que des femmes et des filles d’un même village ont été violées à la même date. Ceci s’explique par le fait que lors des opérations, les miliciens rwandais investissent tout un village en une nuit. Seules les femmes et/ou filles qui s’évadent avant leur arrivée dans la foret échappent aux viols. Notons cependant que d’autres femmes subissent les viols avec violences à leur domicile et cela parfois en présence des membres de leurs familles (cfr colonne observation).
En outre, ce tableau montre que les viols sont souvent précédés ou suivis d’autres violations des droits humains telles que les tortures, les détentions pendant plusieurs mois. La plupart des filles reviennent avec des grossesses déjà à terme. Elles sont renvoyées par leurs bourreaux pour aller à la maternité. D’autres ne reviennent qu’en profitant des affrontements entre miliciens eux mêmes ou entre miliciens et militaires des FARDC. C’est le cas des 20 filles de groupements différents, enlevées à des dates différentes, qui avaient profité des affrontements du 20 au 21 Mai 2005 entre les Rastas et les FDLR pour fuir. Pendant leur fuite, trois d’entre elles avaient rencontré certains des rastas qui les détenaient et qui étaient aussi en fuite. Ces derniers les ont rattrapées et gardées dans la forêt. Les 17 autres ont regagné Walungu le 21 et 22 mai 2005. Malheureusement, quatre d’entre elles ont été victimes d’un nouveau viol au camp militaire des FARDC basé à Ifendula /muhungu en groupement de Kaniola où elles avaient été conduites sur demande du chef de groupement de Kaniola à leur arrivée. Ce camp leur a servi de transit avant d’être orientées vers le centre OLAME où elles avaient été amenées par le curé de la paroisse de Kaniola sous l’escorte d’un militaire du même camp le lundi 23/05/2005.
Des photo des rastas reçues des mains d’un chef fdlr
En dehors des viols, ces femmes subissent d’autres violences. A ce sujet une fille de 10 ans, répondant au nom de N.B. que nous avons rencontrée à Kaniola en date du 4/03 /2005 raconte « j’ai été enlevée dans la nuit du 28/02 /2005. Dans la forêt où nous étions amenés, nous étions battus chaque nuit mais nous étions aussi déplacés d’un lieu à un autre. Nous avons passé 5 jours sans manger ».
Ces violences sexuelles faites aux filles et femmes du territoire de Walungu ont eu des conséquences sur les plans psychologique, économique, social, culturel et moral, tel que l’a déjà démontré plusieurs études. Ces différents aspects sont ceux qui préoccupent jusqu’aujourd’hui la plupart des organisations de défense des droits de l’homme qui accompagnent les victimes des viols et violences sexuelles.
L’une des conséquences des violences sexuelles qui n’a pas encore été mise en exergue jusqu’aujourd’hui est celle « des enfants nés des viols ». Dans le rapport de l’étude publiée par le RFDP, RFDA et International Alert en 2004 et intitulé « le corps des femmes comme champ de bataille durant la guerre en République Démocratique du Congo, violences sexuelles contre les femmes et les filles au Sud Kivu (1996-2003) », les femmes victimes interviewées ont déclaré que les grossesses non désirées constituent une des conséquences les plus graves du viol (p. 43). Au point de vue psychologique, cet enfant qui va naître d’une telle grossesse est le symbole vivant et permanent du viol subi.
Les miliciens gardaient les femmes et filles pendant longtemps pour avoir des hybrides. Certains de ces enfants sont identifiés par les organisations de défense des droits humains et d’autres ne sont pas identifiés jusque-là. Pour l’unique territoire de Walungu, on avance un chiffre non exhaustif de plus de 1.000 enfants. Cette situation a poussé le RFDP à s’intéresser aux problèmes des enfants nés du viol d’une manière particulière. C’est ainsi que dans ce point sur les violences sexuelles nous avons accordé une importance particulière à cette question des enfants nés des viols.
Problématique des enfants nés des viols
Ce problème a toujours préoccupé les victimes ; les mères de ces enfants et leurs familles et n’avait jamais été posé en dehors de la mère de l’enfant né du viol. Actuellement, ce problème se pose dans le contexte du programme DDRRR.
Lorsqu’un milicien rwandais du groupe FDLR avait déclaré à la radio « Nous pouvons partir et laisser les femmes congolaises avec lesquelles nous avons des enfants mais nous ne pouvons pas laisser nos enfants », la déclaration avait suscité plusieurs réactions parmi lesquelles nous citons :
- Ces miliciens avaient-ils contracté des mariages consensuels avec les femmes congolaises ?
- Ces miliciens avaient-ils consulté les mamans de ces enfants car le rapatriement des enfants si un jour il a lieu ne peut pas se faire sans concertation entre les pères supposés et leurs mères.
- Quel est le point de vue de mamans qui, malgré les viols et violences subis, ont supporté ces grossesses jusqu’à mettre au monde ?
- Ces miliciens ont-ils droit à ces enfants nés des viols quand nous savons que leurs mamans ont subi un esclavage et d’autres tortures et qu’il n’y a jamais eu de mariage entre elles et les miliciens, auteurs de ces viols ?
- La présence de l’enfant né du viol rappelle à la maman, à sa famille et à la communauté entière l’expérience vécue par la maman à telle enseigne que lorsqu’on parle du rapatriement de ces enfants, on fait comme si on remue un ciseau dans une plaie non encore cicatrisée.
Plusieurs autres questions naissent lorsqu’on parle des enfants nés des viols. Parmi celles-ci nous retenons les plus pertinentes et qui reviennent tout le temps :
1° Quelle est la situation psychologique, matérielle et sociale de ces enfants ?
Le traumatisme psychologique subi par la femme violée et mère d’un enfant né du viol est aussi subi par l’enfant. En outre, partout où les bandes armées sont passées, il y a eu des pillages qui ont entraîné la misère ou la pauvreté des familles. Pour celles-ci, l’enfant né du viol et d’un père inconnu devient une charge indésirable, une bouche de plus pour la famille appauvrie de la victime du viol. D’où une tendance à négliger où à ne pas prendre soin de l’enfant par la famille de la mère. Jusque-là les mères de ces enfants sont les seules qui les acceptent. Cela se justifie par le degré élevé d’affection que les femmes congolaises apportent à leurs enfants. Sinon, elles avaient toutes les possibilités d’avorter mais elles ne l’ont pas fait. Pour sortir la maman et son enfant de cette situation dramatique, il faut un encadrement matériel, psychologique et social.
2° Quelle est le statut juridique de ces enfants ?
Chez les Bashi, peuple qui habite le territoire de Walungu, comme dans le droit congolais, les enfants mis au monde par une femme mariée appartiennent au mari de la femme concernée. Pour cela, les Bashi disent : « Ntaye mulume oburhira oku nshingo y’owabo »
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La loi congolaise reconnaît que la mère peut donner la nationalité à son enfant. Or, ces enfants ne sont reconnus que par leurs mères. D’où l’unique filiation leur reconnue est celle de la mère. Ceci fait qu’on ne peut pas reconnaître la filiation à ces criminels.
3° Position des mères des enfants nés des viols
En date du dimanche 01 mai 2005, de 13 h°° à 15 h°°, le RFDP accompagnée de la Chargée de la section Genre à la MONUC a organisé une séance d’écoutes de 11 femmes victimes des viols et violences sexuelles. De ces viols, ces femmes ont eu des enfants ou ont eu des grossesses qui ne sont pas arrivées à terme. C’est le cas de Furaha M’Ruhivi qui avait avorté après 3 mois de grossesse. Nous présentons dans le tableau n° 3 la liste de mères écoutées en mai 2005.
Tableau 3 : Quelques mères des enfants nés des viols écoutées.
Nom et Postnom Village ou Groupement Age Age de l’enfant Etat civil
1. Mapendo
Nyamugabo
2. Mapendo
M’Cirhuza
3. Nsimire
M’Buhendwa
4. Bashimbe
M’Cishugi
5. Furaha M’Ruhivi
6. Bulangalire
M’Mushagalwa
7. Gislaine Mirindi
8. Mapendo Mulume
Oderhwa
9. Nsimire Cizungu
10. Josiane
M’Cigoho
11. Alphonsine
M’Michel
12. Bahati Buhendwa
13. Bahati Mweze
14. Nsimire Bisimwa
15. Furaha
Kanyeruka
16. Bulonza Muka
17. Christine Lukobera
18. Sifa Mushembe Muhungu/Kaniola
Nyamarhege/Kaniola
Musengesi/Izege
Musenesi/Izege
Budodo/Kaniola
Izege centre
Nyalubuze/Kaniola
Nyalubuze/Kaniola
Izege
Kaniola
Kaniola
Izege/ Bumbalali
Izege/ Lugo
Izege/Bumbalali
Izege/Bumbalali
Izege/Musengezi
Izege/Musengezi
Murhinyakula
12 ans
32 ans
37 ans
30 ans
30 ans
25 ans
16 ans
18 ans
18 ans
37 ans
41 ans
-
-
18 ans
30 ans
22 ans
20 ans
22 ans 1année et 3 mois
1 semaine : la maman était encore à la maternité
1 année et 4 mois
1 mois et 3 semaines
a avorté une grossesse de 3 mois
1 année et 6 mois
1 an
8 mois
enfant d’une semaine, mère encore à la maternité
1 année et 7 mois
6 ans et 9 mois
-
-
9 mois
1 année et 6 mois
-
-
-
Célibataire
Mariée mais abandonnée depuis le viol
Veuve
Abandonnée par le mari depuis le viol
Mariée et mère de 4 enfants
Veuve
Célibataire
Célibataire
Célibataire
Veuve
Veuve
Célibataire
Célibataire
Célibataire
Abandonnée par son mari
-
-
-
A la principale question que nous avons posée à ces mères : « Aimeriez-vous que ces enfants soient remis à leurs pères » ? Toutes les femmes ont répondu par un NON. Elles disent que ces enfants sont des congolais et que leurs pères sont inconnus.
Les femmes mariées ont dit que ces enfants appartiennent à leurs maris qui les feront enregistrer comme autant d’autres enfants. Les femmes veuves ont déclaré que ces enfants seront traités comme les autres qu’elles ont mis au monde avant. Par contre, les jeunes filles qui ont mis au monde après les viols, soutiennent que ces enfants sont des enfants de leur famille et partant, ils doivent être enregistrés sous l’identité de papa de ces filles. Celles qui n’ont plus de père disent que ce sont des enfants de leurs frères.
Selon ces mamans, on ne peut reconnaître la filiation d’un enfant à un violeur. Certaines d’entre elles ajoutent qu’elles ne peuvent même plus reconnaître leurs violeurs. Cependant, ces femmes demandent qu’elles soient assistées matériellement pour qu’elles parviennent à faire grandir leurs enfants. Comme le tableau n° 3 ci-haut l’indique, une seule de toutes les 11 femmes rencontrées vit encore avec son mari. Les autres sont soit abandonnées par leurs maris directement après le viol, et d’autres encore étaient veuves ou célibataires. Cette situation sociale et matrimoniale montre que ces femmes ont un problème social et matériel réel qui nécessite une prise en charge permanente et urgente.
Notons que les enfants nés des viols ne sont pas seulement ceux dont les mères ont été enlevées et amenées dans la forêt par les Interahamwe ; il existe aussi une catégorie des enfants dont les mères ont été forcées à avoir des relations sexuelles par les miliciens congolais Mudundu 40.
C’est le cas de :
- Fa Ntaba, une fille célibataire violée par un milicien Mudundu 40 et dont l’enfant est âgée d’une année ; mais le père demeure inconnu.
- M’Ntag. F. : mère de 7 enfants et un dernier âgé de 4 ans, c’est celui-ci qui est né du viol. Abandonnée par son mari, elle dit que cet enfant sera enregistré dans la carte d’identité de son père.
- Bora : violée par un milicien Mudundu 40, est mère de 2 jumeaux d’une année et demie
Toutes ces femmes violées par les miliciens Mudundu 40 déclarent comme ces autres violées par les Interahamwe que ces enfants sont soit des enfants de leurs frères ou de leurs fils (pour le cas de la femme abandonnée par son mari et dont le 1er enfant a plus de 18 ans).
4° Les inquiétudes des femmes congolaises et des congolais
Ce ne serait pas par amour que les miliciens rwandais réclameraient ces enfants car ces derniers ne sont pas non plus nés d’un amour entre les femmes congolaises et les miliciens rwandais. C’est une véritable inquiétude dans l’opinion congolaise du Sud-Kivu.
Devant l’insistance des miliciens rwandais à rentrer chez eux avec les enfants nés des viols, bon nombre des congolais pensent que ces miliciens risquent d’aller leur inculquer la culture rwandaise qui consiste à l’esprit des conquêtes et de domination. Plus tard, il sera demandé à ces enfants hybrides de revenir en territoire congolais avec une identité congolaise et conquérir la terre de leurs mères avec l’aide du Rwanda comme ce pays l’a fait avec les Banyamulenge.
5° La responsabilité de l’Etat congolais et de la communauté internationale dans la prise en charge de ces enfants nés des viols
Le Congo a été victime d’une agression extérieure au cours de laquelle ses populations ont été prises pour cible. Par conséquent, l’Etat congolais doit se sentir interpellé par cette question des enfants nés des viols. Cette question doit figurer parmi les urgences de notre gouvernement. Sans trop attendre, l’Etat congolais doit prendre en charge les femmes et les filles mères de ses enfants. Cette prise en charge doit être totale (psycho-médicale, morale, matérielle, juridique et sociale etc.). Cette prise en charge concerne aussi les enfants nés des viols. Tout en étant avec leurs mères, l’Etat congolais devra suivre leur croissance, leur éducation etc.
Avant le rapatriement des miliciens au Rwanda, le Gouvernement congolais doit veiller et faire tout pour que ces enfants ne partent pas au Rwanda. D’où la nécessité de lever une option, de prendre une décision sur le sort de ces enfants en clarifiant leur statut juridique. Des mesures administratives pourraient être prises sur cette question
La question des enfants nés des viols revêt un caractère international car les viols qui ont abouti aux grossesses et ensuite à la naissance de ces enfants sont commis par des rwandais que la communauté internationale nous a imposés après le génocide rwandais de 1994. D’où la communauté internationale ne doit pas se dérober devant cette question qui risque d’engendrer une nouvelle crise entre la RDC et le Rwanda ; crise qui exigerait encore une fois à la communauté internationale de se mobiliser et de mobiliser de gros moyens pour sa résolution. En plus, si la communauté internationale ne s’implique pas urgemment dans cette question, ces enfants qu’on laisserait aller n’importe où et manipulé par n’importe qui risquent de devenir des terroristes, ce qui mettrait en danger la paix internationale.
Des actions immédiates à mener
Pour trouver une solution durable et efficace à la question des enfants nés des viols, les actions immédiates à mener sont les suivantes :
Les organisations locales de défense des droits de l’homme qui s’intéressent à la question des viols et violences sexuelles en territoire de Walungu et dans le reste de la province du Sud-Kivu doivent :
- Ecouter les victimes des viols, mères de ces enfants, pour entendre leur point de vue en rapport avec une éventualité de rapatriement de leurs enfants au Rwanda et comprendre tous les problèmes qui entourent leur situation ;
- Informer ces femmes sur les lois congolaise et rwandaise en rapport avec la nationalité ;
- Faire un plaidoyer pour faire passer la volonté des femmes concernées par cette question et pour faire accepter le prise en charge globale et systématique de ces femmes et de leurs enfants en faisant passer la loi sur la répression des violences sexuelles et celle sur la prise en charge des victimes des violences sexuelles;
- Collaborer avec les organisations non gouvernementales internationales et avec les agences des Nations Unies pour répondre aux besoins immédiats de ces femmes et de leurs enfants, sans les stigmatiser. Cette démarche est un début des solutions pour ces femmes et leurs enfants.
Pistes de solutions durables
Ces enfants nés soit des viols individuels, soit des viols collectifs sont généralement des pères inconnus.
Les dispositions légales du code de la famille qui disent que tout enfant doit avoir un père devraient être revues pour intégrer le contexte actuel découlant de la guerre et de ces violences sexuelles et reconnaître l’existence des enfants naturels.
Le sens communautaire étant encore relativement présent dans nos villages, celui-ci devrait être développé et permettre l’éducation de ces enfants dans les familles de leurs mères.
On devra aussi sensibiliser et encourager les maris à adopter les enfants de leurs épouses et notamment ces enfants nés des viols. Il serait politiquement imprudent d’exposer ces enfants à une assistance des institutions d’aide internationale quelle qu’elle soit.
2.1.3. Enlèvements et tortures.
De même qu’il est difficile d’établir une liste exhaustive des personnes violées en territoire de Walungu et spécialement dans les groupements de Kaniola, d’Izege et dans quelques localités du groupement de Walungu, nous ne pouvons pas prétendre avoir la liste de toutes les personnes enlevées. En plus, nous devons signaler que plus de 90% des femmes violées l’ont été après enlèvements. D’où la difficulté de reprendre les mêmes personnes. Néanmoins, voici les quelques cas des personnes enlevées, emportées dans la forêt où ils ont subi des traitements inhumains et dégradants.
Tableau 4 : Quelques cas d’enlèvements
Nom et Postnom Age Sexe Localité/Groupement Date d’enlèvement Traitement subi Rançon exigée
1) Antoine KALERE
2) M’Zagabe VELARIA
3) Gédéon KALERE
4) Orhaciburha KALERE
5) Cibalama KALERE
6) M’Akonkwa FILLE KAL
7) Munganga NAKATERE
8) Mpungu Mme LASIBU
9) Noella MUSHENGEZI
10) Akili NDIMU
11) Fille CIMANUKA
12) Denis Fils VINCENT
13) Zihindula RUVUNA
14) Sifa CIZUNGU
15) S KAH.
16) Mama JOLIE
17) M’BULONZA
18) M’CIBONEKA
19) SAFARI
20) Ombeni KAHESHE
21) Lushuli ZIRIRANE
22) MUHONGOLE 71 ans
65 ans
13 ans
11 ans
15 ans
40 ans
60 ans
14 ans
20 ans
16 ans
30 ans
28 ans
10 ans
9 ans
-
-
-
-
-
17 ans
22 ans
-
M
F
M
M
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M
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F
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F
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M
M
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F
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Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Budodo
Kaji
Kaji
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Kaniola
Lwengero
22/02/2005
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23/02/2005 Torturé, ligoté
Torturée, ligotée + dévalisée
Torturée, ligotée + dévalisée
Torturée, ligotée + dévalisée
Torturée, ligotée + dévalisée
Torturée, ligotée + dévalisée
Ligoté, vol
Torture, vol
Torture
Torture
Tué
Tué
viol
Tortures + viol
+ torture
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
100 $
23) Joseph CEMA
24) M’BURUME
25) Bahati M’MUSHAGALUSA
26) Venantie M’NAMURASA
27) Kazaroho MASTAKI
28) Akilimali KAZAROHO
29) M’KAHARAGAZA
30) M’Kazihi CIBALONZA
31) Vumilia M’MUTULA
32) Kiriza LUBALA
33) Butega ANSELME
34) Nkafusheba NGANDA
35) M’Murhabazi CIKWANINE
36) Augustin NFIZI MUNDEKE
37) M’Murhandikire NZIGIRE
38) M’Murhabazi CIKWANINE
39) Kabera MUTIMINWA
40) Murhabazi MUSHAMALIRWA
41) Abel MUSHAMALIRWA
42) Muhigirwa RUGOMOKA
43) Ziganira CHIZIMYA
44) M’Cihana VENANTIE
45) Rutakaza LUKANGA
46) BIRHAKABULIRWA C.
47) Kajuru PAULA
48) Jeanne M’CIBWETA
49) Mlle TABU
50) Ida M’MUSHOBORHA
51) Cirhakarhula NZIBIRA
52) Cimanuka MWENDANGA -
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17 ans
14 ans
50 ans
45 ans
25 ans
17 ans
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80ans
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17ans
53 ans
15 ans
37 ans
42 ans
13 ans
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Lwengero
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Walungu
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Cagala
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23/02/2005
23/02/2005
23/02/2005
23/02/2005
16/03/2005
16/03/2005
16/03/2005
16/03/2005
16/03/2005
16/03/2005
23/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
28/03/2005
23/03/2005
18/04/2005
18/04/2005
18/04/2005
18/04/2005
18/04/2005
18/04/2005
18/04/2005
18/04/2005
18.04.005
18.O4.005
18.04.005
18.04.005
18.04..005
18.04.2005 viol
viol
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100 $
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2000 $ pour l’ensemble
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53) Bashige BACIYUNJUZE
53) Jean Pierre NALUNDJA
54) Murhabazi NALWINJA
55) Zirirane M’MUGANDA
56) Mandima MAHESHE
57) Nzigire NALUNDJA
58) Nengezi M’KAJAMWE
59) Zawadi MAHESHE
60) Bifuko M’KAJAMWE
61) Bora NAMUTO
62) Vincent NTAYIRA
63) Tabaro JOSEPH
64) M’Girala GERMAINE
65) Kuzinza CENTWALI
66) Anne Marie M’CENTWALI
67) Nzigirwa CENTWALI
68) Cizungu VENANT
69) Kaderhwa MUSHAGALUSA
70) Mélanie M’MUDOSA
71) Nyota M’Cishungu
72) Espérance M’Mweze
73) Joseph Cema
74) Badesire Cishungu
75) Bora M’Banji
76) Ndanda Badesire
77) Ombeni Zihalirwa
78) Aksanti Zihalirwa 20 ans
20 ans
28 ans
25 ans
37 ans
14 ans
26 ans
16 ans
45 ans
18 ans
64 ans
56 ans
18 ans
18 ans
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70 ans
18 ans
50 ans
50 ans
45 ans
30 ans
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09 &ns
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M Cirhuko
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Mulandirha
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Nyamarhege
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nyamarhege 19.04.005
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26.04.005
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31.03.005
31.03.005
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31.03.005 Tortures
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tortures et viol
torture
torture et viol
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pillage des biens
mort suite aux tortures
tortures
tortures et viol
tortures
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balle bras gauche
viol
viol
tortures et viol
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200 $ us
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200 $ us
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100 $ us
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Ce tableau ne reprend pas la liste des personnes enlevées et tuées. Celles-ci sont présentées sur la liste des personnes assassinées.
2.2. Actes portant atteintes aux libertés individuelles
2. 2. 1 Arrestations et détentions arbitraires et érection des barrières
Dans certaines parties du territoire, ces arrestations arbitraires s’expliquent par l’érection des barrières surtout le jour du marché.
A titre exemplatif :
Pour le groupement de Tubimbi
- Le jour du marché ; la société civile avait dénombré plus des 20 barrières érigées par les militaires des FARDC, les miliciens rwandais de la branche FDLR, les agents de l’ANR, le chef de poste d’encadrement de Tubimbi.
A chacune de ces barrières, tout passant même ceux qui ne se rendent pas au marché est sommé à payer une somme de 100 Francs congolais. Ceux des passants qui ne sont pas capables de payer sont détenus momentanément à ces barrières et parfois conduits dans le camp militaire.
Certaines femmes même après avoir payé les frais exigés par les agents de l’ordre sons conduits dans du camp militaires où elles sont contraintes à des relations sexuelles avec les dits militaires. C’est le cas de madame BINO qui en date du 13/ 04/2005, avait été arrêtée à la barrière de Bwahungu après avoir payé 100 Francs. Elle a été conduite au camp militaire où elle a été violée successivement par 4 militaires de FARDC. Comme si cela ne suffisait pas, elle a été contrainte de payer 50$ pour sa libération. A Cette barrière, les gens sont battus par les militaires lorsqu’ils résistent à payer.
Pour le groupement de Mulamba
- Le 28/04/2005, trois activistes de la société civile, sous-noyau de Mulamba avaient été arrêtés pendant 4 heures par le commandant du peloton de Musimbo pour s’être impliqués dans le dossier d’un jeune démobilisé. Il s’agit des activistes Georges KAROMO, Mukengere CINABALIRE et Birindwa MAHESHE.
- Le 09/05/2005, le commandant des FARDC basées à Bulonge, le lieutenant Willy avait arrêté messieurs Muganda NTUMWA, Kashololo BAZIBUHE, Matabaro NTUMWA, tous de la localité de Ndola, pour n’avoir pas accepté d’allumer le four de braise. Ces derniers furent sommés de payer une amende de 14 $US chacun.
- Le mercredi 8/06/2005, le chef de groupement de Tubimbi, monsieur Mushamalirwa en route pour Walungu avait été arrêté et détenu par les militaires de FARDC pendant plus de 4 heures.
Il a été contraint de payer un montant équivalent à 2 casiers de Primus pour sa libération.
Il lui avait été reproché de fuir son groupement après l’insécurité qui y régnait suite à une mésentente entre les militaires des FARDC et ceux des forces de libération pour le Rwanda (FDLR).
Parmi les personnes arrêtées au mois de mai sans plainte ni plaignant et pour des motifs non valables (non paiement des taxes sur les étangs piscicoles et les palmiers à huile) ; nous retenons :
-Nyunda -Baziri -M’Ndahakana -M’Chamushambika.
A chaque fois qu’une personne est arrêtée elle est obligée de payer les frais de la convocation et de payer une certaine somme au policier qui est venu déposer la convocation.
Pour le groupement de Mushinga
Les miliciens rwandais basés dans les localités de Ntondo, Cizi, Kabumba et Cirhongo érigent des barrières le jour du marché, mercredi et samedi et exigent à chaque passant une somme de 20 francs (même ceux qui ne vont pas au marché paient) et à chaque femme marchande une quantité des vivres sur ce qu’elle amène au marché, maniocs, avocats, bananes, et autres.
Pour le groupement de Kamanyola
Le 02/04/2005, les miliciens Interahamwe avaient barricadé la route reliant Nyangezi à Kamanyola. Cette barricade a été suivie du pillage des tous les biens des passagers fréquentant cette route. Parmi les victimes de ce pillage, nous citons Monsieur Bukuru MIHIGO et Mwengu tous de Kamanyola.
2.2.2 Esclavage
Il se traduit par les travaux forcés qui sont exigés aux habitants à travers leurs chefs de localité ou de groupement et cela surtout par les miliciens rwandais.
Dans les groupements de Tubimbi et des Mushinga, les femmes doivent aller puiser de l’eau et piler les maniocs pour les FDLR même quand ils sont mariés. Les hommes à leur tour ont l’obligation d’aller couper les bois de chauffe pour ces derniers et de leur construire des cases.
En plus, la population est contrainte de donner la ration en vivre ou en argent à ces mêmes militaires. Lorsque la quantité des vivres donnée ou lorsque l’argent est estimé insuffisant, ils se fâchent et mettent en garde les chefs de localité qui sont chargés de faire la collecte.
2.3. Actes portant atteinte aux droits de propriété
2.3.1 L’incendie
Les actes des pillages perpétrés par les hommes en uniforme sont parfois suivis d’incendie des maisons.
- En date du 8/06/2005, les miliciens rwandais en provenance de Bwahungu, sous l’ordre du commandement de Tubimbi ont attaqué les militaires du FARDC basé à Muzinzi, en groupement de Mulumba. Au cours de cette attaque, ils ont brûlé la maison de monsieur CIKWANINE qui était habitée par des militaires des FARDC après avoir pillé.
- Dans la nuit du samedi 11/06/2005, à 21 hoo, deux militaires des FARDC du camp de Mubamba, en groupement de Mushinga, ont fait irruption dans la parcelle de monsieur Masumbuko Cizungu. Après avoir pillé 6 poules, un habit pour dame, une paire de souliers, une radio et une couverture, ces militaires ont mis le feu sur la maison de la victime. Celle-ci, lorsqu’elle est allée se plaindre, elle a été arrêtée par le commandant du camp de Mubamba. C’est suite à l’intervention de son chef de localité qu’il a pu être relâché.
2.3.2 Destruction méchante, tracasserie et extorsion de la population.
- Actuellement, le droit à la propriété est presque inexistant dans différents groupements du territoire de Walungu. Certaines écoles à l’instar de l’Ecole primaire Muhungu dans le groupement de Kaniola ont vu les sticks qui servaient de clôture arracher par des militaires. Ceux-ci s’en servent comme bois de chauffe. Les mêmes militaires basés au camp Ifendula coupent parfois des arbustes appartenant à des privés.
- Les militaires du commandant CIVIRI à peine installés dans les groupements de Mushinga et Lubona, se livrent à la destruction des cultures, ils arrachent des maniocs et font couper par force des bananes dans les bananeraies des habitants parfois même à l’absence des propriétaires.
Exemple des cas :
Mercredi 08/06/2005, alors qu’ils sont arrivés le lundi 6/6/2005, ils ont arraché une quantité suffisante des maniocs chez MUHIGWA à 14 heures °° en pleine journée ;
Le samedi 11/06/2005, ils ont arraché des maniocs dans les champs de MARTIN et de CIHUMBU. A cette même occasion, ils ont ravi plus ou moins 10 kg de farine chez MUSHIGO et 3 cobayes chez CIZUNGU, tous du village MUSA. Les militaires auteurs de ces actes étaient basés dans ce même village.
A cette même date, les militaires du même commandant basés à Mususu, ont pris à l’absence des propriétaires de la maison, 8 cobayes chez MUDEKE, 2 poules et 2 cobayes chez MWAHUKANYA, de Lubona. Les propriétaires les ont rencontrés à la sortie de leurs parcelles avec les effets pris. Par crainte, ces propriétaires les ont laissés partir paisiblement avec les effets pillés.
La semaine du 13 au 18/06 : les mêmes militaires basés à Mususu ont fait encore une fois irruption dans la parcelle de Mudeke et ont forcé aux gens qu’ils avaient rencontré de leur couper 4 bananes dans la bananeraie, ce qui a été fait.
2.4 Conséquences de ces violations des droits humains sur les populations civiles
Les violations des droits humains signalées ci haut ont entraîné de graves conséquences parmi lesquelles, nous retenons:
- Déplacements des populations suite à l’insécurité. C’est le cas des habitants de Kaniola qui sont restés dans le stade MAFUNDWE de septembre 2004 à avril 2005 pour la plupart. D’autres, après la destruction de ce camp des déplacés, sont encore disséminés dans le groupement de Walungu
- Malgré le retour dans leur groupement les gens de Kaniola notamment de Budodo, de Muhungu et d’autres localités ne passent pas la nuit chez eux. Ils sont obligés d’aller passer la nuit dans des habitations proches des camps militaires. D’autres, par manque d’habitations passent la nuit dans des églises.
- Affaiblissement physique des victimes et économique de toute la communauté.
Les personnes enlevées rentrent traumatisées, malades et lors de leurs enlèvements, elles perdent non seulement leurs biens mais aussi les gens sont obligés de s’endetter pour réunir la somme qui doit servir de paiement de rançon aux milices ;
- Suite à l’insécurité semée par les militaires lors de l’extorsion des biens, les gens des localités où étaient basés les militaires se décident de ne plus abandonner leurs maisons de crainte que ces militaires ne forcent les portes. Ce cas s’observe à Mushinga. Ici, nous avons appris que les gens qui disposent des maniocs à terme dans leurs champs sont obligés de faire la sentinelle pendant la nuit. C’est le cas du chef de localité de Ciburhi qui se serait battu avec les militaires qui venaient arracher ses maniocs dans la nuit du vendredi 24/06/2005. C’est grâce à une alerte de la population que ces militaires ont dû prendre fuite.
III. Réponses ou réactions des autorités locales et des ONG
3.1 Réponses des autorités locales
Suite à l’insécurité qui a prévalu dans le territoire de Walungu depuis septembre 2004 (cfr déplacements des populations), l’administrateur du dit territoire avait organisé et présidé une réunion du conseil de sécurité du territoire élargi aux organisations de défense des droits de l’homme oeuvrant en territoire de Walungu, en date du 18/03/2005. Au cours de cette réunion où le RFDP avait été représenté, les recommandations suivantes avaient été formulées :
- en date du 03/06/2005, le chef de poste d’encadrement administratif du groupement de Tubimbi avait tenu à Tubimbi centre, un conseil local de sécurité avec comme ordre du jour :
1° insécurité suite à une mésentente entre les forces des FARDC 1062ème bataillon et
les FDLR.
2° Tracasseries suite aux multiples barrières ;
3° Arrestations arbitraires.
4° Perception des taxes dans les marchés et collecte des vivres ;
Décisions prises lors de ce conseil
- Au cours de cette réunion, le commandant du 1062 ème bataillon a promis que toutes les 10 barrières citées par le président de la société civile, antenne de Tubimbi doivent disparaître sauf les barrières qui servent de porte de contrôle et qui sont basées à Bwahungu, à Mufa et à Tubimbi centre.
- Les travaux forcés imposés à la population par les militaires doivent cesser désormais. Cette fois ci lorsque les militaires nécessitent un service de la part de la population, ils doivent passer par le canal du chef de groupement.
- Le commandant de 1062 ème bataillon s’est résolu de laisser les infractions civiles ou de droit commun entre les mains des autorités civiles.
- Le chef de poste avait promis d’informer la population de la suppression des barrières par voie des ondes ou par un meeting au marché.
Notons que ces décisions sont restées lettres mortes car lors du conseil de sécurités tenu par l’administrateur de Walungu à Tubimbi centre, en date du 12/06/2005, on est revenu sur l’insécurité suite à la mésentente de 2 groupes armés qui opèrent à Tubimbi ; mais son objet principal était la médiation entre FDLR et FARDC.
- D’autres résolutions prises sont les suivantes :
• Que les militaires des FARDC quittent les maisons des civils.
• Que les femmes n’entrent plus dans les camps militaires pour piler les maniocs des miliciens rwandais.
• Que tout différend qui oppose les civils entre eux soit réglé par le chef de poste de Tubimbi ou par le chef de groupement.
• Que toutes les barrières (17) soient supprimées à l’exception de 2 : Bwahungu à l’entrée de Tubimbi et Mufa à sa sortie.
Ces décisions n’ayant pas été suivies des mesures d’encadrement, elles n’ont jamais été appliquées. Le chef de groupement de Tubimbi que nous avons rencontré à Walungu en date du 27 juin 2005 nous a déclaré que le marché de Tubimbi n’a pas fonctionné le dimanche 26 juin 2005 car les marchands s’étaient opposés au paiement des taxes arbitraires. En plus, au lieu de 100 francs que les militaires exigeaient à chaque barrière, ils ont commencé à faire payer 200 francs. Ceci a été confirmé par l’adjoint du territoire de Walungu chargé des finances en date du mercredi 06 juillet 2005.
Pour renforcer les mesures de sécurité et lutter contre l’impunité les autorités politico administratives ont participé aux arrestations de quelques citoyens congolais complices des interahamwe dans les enlèvements des personnes. Ces complices avaient été transférés à Bukavu.
3.2 Réponse du RFDP
Le RFDP à travers sa structure à la base, le CAP (comité d’Alerte pour la Paix) de Walungu organise des dialogues entre les femmes et les autorités du territoire de walungu autour des violations des droits de l’homme dans ce territoire et de la situation sécuritaire. A titre exemplatif, nous citons, les dialogues ci-après :
-1° Le dialogue du 04/03/2005 entre les femmes de walungu et les responsables de la Monuc .A Ce dialogue ,la MONUC avait été représenté par :
-Madame la chargée des droits de l’homme à la Monuc ;
-Madame la chargée de la communication et information à la Monuc ;
- Mada me la responsable de la section genre
-Monsieur le chargé de la protection de l’enfance ;
Au cours de ce dialogue, Madame Noella Ndagano, au nom du CAP/Walungu a brossé les conditions dans lesquelles vivent les femmes du territoire de Walungu en mettant en exergue
l’esclavage sexuel et autres violences que subissent les femmes dans la forêt où elles sont amenées par les interahamwe à l’issue des opérations des pillages et d’enlèvements qu’ils organisent. En plein dialogue, un groupe de 4 personnes dont un homme de 22 ans, une femme de 25ans, une fille de 12 ans et un garçon de 9ans sont rentrées de la forêt où elles avaient été amenés par 5 interahamwe depuis le 28 /02/2005. En présence des animateurs du RFDP, qui assuraient la modération du dialogue, ces personnes ont raconté aux représentants de la Monuc à ce dialogue comment elles étaient traitées dans la forêt. A cette même occasion, dans l’espoir que la Monuc allait apporter une solution à leur problème, ces personnes ont signalé que 5 autres de leurs étaient restées dans la forêt où elles servaient de gage au paiement d’un rançon de 900 dollars américains qui devrait être opérationnel dès l’arrivée du groupe relaché.La déception de ces personnes a été grande devant le silence de leurs interlocuteurs. A l’issue de ce dialogue, les femmes membres du CAP de walungu ont formulé une série des recommandations à la Monuc (cfr annexe)
2°Le dialogue du 03/06/2005 entre les membres du CAP et les autorités politiques, coutumières, administratives et militaires du territoire de Walungu suite à la répression des membres du CAP par l’autorité locale en date du 17/05/2005. Au cours de ce dialogue,un mémorandum des femmes du CAP/Walungu adressé aux autorités de Walungu avait été lu et une copie fut remise plus tard à chacune de ces autorités en vue de garder en mémoire les préoccupations du CAP en rapport avec la construction de la paix dans leur milieu.
Ce mémorandum que vous lirez en annexe reprend les éléments clés du dialogue ci-après :
-les objectifs du CAP ;
-les actions déjà menées par le CAP ;
-les besoins actuels des femmes de Walungu qui sont ceux de la population en général ;
Grâce au projet d’assistance juridique et judiciaire aux femmes victimes des viols et violences sexuelles en territoire de W
