OLPA attristé par l'assassinat odieux de Franck Ngyke Kangundu et exige la fin de la culture de l'impunité en R.D.Congo

Le Comité exécutif de l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d'experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, exprime sa vive consternation après l'assassinat odieux de Franck Kangundu Ngyke, journaliste au quotidien "La Référence Plus", paraissant à Kinshasa, le 3 novembre 2005.
Franck Kangundu Ngyke (52 ans) accompagné de son épouse Hélène Mpaka (41 ans) ont été assassinés dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005 à leur arrivée devant leur résidence du quartier Mombele, dans la commune de Limete à Kinshasa. Alors qu'il revenait de la rédaction de la Référence Plus où l'avait rejoint son épouse à 1 heure du matin, le journaliste est descendu de sa voiture pour ouvrir le portail de sa maison, lorsqu'il a vu surgir quatre hommes en tenue civile, cagoulés et armés qui attendaient ce couple dans la rue.
Conscient du danger que représentait cette apparition soudaine, le journaliste a alors tenté de trouver un compromis avec ses assaillants en proposant à ces derniers de l'argent et qu'il les amènerait par la suite dans sa voiture. Les assaillants ont laissé entendre qu'ils avaient pour mission de lui donner purement et simplement la mort. C'est alors que le couple a été abattu par plusieurs sous les regards impuissants de ses proches.
Djoudjou Kangundu (fils du journaliste âgé de 23 ans) qui a tenté de voler au secours de sa mère, a été blessé par balle et transféré d'urgence à l'hôpital.
Franck Ngyke Kangundu, chef du service politique de la Référence Plus et père de cinq enfants est mieux connu dans la presse kinoise, où il a effectué plusieurs reportages de qualité. Sa dernière enquête a été effectuée dans une sucrerie de l'ouest de la République démocratique du Congo. La publication de cette enquête avait conduit quelques temps après au limogeage des cadres de cette entreprise de la province du Bas-Congo.
Dans un passé récent, il fait un reportage sur le meeting du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti politique du chef de l'Etat Joseph Kabila.
Eu égard à tout ce qui précède, l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) condamne avec la plus grande fermeté cet acte odieux commis avec préméditation contre un professionnel de l'information. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une atteinte à la liberté de la presse garantie par les instruments juridiques nationaux et internationaux.
Cet assassinat est manifestement l'œuvre des ennemis de la liberté des médias qui cherchent à tout prix à réduire la presse congolaise au silence.
OLPA constate par ailleurs la recrudescence du climat d'insécurité sur toute l'étendue de la République démocratique du Congo ainsi que du règne de la culture de l'impunité. Les auteurs de plusieurs atrocités et détournements des deniers publics continuent à bénéficier des privilèges et circulent paisiblement dans les rues comme si de rien n'était, menaçant audacieusement leurs victimes en cas de dénonciation.
OLPA fait aussi remarquer qu'en dépit de ce lâche assassinat du journaliste de la Référence Plus, le droit d'informer et d'être informé reste sérieusement menacé en République démocratique du Congo. En effet, Jean-Marie Kanku, éditeur du journal L'Alerte, paraissant à Kinshasa, a été enlevé le 28 octobre 2005, sur le boulevard Lumumba dans la périphérie Ets de Kinshasa (N'Djili). Plusieurs sources renseignent qu'il serait détenu dans un des cachots de l'Agence nationale des renseignements (ANR/Kinshasa) et privé de toute visite.
Cet enlèvement est consécutif à la publication par ce journal de plusieurs articles mettant en cause M.Lando Lurakumbirwa, administrateur général de l'ANR.
Il en est aussi de Patrice Booto, éditeur du journal "Le Journal" et son supplément "Pool Malebo" enlevé le 2 novembre 2005 sur l'avenue colonel Mondjiba à l'ouest de Kinshasa par cinq hommes armés, habillés en civil. Il est détenu au cachot de Kin-Mazière. Il lui reproché d'avoir publié dans les journaux précités, au cours du mois de septembre, des articles révélant que le gouvernement congolais aurait accordé un don de 30 millions de dollars Us au secteur éducatif tanzanien. La publication de ces articles avait conduit la Haute Autorité des Médias, structure publique de régulation des médias congolais, à suspendre le 19 septembre 2005, ces organes de presse.
Par voie de conséquence, OLPA exige qu'une enquête rapide et sérieuse soit diligentée par le gouvernement congolais afin de retrouver les auteurs intellectuels et matériels du lâche assassinat de Franck Ngyke et de son épouse Hélène Mpaka. OLPA exige aussi que Jean-Marie Kanku de L'Alerte et Patrice Booto du Journal soient immédiatement et inconditionnellement remis en liberté. Dans le cas contraire, ils doivent être tranférés dans un délai relativement court devant leurs juges naturels.
OLPA recommande au gouvernement congolais de mettre fin à la culture de l'impunité par une bonne administration de la justice. Il en est aussi de la promotion du droit d'informer et d'être informé sur toute l'étendue du pays, pendant cette délicate période de transition.
L'Etat congolais est, en outre, appelé à assurer la sécurité des nationaux et des ressortissants étrangers résidant sur son territoire, y compris les professionnels de la presse.
Tout en présentant ses condoléances les plus attristés à la famille du disparu et à la presse congolaise, OLPA invite les journalistes congolais à travailler en toute objectivité et responsabilité, et à ne pas se laisser intimider par ces actes odieux posés assurément par des hommes sans scrupules qui veulent attenter à une liberté chèrement acquises.