Feuillet N°029

Feuillet occasionnel de dénonciation des violations des droits humains et des violences à l’égard des femmes.

Les Femmes transporteuses des produits vivriers qui traversent la rivière Lugohwa pour se rendre à Bukavu et surtout au petit marché de Buholo-Carrière sont victimes des tracasseries de la part des policiers du sous - commissariat de Buholo-Carrière du commandant Yogolelo BARABARA.

Depuis la guerre d’agression de 1998, un sous commissariat de la police, subordonné au commissariat de Mushekere, en commune urbano-rurale de Kasha a été installé à l’entrée de Buholo-Carrière. A son installation, ce sous commissariat a érigé une barrière au niveau de l’entrée du petit marché de Buholo-Carrière.
Depuis l’arrivée du général Agolowa, commandant de la 10ème région militaire, à Bukavu, toutes les barrières militaires ont été supprimées. Il est alors surprenant que cette barrière continue à exister et à être toujours opérationnelle toute la journée. Toute femme qui passe avec un fagot de bois de chauffe, avec un fagot des feuilles de maniocs ou des légumes ou avec un sac des braises est contrainte de donner aux policiers installés à cette barrière une quantité des produits qu’elle transporte, qu’elle soit vendeuse ou pas et peu importe la quantité et la qualité des vivres ou produits transportés.
Le RFDP, informé des lamentations de ces gagne-petit du Camp Soko Buholo-Carrière, par l’intermédiaire de ses membres du Comité d’Alerte pour la Paix « CAP » en sigle, du grand marché de Kadutu, a organisé une descente sur le lieu en vue de se rendre compte des exactions dont ces femmes sont victimes.

Les femmes victimes de ces exactions sont :
1° Les vendeuses de braise. Nous avons vu chaque femme déposer une quantité équivalente à 50 Francs Congolais.
2° Les vendeuses ou porteuses des bois de chauffe. Chacune dépose 3 morceaux de bois estimés à 50 francs congolais.
3° Les vendeuses des feuilles de manioc et autres légumes déposent chacune une quantité d’une valeur de 20 francs congolais.
4° Toute autre personne qui passe à cette barrière avec un fagot est soumise aux mêmes conditions que les femmes marchandes des produits vivriers.
Signalons que toute femme ou toute personne qui s’oppose à cette pratique est soumise à des intimidations de toute sorte et que certaines d’entre elles se voient ravir des quantités des vivres plus considérables que celles qu ‘elles devaient donner. C’est suite à ces intimidations de toute sorte que les pauvres victimes se laissent faire même quand il n’y a que de petits enfants de moins de 10 ans laissés à cette barrière par le policier de garde. Un enfant de 4 ème primaire que nous avons rencontré à ce lieu, nous a révélé que le policier-garde du jour était un membre de sa famille qui, après l’opération devait lui donner soit des bois de chauffe ou une quantité des feuilles des maniocs.
Au fur et à mesure que ces produits sont déposés, les femmes du quartier viennent les acheter aux policiers à un prix réduit.
Ces exactions vont à l’encontre des articles 13 et 17 de la DUDH qui stipulent :
1° « Toute personne à le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat »
2° « Toute personne, aussi bien seule qu’en collectivité, a droit à la propriété. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété ».
Elles sont aussi contraires aux articles 16 et 36 de la constitution de la transition de la RDC qui stipulent ce qui suit :
1° « La République Démocratique du Congo garantit l’exercice des droits et libertés individuels et collectifs, notamment les libertés de circulation, d’entreprise, d’information, d’association, de réunion, de cortège et de manifestation sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs ».
2° « la propriété privée est sacrée .L’Etat garantit le droit à la propriété individuelle ou collective acquise conformément à la loi ou à la coutume… »
Notons qu’au cours de la table ronde organisée, à Bukavu, par l’Observatoire National des Droits de l’Homme (ONDH) sur l’exercice des libertés publiques pendant le processus électoral en RDC, du 19 au 21 décembre 2005, les organisations de Droits de l’Homme dont le RFDP ont fait allusion à cette barrière en présence du représentant de la Police Nationale Congolaise, le chargé des opérations pour la province du Sud-Kivu. Une des recommandations faites par les participants à cette table ronde avait été la suppression de toutes les barrières illégales érigées à l’intérieur de la province du Sud-Kivu.
Pour mettre un terme à ces exactions dont sont victimes les femmes transporteuses des vivres et qui traversent cette barrière, illégalement érigée à l’entrée du petit marché de la « Carrière » par des policiers du sous commissariat de Buholo-Kasha-Carrière, le RFDP recommande :
- Au commandant de la police chargé des opérations de s’investir dans la suppression de cette barrière dans un bref délai en vue de permettre à ces victimes de jouir de leurs droits longtemps bafoués ;
- Aux autorités judiciaires d’infliger des sanctions à tout policier impliqué dans l’érection des barrières illégales ;
- Aux autorités politico-administratives de la commune urbano-rurale de Kasha de s’impliquer dans la protection des droits de leurs administrés ;
- Aux populations environnantes de se désolidariser avec les policiers dans l’extorsion de ces pauvres paysannes ;
- Aux femmes transporteuses des vivres de vaincre la peur en résistant à toute forme d’extorsion ;
- Aux femmes membres du Comité d’Alerte pour la Paix du marché de Kadutu de continuer à documenter des cas de violations des droits de l’Homme en général et de ceux des femmes en particulier, dans leur rayon d’action.