Deux jours d'affrontement population - militaires à Bukavu

ALERTE 003/06

Depuis juin 2005, lors de l'assassinat d'un activiste des droits humains, en l'occurrence Kabungulu pascal, la population de Bukavu ne cesse de déplorer des morts au quotidien.

C'est qui vient de se passer à Bukavu ce matin du 07 et 08 avril 2006 vient de sonner le glas pour un désaveu des autorités aussi bien politiques que militaires.

En effet, deux manifestations brutalement réprimées viennent d'avoir lieu à Bukavu.
Première journée :

Deux hommes en uniforme ont été capturés la nuit dernière en train de dévaliser une maison au niveau du quartier populaire de Cimpunda dans la commune de Kadutu.
La population s'est réveillée en sursaut vers 3 heures du matin et a pu capturer les deux malfaiteurs et les a remis directement aux autorités militaires (PM).
Ces derniers les ont toute de suite relâchés; ce qui a énervé cette population qui a conclu à une complicité entre les militaires et les voleurs en uniforme et en mains armées.
C’est ainsi que tôt le matin du 07 avril, une foule immense des jeunes , vieillards, enfants , est descendue dans la rue pour réclamer l'arrestation de ces voleurs en mains armées.
Au lieu de répondre à sa préoccupation, les militaires posté devant le bureau de la 10e region militaire ont tiré à bout portant dans cette foule , et du coup, une fille est tombée raide morte et deux autres personnes grièvement blessés.

Il s'en est suivi une manifestation brutale et musclée par la foule en colère qui scandait des slogans hostiles au Commandant de la 10e région militaire le général (Evangéliste) Mathieu Agolowa qui ne parvient pas à maîtriser et à discipliner ses troupes.

Des drapeaux ont été brûlés, un véhiculé incendié, des pneus brûlés, des routes barricadées, des vitres de dizaines des maisons pillées et cassées sous le regard observateur de la MONUC.

En plus de cette confusion, un affrontement entre d'une part la population munies des pierres , bâtons et , d'autre part, des militaires armées des fusils, a crée la panique dans la ville. Tous les magasins, marchés, bureaux, écoles... ont été évacués : une véritable ville morte.

Quant au Gouverneur de province, il a été pris en otage par la population qui l'a obligé de descendre de son véhicule et de marcher à pieds pendant au moins 1 heure jusqu'à son cabinet. Et là il s'est exprimé devant la foule sans la convaincre. .

Rappelons que depuis janvier 2006 , plus de 13 personnes ont déjà trouvé la mort à Bukavu notamment l'enfant et la femme de Mr Kadisi la semaine dernière, Shabadeux , une sentinelle de la paroisse de Cimpunda, un étudiant ...

Suite à ce qui précède , l'organisation GAO recommande encore une fois aux autorités politico militaires de protéger la pauvre population et ne pas l'abandonner car cela pourrait un jour se retourner contre elles.
Les promesses non tenues des autorités joueront sans doute en leur défaveur en cette période électorale.

Deuxième journée :

Encore des morts et des blessés.

La liste des morts continue à s’accroître à Bukavu.

Ce matin du 08 avril 2007, une deuxième journée de manifestation a eu lieu à Bukavu.

Une sentinelle a été tuée vers 2heures du matin dans le quartier Muhungu à Ibanda, par des hommes armés et en uniforme.
L’infortuné venait de vendre sa parcelle d’une valeur de 300$US pour permettre à son épouse de quitter la maternité.
L’argent envolé, la femme blessée et le mari sentinelle tué à bout portant par des hommes armés et en uniformes. Tel est le bilan de ce jour.

C’est ainsi qu’emboîtant le pas aux manifestants d’hier qui déploraient la mort de l’un des leurs, les habitants de Muhungu se sont aussi exercés à la même initiative : Barricade de la route vers Nguba à Ibanda et les étudiants vers l’ISP.

Comme à l’accoutumée, une armada des militaires et policiers armés jusqu’aux dents s’est ruée vers les manifestants et plusieurs coups, blessures et arrestations ont eu lieu.
Entre-temps, la population ne cesse de réclamer le départ du commandant de la 10 e région, Agolowa car il n y a pas de mauvaises troupes mais un mauvais chef.
Certains manifestants scandaient même des slogans hostiles au Président Kabila qui a promis monts et merveilles à cette population sans une matérialisation quelconque.

Le bon encadrement des militaires et policiers parle gouvernement pourrait résoudre cette insécurité, s’exprime t-on à Bukavu.

Car, à l’allure où vont les choses une révolution populaire pourrait vite arriver. Mieux vaut donc prévenir que guérir.

A bon entendeur, salut.

Gao asbl

Avril 2006