OLPA surpris par l’appel interjeté par le Parquet dans l’affaire du journaliste Patrice Booto Luafa et exige sa libération

Le Comité exécutif de l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, est désagréablement surpris d’apprendre que le Procureur de la République près le Parquet de Grande Instance de Kinshasa/Kalamu vient d’attaquer le jugement rendu le 30 mai 2006 par le Tribunal de paix de Kinshasa/Assosa, condamnant Patrice Booto Luafa (43 ans), éditeur des journaux « Pool Malebo » et « Le Journal », paraissant à Kinshasa, à une peine de prison de six mois et au paiement d'une amende de 500$ Us.
Le 2 juin 2006, alors que le journaliste s'était déjà acquitté de l'amende due au Trésor public et des frais de justice dans le meilleur délai, il a été surpris par la signification d'un appel interjeté par le Procureur de la République qui estime que le Tribunal de paix n'a pas condamné Patrice Booto pour tous les trois chefs d'accusation mis à charge, en refusant de retenir l'infraction de diffusion de nouvelles fausses.
Cette nouvelle démarche du Parquet va certainement conduire au maintien en détention du journaliste au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) avant qu'une juridiction supérieure n'instruise ce dossier.
Sans vouloir attenter au principe de la bonne administration de la justice, OLPA qui avait poussé son ouf de soulagement après le jugement sévère prononcé contre Patrice Booto le 30 mai dernier, demeure stupéfait par l'initiative du Ministère public.
Cette démarche a essentiellement pour objectif de maintenir Patrice Booto le plus longtemps possible en prison au motif que l'affaire reste toujours pendante devant les cours et tribunaux. Cette voie demeure attentatoire aux droits fondamentaux de l'homme qui consacre la liberté comme principe et la détention comme une exception.
Puisque le jugement rendu par le Tribunal de paix revêt l'autorité de la chose jugée, le journaliste ayant un domicile connu et qu'il n'y a aucune crainte pour sa fuite, OLPA exige la libération immédiate de Patrice Booto Luafa. Si le journaliste est libre, il pourra normalement exercer son métier d'informer l'opinion pendant cette période délicate et comparaïtre normalement devant les autorités judiciaires. Agir autrement justifierait simplement un acharnement judiciaire destiné à réduire un journaliste au silence et violer la liberté de la presse consacrée par la législation congolaise.

Ci- dessous la dernière dépêche de l'OLPA après la condamnation de Patrice Booto

Le journaliste Patrice Booto Luafa condamné à six mois de prison et à 500$ Us d’amende à Kinshasa

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, informe l’opinion nationale et internationale que Patrice Booto Luafa (43 ans), éditeur des journaux « Pool Malebo » et « Le Journal », paraissant à Kinshasa (capitale de la R.D.Congo), vient d’être condamné à six mois de prison et au paiement d’une amende de 500 $ Us par le Tribunal de paix de Kinshasa/Assosa, au cours de son audience publique du 30 mai 2006. Selon le Tribunal, le journaliste s’est rendu coupable des chefs d’offense envers le Chef de l’Etat et d’outrage au gouvernement. Il n’a pas retenu l’infraction de diffusion de nouvelles fausses. Cette juridiction astreint donc le journaliste à payer les 500 $ Us d’amende dans plus ou moins une semaine. Dans le cas contraire, il demeurera en prison pendant 3 autres mois supplémentaires. OLPA salue tout de même le dénouement de cette mystérieuse affaire après une incarcération injustifiée du journaliste pendant sept mois. OLPA estime que ce jugement est trop sévère, car la peine d’amende est si forte pour un journaliste privé de liberté de mouvement pendant sept mois et mis dans l’impossibilité de subvenir à tous ses besoins ainsi qu’à ceux de ses proches. Ce jugement constitue donc un cas jurisprudentiel très fâcheux qui risque de porter gravement atteinte à la liberté de la presse dans un proche avenir.
Back ground : Patrice Booto Luafa a comparu le 22 mai 2006 devant le même tribunal, accusé par l’organe de la loi d’avoir jeté l’opprobre et le discrédit sur les institutions du pays et le Chef de l’Etat, en publiant des « fausses » informations dans les éditions de Pool Malebo du 15 septembre 2005 et le Journal du 16 septembre 2005, selon lesquelles le gouvernement congolais aurait fait un don de trente millions de dollars Us à l’épiscopat de la République de Tanzanie pour son secteur éducatif, et qu’un membre influent du gouvernement congolais aurait détourné 80 bus au profit d’une compagnie privée installée dans ce même pays. Le Ministère public avait requis une peine de trois ans de prison ferme et une amende de 1000 dollars Us. Le journaliste a été arrêté le 2 novembre 2005 et déféré devant la Cour de Sûreté de l’Etat dissoute le 18 février 2006. L’affaire a été instruite et prise en délibéré le 14 février 2006.