OLPA troublé par un nouvel assassinat d'un journaliste à Kinshasa
Le Comité exécutif de l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, est troublé par l’assassinat de Bapuwa Mwamba (64 ans), journaliste indépendant, tué le 8 juillet 2006, à 3 heures du matin.
Bapuwa Mwamba, ancien journaliste à l’Agence congolaise de presse (ACP) et au magazine Jeune Afrique, a été attaqué dans la nuit du 7 au 8 juillet 2006 par une bande d’hommes armés en tenue civile, à son domicile du quartier Malandi n°31/C, dans la commune de Matete, à l’Est de Kinshasa. Ces assaillants lui ont tirés deux balles à la cuisse droite après avoir extorqué une somme de 600 dollars américains et le téléphone portable, et mort s’en est suivie à la suite d’une forte hémorragie.
Son neveu Kazadi qui a réussi à escalader le mur de clôture pour alerter la police est arrivé largement en retard accompagné de deux éléments de police alors que le corps du journaliste gisait dans une marre de sang.
La dépouille mortelle de Bapuwa Mwamba a été acheminée à la morgue de l’hôpital Saint Joseph de Kinshasa/Limete. Né à Kilembe, le 8 septembre 1942, marié et père de 4 enfants, tous vivant à Paris en France, Bapuwa Mwamba vit à Kinshasa depuis une année, et rédige des articles qui sont publiés dans les journaux de la place.
Son dernier article intitulé : " Pourquoi la transition est-elle bloquée au Congo " a été publié dans l’édition n°2875 du quotidien Le Phare du 6 juillet 2006.
Dans cet article de deux pages, le journaliste explique la fin de la transition en République démocratique et relève les principaux obstacles ayant conduit à l’échec de cette transition.
Eu égard à ce qui précède, l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) condamne avec la plus grande fermeté cet acte prémédité ayant pour cible un journaliste indépendant. Il s’agit manifestement d’une violation du droit d’informer et d’être informé garanti par les instruments juridiques nationaux et internationaux.
Cet assassinat intervient huit mois après celui du journaliste Franck Ngyke Kangundu du quotidien la Référence Plus de Kinshasa dont le dossier judiciaire demeure dans l’impasse jusqu’à ce jour.
OLPA constate que l’Etat congolais a failli à ses responsabilités de sécuriser les personnes et leurs biens pendant la période des élections, mais aussi de favoriser le meilleur exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue du territoire.
OLPA interpelle donc la communauté internationale sur le danger permanent qui guette les journalistes et les médias pendant cette période en République démocratique du Congo.
En conséquence, OLPA invite le gouvernement de transition à diligenter immédiatement une enquête indépendante en vue de retrouver les auteurs de ce crime odieux et les déférer devant les juridictions compétentes.
La communauté internationale représentée par la Mission des Nations Unies au Congo (Monuc) et la Force de l’Union européenne (Eufor) est invitée à prendre des mesures urgentes pour assurer la sécurité des journalistes et des médias pendant et après les élections.

