Au cours de son Assemblée générale extraordinaire: OLPA rejette les mesures prises par le Bureau de la Haute Autorité des Média

Réunis en Assemblée générale extraordinaire, le dimanche 13 août 2006, les membres du Comité exécutif et de l’Assemblée générale de l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, ont examiné successivement le communiqué officiel n°HAM/B/021/2006 du 9 août 2006 du Bureau de la Haute Autorité des Médias (structure publique de régulation des médias) relatives aux mesures restrictives à l’endroit des organes de presse, le communiqué du 3 août 2006 du Comité international d’accompagnement de la Transition (CIAT) rappelant aux médias leur responsabilité devant le peuple, la loi et l’histoire, ainsi que le communiqué conjoint de la Haute Autorité des Médias (HAM) et de la Commission électorale indépendante (CEI) menaçant de fermeture les médias qui violeraient la loi électorale en matière de proclamation des résultats du scrutin.

Après débats et délibérations, l’Assemblée générale extraordinaire de l’OLPA fait des observations subséquentes :

- Les médias sont les vecteurs de la transparence des élections et sont autorisés par la loi électorale du 9 mars 2006 à suivre tout le déroulement du processus électoral à côté des observateurs électoraux et des témoins des partis politiques;

- La nécessité de sauvegarder la paix et la concorde nationales ne constitue aucunement un élément d’appréciation, ni encore moins un fondement pour justifier des mesures arbitraires et illégales contre les organes de presse ;

- La responsabilité des médias vis-à-vis du peuple, de la loi et de l’histoire consiste à collecter, traiter, diffuser ou publier des informations dans le strict respect des règles du métier et de la législation en vigueur ;

- Les sanctions contre les dérives déontologiques des professionnels de la presse sont de la compétence de l’Observatoire des médias congolais (Omec) et de la Commission de discipline de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) ;

- La sauvegarde du pluralisme, de la neutralité, de l’impartialité et de l’équité dans le traitement de l’information et des acteurs en compétition dans les médias publics et privés est du ressort de la Haute Autorité des Médias.

Eu égard à ce qui précède, l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) condamne vigoureusement la démarche des institutions précitées, dont le but inavoué est de réduire au silence le quatrième pouvoir devenu un témoin gênant du processus électoral.

OLPA rejette en bloc toutes les mesures liberticides prises de façon cavalière par le « Bureau de la Haute Autorité des Médias réuni en réunion extraordinaire » portant suspension des émissions politiques à téléphone ouvert, suspension des reportages en direct et des faux directs des marches populaires ou toute manifestation publique à caractère politique, et l’interdiction de la diffusion des propos et images à forte charge émotionnelle à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite. Ces mesures sans fondement juridique doivent être ignorées par les organes et les professionnels de la presse.

L’Assemblée générale de l’OLPA fustige encore une fois de plus cette régulation des médias à la merci des politiques. Saluant tout de même le rôle important joué par quelques structures de la HAM notamment le Centre d’écoute et de monitoring, la Commission des saisies et plaintes, OLPA constate que le Bureau de la HAM a terni l’image de cette institution pourtant porteuse d’espoir lors de sa création.

OLPA souhaite donc l’avènement rapide du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication institué par l’article 212 de la Constitution et qui aura pour tâche de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse ainsi que tous les moyens de communication de masse.

OLPA invite donc les institutions précitées à s’abstenir pendant cette période électorale, de toute attitude de nature à porter atteinte au droit d’informer et d’être informé qui est garanti par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux.

OLPA exhorte enfin les organes et les professionnels de la presse à exercer leur métier en toute liberté et dans le strict respect de la loi et du code d’éthique et de déontologie du journaliste congolais.