OLPA préoccupé par la recrudescence d’actes illégaux contre les médias
L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion du droit d’informer et d’être informé, est très préoccupé par la recrudescence d’actes manifestement illégaux contre les médias et les professionnels de la presse exerçant en République démocratique du Congo (RDC).
En l’espace de vingt jours, OLPA a répertorié, avec beaucoup d’inquiétudes, plusieurs actes de vandalisme contre les stations de radio à l’intérieur du pays, et la récente mesure de coupure de signal de chaîne de télévision à Kinshasa.
Il en est ainsi des radios communautaires Tam-tam, Sankuru Liberté, émettant à Lodja au Kasaï oriental (au centre du pays), Radio Liberté émettant à Gbadolité, Radio Boboto, émettant à Bumba, dans la province de l’Equateur (à l’extrême nord-ouest du pays), la radio Liberté émettant à Tshikapa, au Kasaï occidental. Il faut aussi rappeler la destruction de l’émetteur de la chaîne privée de télévision Canal Congo télévision (CCTV) à Lubumbashi, au Katanga (sud-Est du pays).
Tout récemment, le signal de la chaîne privée de télévision CCTV a été interrompu arbitrairement à Kinshasa, tandis que les forces de sécurité ont opposé un refus à tout accès au site UPN de Kinshasa des techniciens de Canal Kin télévision (CKTV) pour résoudre une panne technique.
OLPA note que les médias précités appartiennent, en grande partie, aux hommes politiques congolais qui sont proches, soit de la plate-forme électorale AMP (Alliance de la majorité présidentielle) qui soutient le chef de l’Etat sortant Joseph Kabila Kabange, soit de l’UN (Union pour la Nation) qui est derrière son concurrent Jean-Pierre Bemba Gombo.
Non seulement, ces médias sont mis à contribution pour leur propagande, mais constituent aussi la cible immédiate des partisans déchaînés de deux camps opposés à toute contradiction, et qui ont pour ultime recours : la justice privée.
Ils saccagent purement et simplement les installations des stations, les réduisant au silence et contraignant les professionnels de la presse au chômage.
OLPA note aussi que les professionnels de la presse qui travaillent dans ces organes n’ont cessé de subir des menaces des camps antagonistes tout au long de ce processus électoral.
En outre, il constate avec regret que certaines personnalités politiques jouissant de l’imperium s’en mêlent et abusent de leur autorité en prenant des mesures aussi arbitraires telle que la coupure du signal de médias, sans consulter la Haute autorité des médias (HAM), instance publique de régulation.
De même plusieurs enquêtes sur les incidents dont les médias ont été victimes pendant cette période, demeurent sans suite jusqu’à ce jour.
Eu égard à ce qui précède, OLPA exprime sa vive préoccupation face à cette tendance à se faire justice et à cibler les médias ou leurs professionnels pour des règlements des comptes politiques. OLPA attire l’attention des partisans de deux camps que la liberté de la presse, corollaire d’une liberté fondamentale (la liberté d’expression et d’opinion), est garantie par la Constitution de la République démocratique du Congo adopté au Référendum du 18 décembre 2005 et promulgué le 18 février 2006, et les instruments juridiques internationaux.
Par voie de conséquence, OLPA invite les uns et les autres à se surpasser et à contribuer, de façon positive, à l’émergence d’une presse pluraliste, prospère et légaliste en RDC.
Toutefois, OLPA invite les responsables des médias victimes à saisir la justice afin d’obtenir réparation pour tous les préjudices subis.
