La débâcle de George Bush sur fond de la guerre en Iraq et l'immigration

Chères toutes et tous,
Mardi 7 novembre 06, 200 millions d’américains furent appelles aux élections pour élire la totalité de la Chambre des Représentants ou Congres (435 sièges a pourvoir), un tiers des sénateurs et deux tiers des gouverneurs. Il faut aussi ajouter les 200 referendums locaux ou les américains doivent se prononcer sur l’interdiction de mariage homosexuel et l’augmentation du salaire minimum. Au niveau fédéral, les enjeux sont de taille. Si le Parti républicain perd les élections parlementaires, le président George W. Bush sera contraint à une cohabitation avec les démocrates. Si le Parti républicain perd sa majorité au Sénat, George Bush qui gardera ses droits régaliens (Affaires étrangers, défense, armée comme commandant supprime, service des renseignements ; CIA, FBI et NSA) sera sérieusement handicapé. Il devra négocier ses décisions avec les démocrates, à moins qu’il décide de gouverner par décrets.
Le Parti démocrate mobilise tous azimuts. Pour soutenir leurs candidats, les stratèges démocrates font appel à des figures emblématiques, le haut de gamme, des poids lourds. En tête de liste, le désormais légendaire Bill Clinton, sa femme Hillary et Nancy Pelosi la « speaker » du groupe démocrate, minoritaire au Congres (Chambre des Représentants). Non seulement, ils sont des véritables catalyseurs et mobilisateurs, ils sont surtout imbattables pour collecter des sous. Des sous qui pleuvent dans l’escarcelle des candidats démocrates. Il y a aussi l’étoile montante et filante du Parti : Barack Obama, le premier noir, élu sénateur depuis que les Etats-Unis existent. Le magazine TIME, dans sa livraison du 23 octobre 06, consacre tout un dossier sur lui. Sur la page de couverture du magazine, une photo en gros plan du brillantissime et très charismatique Obama avec cette phrase : « Wy Barack Obama Could Be The Next President (Pourquoi Barack Obama pourrait être le prochain président) ». Hillary Clinton, qui a été triomphalement élue sénatrice avec 67% des voix –pressentie pour l’investiture du Parti démocrate- appréciera sûrement.

Mais la matrice de base américaine coercitive est à la fois blanche, anglo-saxonne protestante, machiste et raciste. Cette Amérique la, est-elle prête pour un président noir ou une présidente ? Prémonition ou fantasme du magazine TIME ? Le magazine n’en décolère pas, l’Amérique est prête. A l’unisson, les autres journaux à gros tirage abondent dans le même sens. Chaude ambiance et empoignade en perspective pour 2008. Hillary Clinton, Barack Obama (il se prononcera sur son éventuel candidature au mois de janvier prochain) et les autres talents se battront pour gagner les primaires et obtenir l’investiture du Parti démocrate pour affronter le candidat du Parti républicain, en 2008.

Très professionnels, les stratèges du Parti démocrate ont « commandé» des enquêtes d’opinion, pour s’imprégner de l’état d’esprit des électeurs. Ils découvrent des merveilles : George Bush est très impopulaire –a cause de la guerre en Iraq- battant le record de tous ses prédécesseurs, le divorce entre Bush et l’électorat religieux des groupes évangélistes –qui l’avait voté massivement en 2004- est consommé, le vote « hispanic » pro-immigration, lui fera défaut a cause de sa politique sur l’immigration clandestine, jugé agressive et injuste (refus de régulariser les 12 millions des « hispanics » clandestins, construction du mur a la frontière mexicaine) et paradoxalement une bonne partie de l’électorat anti-immigration (ou on retrouve beaucoup d’américains blancs et noirs), abandonne Bush, a cause de sa politique d’immigration perçue cette fois-ci comme trop laxiste. La préoccupation première des américains est l’Irak, loin devant le terrorisme, l’économie et les sujets de société. Depuis mars 2003 jusqu’aujourd’hui, 2800 soldats américains sont morts. Les américains –parmi elles beaucoup des mères- veulent qu’on ramène leurs « boys » (enfants) a la maison. Les jeunes sont très remontés contre leur président, a cause de la guerre en Irak, mais aussi a cause du coût exorbitant des études.

La conclusion des stratèges démocrates est sans appel : Bush est vulnérable, sans armure et sans protection. Sa garde rapprochée ne lui sera d’aucun secours, éclaboussée elle-même par des scandales financiers et de mœurs (détournement, trafic d’influence, double vie et pédophilie). Il faut sortir l’artillerie lourde et tirer a boulet rouge sur le président et sur sa politique étrangère, l’Iraq en premier. Une fois, le président fragilisé, il ne pourra pas protéger les candidats républicains en mauvaise posture. George Bush flaire le danger: « ils organisent un referendum sur moi » confiera-t-il (voir section : George W. Bush : Vers une cohabitation difficile ou mortelle ?).

Coté du Parti républicain, le spectacle est triste, morose et deletere sur fond des désertions, trahisons et scandales a répétition. Le président George W. Bush, qui ne veut pas du tout d’une cohabitation avec les démocrates descend dans l’arène -10 Etats en cinq jours, un véritable parcours de combattant dans l’Amérique profonde qui avait massivement voté pour lui en 2004. Son moral est au zénith, sa détermination est intacte. Sa foi aussi. Aux détracteurs qui jasent sur son isolement, il répond : « Même si tout le monde m’abandonne, aussi longtemps que ma femme et mon chien, seront avec moi, rien ne m’ébranlera ».

Dans tous ses meetings, George Bush s’adresse aux 200 millions d’électeurs américains et les encouragent d’aller voter le mardi 7 novembre. Il leur demande de ne prêter aucune attention aux sondages fabriqués par la presse tant nationale qu’internationale dont le but est de forcer la main des américains. « Les instituts de sondage se sont trompés en 2004, ils seront confondus de nouveau ce 7 novembre ». Il décroche des flèches acerbes aux démocrates. Qui à des enfants ici demande-t-il à l’assistance ? Beaucoup des mains se lèvent. Il annonce : « Faites attention aux démocrates. S’ils gagnent les élections, ils augmenteront les impôts. Ils taxent sur tout ce qui respire. Si vous cessez de respirer, ils taxeront vos enfants ». Dans un pays ou les familles sont surendettées, des arguments massues de ce genre font mouche.

Au soir du mardi 7 novembre, les nouvelles ne sont pas bonnes pour George bush et le Parti républicain. Les démocrates (tout en conservant leurs sièges) avaient besoin de prendre 15 sièges aux républicains pour avoir la majorité au Congres (la chambre des Représentants ou parlement). Ils en prennent 30. Même s’ils sont loin de l’exploit de leurs camarades démocrates de 1974. Cette année la, les démocrates avaient raflé 75 nouveaux sièges aux républicains et obtinrent la majorité absolue au Congres. Les démocrates avaient bénéficié du scandale de Watergate durant la présidence du républicain Richard Nixon. Cette fois-ci, les démocrates ont bénéficié de la guerre en Irak, de l’immigration et des scandales financiers et ceux liés à la moralité et aux mœurs. L’Amérique profonde, conservatrice, pieuse, vertueuse et puritaine a fait payer très cher à George Bush, les frasques de son entourage. Les démocrates remportent aussi la majorité au Sénat.

Un cocktail décapant a broyé Bush et le Parti républicain : l’Irak et l’Immigration clandestine (voir section la mauvaise réponse américaine a l’immigration). Ce cocktail fera des vagues lors des prochaines élections en Europe mais aussi dans certains pays africains (voir section la responsabilité africaine). Etats des lieux du couple infernal (Moyen Orient - Immigration) qui a mis a genoux George W. Bush – l’homme le plus puissant du monde- et qui fera d’autres victimes sous d’autres cieux, pour les campagnes électorales a venir….

George W. Bush : Vers une cohabitation difficile ou mortelle ?
Dopé par des sondages extrêmement favorables, les démocrates américains ont le vent en pompe. Ils savent que cette fois-ci, ils prendront leur revanche sur leurs rivaux du Parti républicain. Ils mettent toute la chance de leur coté. Pour gagner, ils misent sur la capacité de mobilisation, qui leur a toujours fait défaut. Ils recrutent 7000 avocats et des étudiants en droit (tous des bénévoles), pour les aider à surveiller et contester les résultats en cas de fraude. Ils n’ont pas oublié la Floride (2000) ou Ohio (2004). Ils forment leurs propres assesseurs, qui doivent prendre des notes et en cas d’irrégularités, appeler les différents QG du Parti Démocrate, pour recevoir des renforts. Le mot d’ordre et de ralliement est lancé : « Cette fois-ci, on ne nous volera pas notre victoire ».
Toutefois, plus que quiconque, les leaders du Parti démocrate savent que le taux de participation aux élections aux Etats-Unis a toujours été très faible, surtout pour les élections de mi-mandat. Quelques chiffres : 40 % en moyenne. Le record a été atteint en 1962, avec 47,3 %. Elle était de 37 % en 2002. Ils savent aussi qu’un taux de participation faible, profiterait au président George Bush et aux républicains, qui jouissent d’un électorat très discipliné. Il faut donc motiver et mobiliser les électeurs. Les stratèges démocrates trouvent l’astuce : transformer les élections de mi-mandat en un referendum sur George Bush.

George Bush a deux handicaps qui le perdront : il est impopulaire et toute la presse américaine qui compte est contre lui. Le président est au plus bas de sondage. Début novembre, sa cote de popularité est descendue en dessous de 35% -le plus bas d’un président en exercice depuis 50 ans. A cause de son impopularité, George Bush est devenu un repoussoir, un épouvantail. Beaucoup des candidats républicains l’évitent et ne souhaitent pas s’afficher avec lui, dans leurs meetings de campagne. Décidément, le monde politique est cruel. Hier encore, tout le monde se bousculait pour avoir la grâce et la protection du président. Comme Hillary et Pelosi, Bush est un formidable collectionneur des fonds, qu’il mettait à la disposition du Parti pour financer la campagne électorale des candidats républicains. Le président évite soigneusement les Etats et circonscriptions ou son impopularité est immense. Il sélectionne les endroits surs et s’adresse à un public des partisans acquis.

Le rituel est le même dans ses meetings. Il fustige les « poncifs » de Washington, les intellectuels de gauche et s’en prend véhément à la presse. Bush n’apprécie pas que la presse américaine et internationale recourt aux mêmes méthodes qu’en 2004 : le dénigrement sectaire et le négativisme partisan. Il accuse la presse de cacher les informations positives sur l’Irak et d’inonder le public avec des analyses, images négatives, comme si l’Irak était l’enfer. Quelques jours avant le mardi 7 novembre –jour des élections- la presse européenne avait organisé un sondage mondial dont la question était-elle même biaisée: Considérez-vous le président George Bush, comme dangereux pour la paix et la sécurité mondiale ? La presse s’empresse de publier les résultats : Georges Bush apparaît en deuxième position. La presse écrite et audio-visuelle euro- américaine donneront une large diffusion à cet « exploit » du président George Bush.

Mardi 7 novembre au soir, la presse américaine et européenne est au charbon, rivalisant d’analyses et de projections. Les Etats et les circonscriptions tombent comme des fruits murs. Les démocrates (tout en conservant leurs sièges) avaient besoin de prendre 15 sièges aux républicains pour avoir la majorité au Congres (la chambre des Représentants ou parlement). Ils en prennent 30. Même s’ils sont loin de l’exploit de leurs camarades démocrates de 1974. Cette année la, les démocrates avaient raflé 75 nouveaux sièges aux républicains et obtinrent la majorité absolue au Congres. Les démocrates avaient bénéficié du scandale de Watergate durant la présidence du républicain Richard Nixon. Cette fois-ci, les démocrates ont bénéficié de la guerre en Irak, de l’immigration et des scandales financiers et ceux liés à la moralité et aux mœurs. L’Amérique profonde, conservatrice, pieuse, vertueuse et puritaine a fait payer très cher à George Bush, les frasques de son entourage.

La presse anti-Bush jubile. Elle a eu tout juste. Quelques angoisses pour le Sénat. Pour contrôler le Sénat, les démocrates ne doivent perdre aucun siège et ravir six nouveaux sièges aux républicains. La presse envoie ses meilleurs journalistes pour « surveiller » les Etats et circonscriptions sensibles qui peuvent basculer aux mains des démocrates : Ohio, Pennsylvanie, Rhode Island, Montana, Missouri, Virginie et le Tennessee. Tennessee est imprenable. Par contre, les autres tombent à l’exception de Montana et Virginie. Quelques irrégularités sont signalées, il faut recompter. La presse n’en a cure. Elle fait ses projections et annonce : Montana et Virginie tomberont. Mercredi la prise de Montana est confirmée suivit de celle de la Virginie. Les démocrates viennent de reprendre le contrôle du Sénat.

Les démocrates savourent leur double victoire. Ils viennent de mettre fin à 12 ans de disette et de traversée du désert. Ils mettent aussi fin a six ans de pouvoir absolue de George Bush qui contrôlait outre la présidence, le Congres et le Sénat. Le president Bush se rend à l’évidence. La cohabitation qu’il voulait éviter de toutes ses forces est la. Il devra composer au Congres avec Madame Nancy Pelosi, avec qui il a échangé des volées de bois verts, assortie des noms d’oiseaux et autres amabilités, avant et pendant la campagne électorale.

Fille de Thomas D’Alesandro, qui fut pendant douze ans maire de Baltimore, de 1947 a 1959, une légende du Parti démocrate des années 1950, Nancy Pelosi -66 ans- a grandi dans la politique (elle montre fièrement sa photo avec le légendaire John F. Kennedy, qu’il avait reçu avec son père, quand elle était encore une fille). Apres des brillantes études universitaires, elle épouse un prometteur immobilier qui fera fortune, brassant des milliards des dollars américains. Elle se consacrera a élevé ses cinq enfants (quatre fille, un garçon). Quand elle sa première chance a une élection, elle a 47 ans.

Socialisée dans la discipline, le sens de la famille et la solidarité au clan, Nancy Pelosi a amené ses valeurs dans son Parti. Comme chef de file –« speaker »- du groupe démocrate au Congres, elle fait régner une discipline de fer. D’après le journal le Monde, en 2005 grâce à Nancy Pelosi, les représentants démocrates ont manifesté le plus fort degré de cohésion depuis Eisenhower. Produit de la Jet-set society américaine, Pelosi amene aussi un carnet d’adresse et un portefeuille relationnel volumineux et épais. Elle est la seule –après Hillary Clinton- de mobiliser des ressources à un temps record.

Avec la victoire des démocrates au Congres, Nancy Pelosi sera –des le mois de janvier 2007- le « speaker », la présidente de la Chambre des Représentants. Elle est la première femme à occuper une telle fonction. Elle est par ordre protocolaire le troisième personnage des Etats-Unis, après le président et le vice-président. Elle sera la femme la plus puissante du monde. Toute une première. Au journaliste de CNN qui lui demandait, si elle avait conscience de son rôle historique, elle répondra simplement oui.

Nancy Pelosi a annoncé la couleur. Elle se battra pour une hausse du salaire minimum, la mise en application des recommandations de la commission d’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 et une loi sur les cellules souches. Il faudra aussi : «assécher le marais qu'est devenu Washington" pour y ramener l'honnêteté et la rigueur budgétaire. Au journaliste qui lui demandait si les démocrates lanceront une procédure de « impeachment », (destitution), elle répond sèchement : « la question, n’est pas a l’ordre du jour ». Décidément George Bush manque de pot, les démocrates sont aussi majoritaires au Sénat, il devra travailler avec le démocrate qui présidera le Sénat.

Mercredi 8 novembre, le président Bush avait reçu Nancy Pelosi à la maison blanche, pour jeter les bases de leur coopération. Il tient le même jour un point de presse, avec des journalistes. A un journaliste, qui lui demande, comment peut-il travailler, avec Nancy Pelosi, qui le traitait d’incompétent, de menteur et le Parti républicain d’un nid des corrompus, des vipères et des immoraux ? George W. Bush répondra calmement : « il faut mettre tout ça dans le compte d’une campagne électorale, tendue et crispée. Mais tout ça est derrière nous. Nous devons travailler ensemble pour le bien de notre pays ». Qu’elle est belle la démocratie américaine….
La mauvaise réponse américaine a l’immigration
PROJET DE LOI SUR L’IMMIGRATION CLANDESTINE (Etats-Unis)
EXPULSION……………………….MOINS DE DEUX ANS
AMINISTIE………………………...PLUS DE 5 ANS
200.000 VISAS TEMPORAIRES DE TRAVAIL
Face aux pressions, le président Georges Bush prononce un discours ce lundi 15 Mai 2006, sur l’immigration, alors que le Congres était en train de débattre de la Loi sur l’immigration.
Pour faire pression sur le Congres, des dizaines d’hommes en colère ont traversé les Etats-Unis en 10 jours, de Los Angeles à Washington. Ils réclament que les millions d’immigrants sans-papiers (12 millions) soient renvoyés chez eux de force.
Les « Minutemen », une sorte de milice civile formée en 2004 qui a comme objectif de surveiller et empêcher l’invasion des immigrés clandestins venant du Mexique. Des milliers d’hommes patrouillent la frontière mexicaine. Souvent armés jusqu’aux dents, ils repèrent et dénoncent les immigrants qui tentent d’entrer illégalement au pays.
Les « Minutemene » sont venus à Washinton manisfester et peser sur le Congres (Chambre des Représentants) qui débattait sur la Loi sur l’immigration. En face d’eux, les pro-immigrants. « Les Minutemen vont survivre malgré vous, maudits racistes » crie Jim Gilchrist, fondateur de ‘Minutemen Project’, aux manifestants pro-immigrants qui tentaient de perturber son discours. Les pro-immigrants brandissent des panneaux ou on peut lire : « Deport the Minutemen »’Expulser les Minutemen’. Dehors les Klux Klux Klan, dehors les fascistes crient-ils aux « Minutemen ».
La police du Capitole a du s’imposer entre les deux groupes pour éviter que la confrontation ne degenere. Les « Minutemen » pensait avoir un allié à la Maison Blanche, qui subventionnait le groupe. Mais depuis que George Bush, cherche une solution d’ouverture, envers les immigrants illégaux, il s’est aliéné tous ces républicains qui prônent la méthode forte. Dépité et furax, ils jurent de se venger lors des élections.
Elisabeth, «Minutemen » de première heure se sent trahie par George Bush, elle assène : « Il n’a plus mon appui. Pourtant, j’ai toujours voté républicain. Toute ma famille aussi, depuis des générations. Mais, plus maintenant ». Elisabeth (Arizona) fulmine parce qu’elle a été obligé de déménager avec toute sa famille en plein milieu de l’année scolaire. Malgré le mur dressé à la frontière, Elisabeth et son mari découvrent des sentiers battus portant des traces des pas. Les clandestins passent par la. Ils informent la police. La police avoue son impuissance. Son mari se fait transférer au Maryland et fuit leur maison. «En plein milieu scolaire, on a mis les enfants dans l’avion et nous sommes partis. On avait peur, tellement peur », soupire-t-elle avec une impuissance qu’elle cache mal.
Les faucons républicains veulent que les 12 millions d’immigrants illégaux soient déportés. Le président et le sénat proposent plutôt d’expulser seulement ceux qui sont ici depuis moins de deux ans. D’amnistier ceux qui vivent aux Etats-Unis depuis plus de cinq ans et d’émettre 200.000 visas temporaires de travail.
Le président décide d’envoyer 6000 soldats à la frontière mexicaine. Dire que la frontière avec le Mexique est poreuse (une passoire), le terme est faible. Un bon nombre d’américains parlent carrément d’hemmoragie, d’invasion de l’Amérique Latine. Ils sont plus de 500.000 à traverser illégalement la frontière chaque année. Un débat émotif qui prend des allures de crise nationale.
Le président annonce, qu’il dépêchera jusqu'à 6000 gardes nationaux a la frontière mexicaine, pour prêter main forte aux gardes frontières débordés, qu’ils ne peuvent arrêter le flot d’immigrants illégaux.
George Bush : « La garde nationale sera déployée pour un an. Et s’occupera du dispositif de surveillance informatisée, analysera les données, installera les barrières ».
« Cette aide sera la bienvenue » dit un des policiers qui patrouille la frontière texane. Mais, cette mesure ne fait pas l’unanimité au sein du parti républicain : « Le gouvernement fédéral n’a pas les effectifs qu’il faut, pour patrouiller les 3000 Km de frontière. La garde nationale est déjà en Irak et elle sert également en cas de catastrophe naturelle. Impossible donc de la déployer ailleurs ».
George Bush sécurise où militarise la frontière mais en même temps, il propose de donner aux illégaux qui sont déjà aux Etats-Unis, un permis de travail temporaire, des papiers en règle. Ceux qui seront régularisés peuvent sur demande obtenir la nationalité américaine. On compte plus de 12 millions des travailleurs illégaux aux Etats-Unis.
Un chantier de construction à Washington a quelques pas de la Maison Blanche. La plupart des travailleurs sont illégaux. « On nous paye très peu des fois pas du tout. Nous n’avons aucun recours » », confie l’un d’eux.
La majorité des immigrants illégaux sont mexicains. Et ils renvoient à leurs familles 20 milliards des dollars chaque année. Tout resserrement de loi aux Etats-Unis pourrait donc nuire à l’économie de son voisin du Sud.
Pour contrer l’immigration clandestine, George W. Bush promulgue une loi pour la construction d’un mur sur un tiers de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique : 1 132 kilomètres sur une frontière totale de 3 141 kilomètres entre les Etats-Unis et le Mexique. Le coût de la construction du mur est estimé entre 6 à 8 milliards des dollars américains

La réaction du président mexicain ne se fait pas attendre. «Cette initiative d’ériger un mur sur la frontière entre nos deux pays ne règle rien», déclare le nouveau président mexicain, Felipe Calderon, qui va prendre ses fonctions le 1er décembre. Réagissant au cours d’un voyage au Canada, Calderon a comparé l’initiative américaine à la construction du mur de Berlin. «L’humanité a fait une erreur avec le mur de Berlin. Et les Etats-Unis font également une grande erreur en érigeant un mur entre nos deux pays», a poursuivi le futur chef d’Etat. «Quatre cents personnes sont mortes l’an dernier en tentant de franchir cette frontière et la construction du mur conduira à une augmentation du nombre de décès», a-t-il poursuivi. « Il serait beaucoup plus utile, pour la question de l’immigration, de construire un kilomètre d’autoroute que dix kilomètres de mur à Sonora (ouest du Mexique)…cela va coûter cher, très cher aux contribuables américains».
Toutefois, ce mur ne résoudra rien et n’arrêtera pas l’immigration clandestine. Comme partout –mais beaucoup plus aux Etats Unis qu’ailleurs- l’immigration clandestine est nourrie par une forte demande intérieure. Des pans entiers de la florissante économie américaine ont besoin de main-d’œuvre. Comme l’agriculture, l’agro-industrie, le textile et l’horlogerie. Beaucoup d’américains détestent ces travaux, considérés dévalorisants. Alors, les patrons de ces différents secteurs se tournent vers les immigrants, qu’ils exploitent par des bas salaires, sans assurance maladie et sans assurance chômage. En échange, les clandestins reçoivent protection de leurs patrons. On est en plein régime médiévale sous la féodalité.
La mauvaise réponse espagnole a l’immigration
L’Espagne avait annoncé le 16 Mai 06, une série des mesures contre l’immigration clandestine. Un satellite sera même utilisé pour connaître le chemin exactement emprunté par les clandestins. Depuis le renforcement de la surveillance au Maroc, les îles Canaries sont devenus la destination de prédilection des immigrants africains qui tentent de gagner l’Europe par la mer, le plus souvent en partant de Mauritanie.
Souvent ces mesures apportent quelques résultats. Apres des jours, de centaines des kilomètres en haute mer, entassés sur une barque des pécheurs, la police espagnole vient d’intercepter au large des canaries, quelques immigrants africains.
Albert Candela, Chef du sauvetage en mer : « Nous trouvons sur certains bateaux, des gens qui arrivent vraiment dans un très mauvais état. Vous pouvez voir qu’ils sont très fatigués. Sur d’autres, ils semblent moins fatigués, ils ne viennent pas d’aussi loin ».
Au total près d’un millier des clandestins sont arrivés ces trois derniers jours, dans l’archipel espagnol. Un afflux que les autorités attribuent d’abord aux bonnes conditions météo. Mais, c’est aussi une tendance plus lourde. Depuis Janvier 2006 au Canarie, 6100 clandestins sont recensés contre 4715 de toute l’année 2005.
La raison de la hausse, le renforcement de contrôle dans le Detroit de Gilbratar. Les enclaves espagnols de Ceuta et Melilla deviennent de plus en plus difficile d’accès d’où l’ouverture par les passeurs d’une nouvelle route plus au sud : la Mauritanie, direction Las Palmes (Canarie).
Sur place (canarie), les centres de rétention sont saturés. Les immigrés inexpulsables, faute de papier, sont donc envoyés par avion en Espagne continental et souvent relâchés au bout de 40 jours aux portes de l’Europe tant espérée.
La responsabilité africaine

TV5 Monde a montré des images suivies des commentaires qui font froid au dos. Une scène retient particulièrement l’attention. Un père sénégalais bénit son fils de 13 ans. Il « envoie » en Europe pour faire fortune, pour qu’il puisse aider la famille. Un enfant de 13 ans qui devrait aller à l’école, jouer avec ses copains, se voit investir d’une mission, trop lourde pour ses frêles épaules.

En matière de stratégie pour l’immigration clandestine, il n’y a pas asymétrie d’informations. Comme beaucoup d’africains, Omar Diop (le père de l’enfant) a appris qu’en Espagne, la loi interdit toute incarcération et expulsion des immigrés clandestins mineurs. La routine est toujours la même. A chaque pirogue des clandestins secourue en haute mer, la police met a coté tout enfant qui n’est accompagné de ses parents. Ces clandestins mineurs sont places d’office sous la responsabilité et la protection de l’Etat espagnol. Ils sont hébergés dans des centres, en attendant leur majorité. Trop jeune pour travailler selon la loi espagnole et protégée contre l’expulsion, les clandestins mineurs suivent une formation accélère, à commencer par des cours d’espagnol et d’alphabétisation fonctionnelle. Histoire de favoriser leur intégration dans la société espagnole.

Malick Ba (17ans) témoigne : « Le voyage était dur, parce que, on a quitté sans beaucoup de nourriture. On est resté sept jours sans manger. Le huitième jour, on n’avait plus de l’eau à boire. On a commencé à boire l’eau de la mer ». A la question, s’il aimerait retourner au Sénégal, Malick fronce les sourcils et d’une voix grave lance : « Ca jamais. Il n’y a pas de travail là-bas. Ici au moins, je travaillerai un jour et aiderai ma famille, surtout ma mère, mes sœurs, mes tantes et oncles ».

Au large des cotes de l’Archipel des Canaries, des dizaines de barques, arrive chaque jour, depuis quelques mois. Elles sont aussitôt, interceptées par le service espagnol de sauvetage en mer. Ces barques sont parties du Sénégal, entassées parfois a plus des 80 personnes. Des navigations de fortune qui arrivent le jour. Qui arrivent la nuit aussi par familles entières, enfants compris.

Ils viennent tenter leur chance, à l’assaut de l’Eldorado espagnol. Les autorités espagnoles ont tout prévu. Casse-croûte fourni a l’arrivée. La Croix-Rouge propose même les chaussures pour ces clandestins après sept jours de traversée au péril de leur vie. Seulement voila. Les casse-croûtes terminées, c’est le retour à la case départ. Dans les heures qui vont suivre, ces immigrants seront expulsés. Ce que les images ne montrent pas, ce sont les conditions de rapatriement par la police espagnole, jugé inacceptable par le Sénégal. Les clandestins sont menottés. On leur a fait croire, qu’ils s’envolaient pour Malaga, dans le Sud de l’Espagne, alors qu’ils volaient en fait vers Dakar.

Mais pourquoi les jeunes sénégalais fuient le Sénégal ? Le port de Thiarote-Sur-Mer au Sénégal. Ses belles plages vertes, ses pécheurs. Derrière la carte postale se cache la misère. Une vingtaine des jeunes du village ont trouvé la mort en Février 2006 dans le naufrage de leur embarcation. Une pirogue traditionnelle. Pas du tout équipée pour la haute mer pendant les sept jours que dure la traversée. Plus de 1400 km de trajet.

Mais ce drame ne décourage pas les Mamans de Thiarote. Chaque semaine, elles mettent au pot commun, ce qu’elles ont économisé. Apres un tirage au sort, l’argent va a l’une d’elles. Non pas pour son propre usage mais pour financer le départ d’un fils vers l’Europe. « On n’a pas de moyen. C’est compliqué de le faire rester ici. Mieux que d’aller tenter la France ou mourir en mer, que de rester ici » confesse impuissant, Abdul Mbaye, chef du village.

Depuis le début de l’An 2006 jusqu'à fin Octobre, plus de 30000 illégaux (soit largement supérieur pour toute l’année 2005) ont quitté les cotes africaines et débarqués vivants aux îles Canaries. Tous n’ont pas eu cette même chance, de centaines d’autres ont péri en mer.

Le samedi 7 octobre est un souvenir amer et inoubliable. Ce jour la, des africains sont morts lors d’assauts désespères vers les enclaves de Ceuta et Melila (Voir mon article : immigration clandestine : Hypocrisie Européenne et Responsabilité Africaine). TV5 Afrique a fêté cet anniversaire à sa manière en revisitant le malheureux événement. On voit des barbelés d’Europe pris d’assaut par une horde des africains, Souvent jeunes. Parmi eux, des femmes et des enfants.

L’image ne frappe pas seulement l’imaginaire occidental, elle choque –surtout- les africains que nous sommes. Quelques clandestins sont arrivés a « destination », beaucoup sont morts. Beaucoup d’autres refoulés en Afrique. Ils sont 150 000 a errer dans leur propre continent, mais loin de leurs pays d’origine. Ils viennent de partout. De la RDCongo, Cameroun, Sénégal, Maroc, Mali, Niger, etc. Beaucoup d’entre eux préfèrent « traîner » et rechignent de rentrer dans leurs pays d’origine par manque d’argent, mais souvent par honte et par gène aussi.

A Dijeni (Mali), ils sont une cinquantaine des refoulés, réunis à la Mairie, avec leurs élus et leurs familles. Ces refoulés ont un trait commun : tous ont tenté d’émigrer, tous ont échoué. L’un après l’autre ils parlent. Leurs histoires se ressemblent.

Modibo Diarra : « C’est la pauvreté qui nous fait fuir. Nos familles, nos parents aussi sont dans la misère. Il n’y a que de la misère ici». Le départ vers l’Europe est toujours le même et obéit a un rituel. On réunit avant tout l’argent pour payer le « transport », les passeurs. Ensuite la bénédiction des parents, sans laquelle aucun départ n’est possible. Enfin, le voyage lui-même, plus sordide que romanesque. Une interminable errance : la traversée du désert, les frontières, la cupidité des passeurs, l’embarcation sur des pirogues, les compagnons d’infortune qui meurent, l’arrivée a la porte du « paradis » européen, puis la vue des bateaux de reconnaissance de la police des frontières maritimes. L’intervention de la police matinée souvent par la répression.

Devant la camera de TV5 Monde, Moussa Kane, l’un des refoulés, montre sa blessure par balle. Comme ses camarades, il redoute le pire : l’expulsion. Le chemin de retour sans espoir. Le retour au village plus pauvre encore. Mais l’échec n’efface pas l’obsession. Moussa Kane : « Je vais encore repartir. Je vais me venger de mon sort. Je vais m’enrichir, vivre enfin heureux avec ma famille et ma richesse ». Pour les refoulés, l’échec est multiple. L’argent gaspillé, les mois parfois des années perdus, la honte surtout.

Parmi les jeunes, Brama Traoré est dépité. Son propre voyage l’a amené en Algérie, Maroc et a la case de départ. Il témoigne : « Nous sommes très humiliés. Quand ils vont revenir, ils vont se moquer de nous. Dire que nous sommes des bons a rien, de rester ici. Si vous voyez qu’on cherche tellement d’aller en Europe, c’est pas par plaisir ou par amour de l’Europe, c’est seulement pour nous en sortir. Mais si nous avons ici ce qu’il nous faut. Un minimum d’aide pour subvenir a nos besoins, alors nous ne partirons pas, nous resterons. Sinon, nous recommencerons… ».

C’est justement pour éviter que ces jeunes tentent de nouveau l’aventure, que la société civile, a organisé le Forum de Bamako pour récupérer ces « refoulés », dans une perspective ambitieuse : aider les immigrés clandestins rapatriés a surmonter l’humiliation par la confrontation des expériences, transformer les détresses individuelles en exigences politiques. Aminata Traoré : « Il y a cette communauté de destin dans le malheur qui les lie et qui fait bon, qu’on peut leur dire aujourd’hui, on peut leur dire vous avez un pays, un continent tout a construire, un continent ou tout est a faire. Vous n’avez pas besoin de mendier votre place en Europe ». L’initiative de ce forum, c’est elle, ancienne ministre de la culture du Mali, devenue figure emblématique africaine de « l’Alter Mondialiste ». José Bovet –autre égérie du mouvement- assène : « La solution n’est d’ériger des murs, des méthodes répressives. Si on veut que les gens restent chez eux, il faut créer les conditions pour qu’ils travaillent et vivent réellement de leur travail. Il faut pour cela que les règles de jeu de l’économie mondiale changent, qu’elles deviennent plus équitables ».

Toutefois, les gouvernements africains et leurs partenaires occidentaux ne créent pas ces fameuses conditions optimales, qui permettent a des jeunes africains de plus en plus nombreux, de croire à l’Afrique. Les candidats ne sont pas disposer d’attendre l’avènement d’un ordre mondial plus juste. C’est que, les organiseurs du Forum sont contraints à un équilibre très délicat. Défendre d’un coté de la liberté de circuler et dénonciation de la fermeture des pays du Nord à l’immigration, et de l’autre coté, persuader les candidats à l’exil, de ne pas céder à l’attirance de l’Occident. On peut ironiser sur la dimension incantatoire du Forum de Bamako, sur son impuissance à inverser l’ordre économique mondial, qu’il dénonce, il n’en reflète pas moins, l’irruption de l’Afrique dans un débat sur l’immigration, jusqu’alors monopolisé par le Nord, balisé par sa version de ses intérêts. C’est relativement nouveau, mais pourrait dans l’avenir peser davantage.

Mme Mulegwa Kinja,
11 Novembre 2006