16 novembre 2006 : Journée Internationale de la Tolérance

16 novembre 2006 : Journée Internationale de la Tolérance
Quid de la République Démocratique du Congo en cette période post – électorale ?

Par Moïse CHIRHALWIRWA MASONGA
Coordonnateur Général
ACTIONS JEUNESSE

LES NATIONS UNIES ET LA TOLERANCE

Le 12 décembre 1996 par la Résolution 51 / 95 l’Assemblée Générale des Nations Unies instaure, pour chaque 16 novembre, la Journée Internationale de la Tolérance ( JIT ) sur une impulsion de l’UNESCO à la fin de l’Année Internationale de la Tolérance ( 1995 ).
Réunis à Paris du 25 octobre au 16 novembre 1995 pour la vingt-huitième session de la Conférence générale, Les Etats membres de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture signent la Déclaration des Principes sur la Tolérance dans laquelle ils définissent celle-ci comme suit ; « La Tolérance le respect, l'acceptation et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains. Elle est encouragée par la connaissance, l'ouverture d'esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La tolérance est l'harmonie dans la différence. Elle n'est pas seulement une obligation d'ordre éthique ; elle est également une nécessité politique et juridique. La tolérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre. »
Dans cette Déclaration, les Etats membres relèvent le fait que l’Etat doit jouer pleinement son rôle de promotion et de maintien de la Tolérance par l’intermédiaire d’une justice et une impartialité en matière de législation, d'application de la loi et d'exercice du pouvoir judiciaire et administratif.
Un accent est aussi mis sur les dimensions sociales de cette Tolérance qui ne peut trouver son efficacité et efficience que dans l’éducation tout azimut de tout le monde afin de combattre la violence et l’intolérance entre les civilisations.
L’engagement est pris par les Etats membres de promouvoir la tolérance et la non-violence au moyen de programmes et d'institutions dans les domaines de l'éducation, de la science, de la culture et de la communication.
Plusieurs activités et initiatives sont entre autres organisées et menées par les Nations Unies comme celles : ‘Désapprendre l’Intolérance’ en 2004 et l’Alliance des Civilisations’ en 2005 pour promouvoir la Culture de la Paix et à travers elle la Tolérance entre les Peuples !
Reste à savoir si les Etats membres et en ce qui nous concerne, la République Démocratique du Congo, respectent les engagements pris en terme de promotion de la Tolérance.

LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET LA TOLERANCE

Si il nous faut classifier certains Etats membres en termes de Tolérance et Intolérance, la République Démocratique du Congo ( RDC ) serait classé au premier rang des pays où règne l’intolérance !
La Pauvreté sous toutes ses formes ainsi que l’analphabétisme honteux et éhonté qui frappe des millions de congolais les soumettent à une situation d’Intolérance ‘choisie’ et ‘subie’ selon les cas.
Les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1960 n’ont pas investi dans une éducation civique citoyenne permettant l’instauration d’une société congolaise ‘tolérante’ et éprise de paix sociale.
Les affres du colonialisme belge, de décennies de dictature ‘mobutiste’, de guerres à répétition et enfin d’une gestion bananière et calamiteuse de la période de Transition en RDC n’ont pas réellement et effectivement favorisé la promotion de la Tolérance comme vertu dans le chef des congolais !
La Tolérance est une obligation morale à la fois pour l’Etat et les citoyens ; l’Etat doit tout faire pour circonscrire cette obligation dans sa législation et tous les textes constitutionnels qui le régisse.
Voyons ce qu’il en est de la Tolérance en RDCongo dans divers domaines de la vie de chaque jour :

A. SUR LE PLAN POLITIQUE

Si il y a un domaine pour lequel nous ne recommanderions pas les jeunes générations de se baser comme exemple au Congo – Kinshasa, la politique est numéro un !
Sur la scène politique congolaise on y trouve un meli melo de politicailleurs et non politiciens qui n’agissent en général que pour des intérêts personnels.
Alors que les congolais devraient profiter de leurs atouts géostratégiques et naturels pour favoriser des émules, ils ( les congolais politiciens ) ils ‘tolèrent’ que des millions de vie soient sacrifiées pour des pots – de – vins inutiles en toute inconscience.
Prenons l’exemple des soi – disant budgets nationaux votés par des Parlements qui n’en étaient pas vraiment ; les parlementaires n’ont pas appliqué les principes de la Tolérance les imposant d’accepter d’extirper la population congolaise de sa pauvreté.
Un autre volet à déplorer est celui des contrats léonins signés et accordés par des politiciens sans qu’aucune dividende ne soit versée dans les caisses publiques et contribuer à l’essor socio – économique des populations ; il en est de même de la gestion bananière des prêts et autres financements que reçoit le pays d’institutions internationales.
Vis – à – vis de sa propre population, la classe politique congolaise n’a pas été ‘tolérante’ elle a abusé de ses pouvoirs pour flouer tout un Peuple par une politique de démagogie et de terreur.
Entre eux, les politiciens n’ont pas prêché par l’exemple aussi d’où des quolibets et autres tentatives identitaires et discriminatoires lancés les uns contre les autres ; prenons le cas du processus électoral en cours où l’intolérance a atteint son paroxysme avec des termes violents comme ‘congolité’, ‘bauta’ , ‘mwana Congo’ ,…Les états – majors de politiciens n’ont pas tari en recherche et exécution d’actes d’intolérance et la population congolaise en a payé / en paie le tribut.
Ce sont ces mêmes politiques qui cautionnent au lieu de le combattre l’impunité !

B. SUR LE PLAN MILITAIRE

Les Forces Armées congolaises n’ont jamais existé en termes clairs selon les qualificatifs d’une armée nationale comme c’est le cas ailleurs.
L’armée congolaise n’a jamais été nationale ; elle a été tribale, appauvrie et annihilée du temps de Mobutu et aujourd’hui , malgré le processus de brassage et intégration, elle reste esclave de leurs chefs de guerre respectifs.
Ces sont les Forces Armées qui constituent les premiers auteurs d’actes d’intolérance à travers tout le pays au moment où elles sont censées être le protecteur de la population congolaise ; ceci est en grande partie du au fait que l’armée est clochardisée et ne peut survivre que sur le dos des paisibles citoyens en procédant à des extorsions et autres tracasseries.
Les politiques doivent revoir les textes concernant l’armée congolaise avec un impact sensible sur le social des militaires actifs et non actifs et éviter ainsi des aigris qui pourront à la longue créer des cas d’insécurité si rien n’est entrepris pour eux..
Si les militaires ne sont pas tolérants c’est aussi parce qu’ils ne bénéficient pas de la Tolérance dans les rangs de l’armée. L’armée est devenue une sorte de jungle où la loi du plus fort prime sans considération aucune à l’aspect humain de ses membres.

C. SUR LE PLAN RELIGIEUX

Jusque là le Congo n’a jamais connu des actes d’intolérance religieuse, les différentes confessions religieuses cohabitent en toute paix. Il est quand même utile de signaler que à l’allure où vont les choses avec la multiplication des sectes de toutes sortes il est possible que des dérapages soient constatés c’est le cas par exemple du célèbre BDK « Bundu Dia Kongo » au Bas-Congo qui va au delà de ses convictions religieuses et use de la violence pour se faire entendre. Les différentes divisions entre les églises de réveil sont aussi à souligner car des fois violence s’en suit !

D. SUR LE PLAN CULTUREL

En général, les congolais sont tolérants dans leurs cultures respectives, avec plus de quatre – cents tribus l’harmonie est perceptible malgré quelques cas de manipulation politique. Les différents discours victimaires n’ont pas eu vraiment d’incidence sur la vie des congolais ; le cas inoubliable et condamnable de nos frères kasaïens ayant payé le tribut des politiciens véreux du Katanga en est un mais à ce jour des entreprises de pacifications portent des fruits. Pour ce qui est du discours récent des « rwandophones » tout le monde sait que là n’est point un problème de tolérance car ceux – ci vivent en symbiose avec les autres communautés et cela ne justifie pas la prise d’armes pour le faire entendre.

E. SUR LE PLAN SPORTIF

Sur ce point, il y a gros à faire. Il est difficile aux congolais de comprendre que le sport est un outil par excellence de cohabitation pacifique. Le « fair play » recommandé dans les milieux sportifs en est un exemple .La tolérance dans le sport au Congo est moindre du fait de la corruption et du tribalisme qui gangrènent ce milieu ; aussi longtemps que les arbitres se laisseront corrompre et les fédérations seront partisanes, il y aura toujours du grabuge !

F. SUR LE PLAN SOCIAL

En parlant de tolérance sur le plan social on voit directement les inégalités.
La tolérance sociale est la capacité d'acceptation d'une personne ou d'un groupe devant ce qui n'est pas similaire à ses valeurs morales ou les normes établies par la société.
La tolérance sociale va de pair avec les différences et inégalités entre les gens qui composent la société, ces différences peuvent être liées au sexe, à la race, au travail, à la richesse,…c’est donc la façon dont les uns et les autres se comportent dans la société avec leurs différences. Cette tolérance sociale ne doit pas non plus approuver certains comportements nuisibles à la société.
Pour ce qui concerne les congolais, nous ne pouvons pas dire que ce peuple est totalement tolérant ou intolérant socialement, parfois nous vivons des cas extrêmes d’intolérance qui nous poussent à dire qu’il faut que nous fassions un grand effort dans ce sens ; que cela soit dans les foyers ( nombreux cas de violences conjugales ) ou ailleurs.

… / …
Il y a plusieurs autres domaines que nous pouvons disséquer en ce qui concerne la tolérance telle que vécue et / ou connue en RDCongo !

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Dans son message à l’occasion de la commémoration de la JIT 2004, le Directeur Général de l’UNESCO avait conclu en disant : « Aucune société moderne ne peut durablement se construire et s’épanouir dans une culture de l’intolérance » ; ceci est commun à tous, à toutes les Nations, à tous les Etats.
La Tolérance nous évite une Tour de Babel d’incompréhension manifeste et parfois entretenue risquant de briser les maillons de la chaîne qui unit les Nations sur Terre.
La Tolérance ne doit non plus être confondue à l’indifférence tant que l’on sait qu’elle nous exige le respect des opinions et convictions d’autrui ; il faut pour les Peuples du monde entier et de la RDCongo une Tolérance positive, c’est – à – dire celle qui propose une relation de moyenne entre nos différences et qui permette une symbiose entre les différents points de vue !
La Tolérance doit aussi être bien canalisée et renforcée par la Justice afin d’éviter une Tolérance sans limite qui mettrait en danger nos société comme le dit si bien Louis-Blaise DUMAIS LÉVESQUE : « Une tolérance sans limite facilite l'apparition de l'intolérance puisque celle ci étant tolérée comme tout le reste, elle se développe comme un cancer, gagnant toujours plus de gens à sa cause car plus il y a de l'intolérance, plus il y a de gens qui deviennent intolérants afin de la combattre! Nous revenons donc encore une fois au même dilemme : afin de combattre l'intolérance, l'État se doit d'être intolérant, ou du moins de fixer des limites à sa tolérance. »
Pour notre pays, la JIT doit être célébrée avec faste et les décideurs politiques devront en faire un devoir pour tous afin d’éradiquer l’intolérance qui rouille nos sociétés et foyers.
Nous devons coûte que coûte faire de cette vertu la fondation de la reconstruction de notre pays.
Les jeunes plus particulièrement doivent faire montre de plus de tolérance dans toute action entreprise afin de pouvoir être effectivement des bâtisseurs de la Paix entre tous !
Tel est le bref message à partager avec vous en cette journée importante pour nous, nous savons qu’il y a trop à dire sur ce thème et nous serons heureux de voir tout le monde s’y mettre.

Vive la Journée Internationale de la Tolérance !

Vive la jeunesse congolaise tolérante !

Vive la République Démocratique du Congo !

Moise CHIRHA MASONGA