Les propos du nouvel Ambassadeur de France en RD.Congo en rapport avec aprés les élections Présidentielles et Législatives.

Bernard Prévost, nouvel ambassadeur de France en République Démocratique du Congo, répond aux questions de radiookapi.net sur les thèmes de la sécurité, la justice, la coopération entre la France et la RDC ainsi que sur l’évolution du rôle de la communauté internationale avec la fin de transition.

radiookapi.net : Monsieur L’ambassadeur, vous participez a l’inauguration de l’académie de police judiciaire, est ce que cela veut dire que la France va s’investir dans la formation de la police citoyenne ?

Bernard Prévost: Je peux vous dire que la France est déjà fortement investie avec d’autres partenaires internationaux dans la mise en place d’institutions de sécurité valables, efficaces et pérennes. ce que nous souhaitons c’est de poursuivre après la phase de transition qu’a connu ce pays et avec le gouvernement issu des élections qui va prendre ses fonctions incessamment.

radiookapi.net : Former et assurer un premier équipement est une chose, mais il se pose souvent des questions liées plutôt à l’encadrement, au suivi, à la rémunération de cette police qui est formée... qu’en pensez vous ?

Bernard Prévost : Vous avez raison, c’est une démarche d’ensemble qui doit être faite. Ce que nous avons d’abord fait c’est reprendre la formation des policiers qui a été interrompue pendant des années. Mais il faut aller au delà de cette formation de base, il faut que la police d’intervention, la police territoriale aient les moyens de faire des enquêtes valables. On ne peut pas seulement se contenter d’aveux d’un criminel qui a été interpellé, il faut aussi des enquêtes scientifiques. Et c’est l’objet de l’enseignement qui va être développé dans cette école. Ensuite il faudra bien sur que les policiers soient mieux reconnus, mieux respectés et pour cela il faut que les salaires soient a la hauteur de la compétence des agents de la police, des cadres de la police, de façon à ce qu’ils respectent le code de déontologie, que la population puisse faire complètement confiance a ses policiers. C’un travail de longue haleine mais que nous entreprenons avec beaucoup de détermination à coté de nos amis congolais.

radiookapi.net : Quels sont les autres domaines de coopération dans lesquels la France compte s’investir dans un avenir proche en RDC ?

Bernard Prévost : Je crois d’abord qu’il est très important d’assurer le socle de cette nouvelle démocratie ça veut dire, une bonne gouvernance, des règles de respect des finances publiques, une sécurité assurée pour tous les citoyens, pour que tous les citoyens de ce pays puissent circuler librement sans être inquiétés. Donc une armée efficace, une police bien formée qui remplit sa mission, une justice aussi reformée qui puisse intervenir en toute indépendance mais aussi en application de la loi et dans des délais tout à fait raisonnable de façon a ce que les citoyens congolais croient en leur justice.

radiookapi.net : Les rapports des ONG de droits de l’homme indiquent que la plupart des cas des violations des droits humains sont l’oeuvre des forces de l’ordre : la police et les FARDC. Comment pensez vous que cela peut changer ?

Bernard Prévost : Je crois que ça fait partie d?un ensemble. Il faut une police efficace pour maintenir l’ordre, une police efficace pour interpeller les criminels ou les contrevenants et une justice efficace qui puisse faire appliquer la loi, sanctionner les comportements déviants, les comportements illégaux. Je crois que c’est ce qu’attendent les citoyens de ce pays de façon à pouvoir vivre en liberté pouvoir développer leurs activités. C’est qui est la base d’un développement économique attendu en toute harmonie.

radiookapi.net : La RDC représente un énorme potentiel pour les investisseurs. Qu’attendent donc les grands groupes français pour venir investir, s’installer et créer des emplois en RDC ?

Bernard Prévost : Ecoutez, avant de prendre mes fonctions il y a quelques mois, j’ai eu beaucoup d’échanges avec des chefs d’entreprises français, qui se montraient très intéressés par les investissements qu’ils pourraient faire en République Démocratique du Congo. Et la première question qu’ils me posaient était : est ce qu’on va pouvoir travailler en toute sécurité ? Si l’on vient, on a besoin d’une sécurité. Que ça soit une sécurité publique, une sécurité juridique, une sécurité bancaire, et c’est ce que je me suis évertué à dire ces derniers temps à toutes les autorités congolaises que j’ai rencontrées. Je crois qu’on travaille dans le même sens pour que justement avec les institutions issues des élections libres et démocratiques, l’économie puisse se développer dans un cadre légal bien défini.

radiookapi.net : Pendant la transition la communauté internationale a parlé d’une seule voix a travers le CIAT. La France et les autres acteurs internationaux vont-ils continuer à travailler dans cette même concertation ou allez vous désormais travailler séparément et être moins efficaces pour le développement de la RDC ?

Bernard Prévost : Le CIAT qui était le comité international d’accompagnement de la transition a terminé son oeuvre avec la fin de la transition. Et donc si d’autres modes de relations avec les autorités nationales doivent être mises en place, ça sera avec peut-être les mêmes acteurs mais dans un cadre différent. En tout cas certainement un cadre moins formel. Je crois qu’il serait bien dans les temps qui viennent qu’avec les autorités gouvernementales, les pays les plus impliqués dans la remise en ordre de la RDC, dans sa bonne gouvernance, que ces pays puissent avoir un dialogue régulier sur la stratégie retenue par les autorités congolaises, de façon à faire le point régulièrement pour voir si on est en phase les uns et les autres, si l’accompagnement qui va se poursuivre sur le plan politique, sur le plan du développement, sur le plan de la coopération va dans le bon sens, je crois qu’il y aura lieu de faire les points d’étapes réguliers.

radiookapi.net : Revenons sur le plan de la sécurité, Monsieur l’Ambassadeur. La France était l’un des acteurs majeurs de la mission de l’Eufor RDC. Ne pensez vous pas que l’Eufor est partie trop tôt alors que certaines questions liées à la sécurité ne sont pas encore réglées ? Je voudrais parler par exemple de la question de la garde du Vice Président Jean-Pierre Bemba qui se trouve toujours au centre ville de Kinshasa?

Bernard Prévost : Je crois qu’il faut rendre hommage à l’Eufor, à cette force composée de très nombreux détachements de forces européennes. Je rappellerai que cette force est venue à la demande du conseil de sécurité des Nations Unies, elle était en appui de la Monuc comme force de prévention pour accompagner les élections dans ce pays. Je crois qu’elle a rempli magnifiquement son rôle. Son mandat était de quatre mois, c’est vrai qu’il y avait tout un débat pour savoir si elle ne partait pas trop tôt. Comme la reconnaissance des résultats par les candidats ou les candidats non élus s’est passée normalement, cette force a pu commencer ses opérations de départ des le premier décembre, elle est en court de départ définitif, puisque le chef des forces va quitter Kinshasa demain au terme d’une mission tout à fait réussie. Le processus est entamé pour une intégration totale dans les forces armées nationales, c’est un processus qui est en court et c’est une tache qui relève du gouvernement congolais. En tout cas pour l’instant, depuis l’investiture du chef de l’état, j’ai noté qu’il n y avait pas d’incident notable et que les différentes forces, quelque soit leur origine, quelque soit la couleur de leur béret se respectent en attendant une intégration totale, une régularisation complète de la situation sécuritaire dans la capitale.

Propos receuilli par Madame Chantal Nyota,Chargé des Communications au sein de l'ONG Human Rescue/RDC à Kinshasa.
Tél:0812017442
E-mail:chantal99999nyota@yahoo.fr
Web:www.societecivile.cd/node/535