ENQUETES SUR LA PROSTITUTION DES FILLES MINEURES DANS UN QUARTIER DE BUKAVU EN PROVINCE DU SUD KIVU- RDCONGO.

ALERTE 09/06

Un des méfaits de la guerre : la prostitution à grande echelle.

Enquêtes sur la prostitution des filles mineures dans un quartier de Bukavu en province du Sud Kivu- RDCongo.
I. Constats.

Malgré l’effort de certaines organisations de défense et de protection de l’enfance et des institutions étatiques, certains concitoyens excellent toujours dans ce que l’on pourrait appeler « l’exploitation sexuelle des filles mineures ».

En effet, à Bukavu , dans le quartier Chahi (Essence),plusieurs maisons hébergent au vu et au su de tous , des maisons abritant des fillettes et femmes qui exercent en plein jour, le plus vieux métier du monde.
Nous vous présentons quelques témoignages recueillis sur place :

II. Témoignages

1. : Je m’appelle Dor…, je suis née en 1992, j’habite Igoki , en commune de Bagira. J’ai 14 ans, je suis prostituée.
Suite à la séparation de mes parents, quand j’avais 8 ans, je fus obligé de mettre fin à mes études faute de moyens. J’étais contrainte de vivre avec ma mère dans un petit studio communément appelé « campus », lieu où elle accueille les hommes pour la passe.
A l’absence de ma mère, les clients (adultes, jeunes garçons, …) me trouvait toute seule et m’intéressaient aussi en me disant « telle mère, telle fille ».
C’est ainsi que j’ai appris ce métier qui me rapporte 0,5$ l’unité ( la passe).
Aujourd’hui je suis déjà expérimentée et je me permets de prendre un peu de chanvre (valium…) afin de rester forte et de recevoir plusieurs hommes pendant la journée.

2. Je m’appelle Sha.., je suis née à Kasika, en 1978. J’ai eu une fille précocement qui a aujourd’hui 16 ans. Je prends des médicaments pour ne pas devenir grosse.
A force de prier sans résultats, je me suis découragée et me suis lancée dans la prostitution depuis mon jeune âge. On m’appelle dans le quartier « M’en fous na dunia » ( se foutre de la vie)

Des cas similaires sont nombreux dans ce coin de la ville de Bukavu.

Ce phénomène a pris de l’ampleur à partir des années de crise en RDCongo.( 1990 - ) Des maisons de tolérance ont alors poussé comme des champignons.
Cependant, les défenseurs de droits de l’enfant son parvenus à faire sceller une des maisons appelée
« chez Chikiza » le mois passé. Néanmoins d’autres continuent d’exercer. C’est le cas de la maison dite « Lycée Munganga » en référence au nombre élevé des filles mineures qui fréquentent cette maison.
Son propriétaire fait payer le loyer journalièrement à 2 dollars la pièce.
Les hommes de tout genre fréquentent ce milieu et certains se comptent même parmi ceux là qui devaient sanctionner cette pratique.

III. Recommandations.

A l’autorité politico administrative :

- D’interdire et d’ordonner la fermeture de toutes les maisons de tolérance qui utilisent les mineures dans l’exploitation et le harcèlement sexuel.
- D’encourager la scolarisation des filles
- De mettre en pratique la gratuité de l’enseignement primaire comme stipulé dans la constitution de la RDCongo.

Aux associations de défense des droits de l’enfant :

De poursuivre la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants
De vulgariser la charte relative aux droits de l’enfants en langue locale

A la population :

De dénoncer toute pratique avilissante touchant l’intégrité physique et morale de l’enfant.

GAO asbl.