Le procès du journaliste Frank Ngyke laisse un goût d’inachevé : le verdict ce vendredi 13 avril
Le Ministère public a requis mercredi 4 avril 2007 la peine de mort contre cinq personnes accusées d’avoir assassiné le journaliste Franck Ngyke du quotidien la Référence Plus ainsi que son épouse Hélène Paka, au mois de novembre 2005, au quartier Mombele.
Le tribunal militaire de Kinshasa-Matete va rendre son jugement ce vendredi 13 avril et mettra fin à ce long procès commencé le 12 juillet 2006. Les cinq accusés parmi lesquels trois militaires et deux civils sont poursuivis pour assassinat, tentative d’assassinat, association des malfaiteurs, extorsion, vol d’armes et recel des téléphones des victimes. La prévention de meurtre a été requalifiée par le tribunal, retenant l’assassinat parce qu’il y avait préméditation.
Il faut toutefois signaler que les avocats des parties civiles ont déploré la légèreté avec laquelle l’instruction de cette affaire a été menée que ce soit au niveau de la police ou du parquet militaire. Ils ont aussi regretté le refus du tribunal d’entendre certaines personnalités. Pire, le tribunal a refusé catégoriquement d’entendre en audience publique certains témoins principaux qui avaient été entendus par le ministère public à huis clos. Pendant quelques heures, l’opinion a été mise à dure épreuve par la menace des avocats de la partie civile de ne pas plaider au cas où le tribunal s’entêtait de ne pas autoriser l’audition publique de certains témoins cités, dont l’ancien ministre de l’Intérieur, l’ancienne secrétaire général adjointe du PPRD, un professeur de l’académie des Beaux Arts et un autre de la faculté des sciences politiques, section relations internationales de l’Unikin, dont pourtant les dépositions auraient pu éclairer la religion des juges. On a appris que les quatre témoins se sont contredits dans leurs dépositions à huis clos devant le ministère public. Ce qui renforce les suspicions à ce sujet et laisse un goût amer à ce procès.
Affaire Ngyke : un goût d’inachevé
Les avocats des familles ont estimé que ce procès laisse un goût d’inachevé, car le mystère demeurera sur les mobiles de cet ignoble assassinat. L’assassinat est-il lié à son métier de journaliste ou s’agit-il d’un crime crapuleux? Une question qui restera sans réponse.
De leur côté, les avocats des accusés ont demandé l’acquittement pur et simple de leurs clients faute des preuves tangibles de leur culpabilité. Selon eux, ce procès a dévoilé l’existence d’un autre groupe d’assassins présumés qui ont été interpellés par la police avant d’être relâchés. Le principal accusé, à savoir le sous-lieutenant Joël Munganda qui a reconnu avoir utilisé le téléphone portable volé à la victime, a demandé à être jugé seul dans cette affaire, estimant que ses quatre co-accusés sont innocents. Le rendez-vous est donc pris pour ce vendredi 13 avril au tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Matete.
OBSERVATOIRE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE EN AFRIQUE (OLPA)
Département des Enquêtes

