OLPA exige une vérité complète sur les assassinats de Franck Ngyke et de Bapuwa Mwamba
L’humanité célèbre le 3 mai 2007, la 17ème journée mondiale de la liberté de la presse. Elle est placée sous le thème : « Liberté de la presse, sécurité des journalistes et impunité ».
L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion du droit d’informer et d’être informé, saisit cette opportunité pour dresser un tableau sombre de l’état d’exercice de la liberté de la presse en République démocratique du Congo (RDC), durant les cinq premiers mois qui ont suivi l’entrée en fonction du président de la République élu, et trois mois après l’investiture du gouvernement.
OLPA reste vivement inquiet par la recrudescence d’actes arbitraires et d’une violence inouïe contre des médias de Kinshasa et de l’intérieur du pays. Il note que depuis le début de l’année 2007, plusieurs entreprises et professionnels de la presse ont été victimes de divers actes attentatoires au droit d’informer et d’être informé. Non seulement, les journalistes ont été interpellés, incarcérés, harcelés, menacés, mais aussi les entreprises de presse ont vu leur matériel de travail saccagé, emporté et leurs sièges carrément occupés par les forces de l’ordre, interdisant tout accès aux journalistes.
Depuis six mois Bonsange Mbaka, journaliste à l’hebdomadaire Mambenga, paraissant à Kinshasa, est détenu irrégulièrement au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (Cprk) pour des motifs inavoués, après avoir subi plusieurs actes de tortures dans des cachots ne dépendant toujours pas des parquets.
Depuis le 21 mars 2007, les signaux de chaînes de télévision CCTV (Canal Congo Télévision), CKTV (Canal Kin Télévision) et de la radio Liberté Kinshasa (Ralik) ont été coupés sans motif valable par des personnes non autrement identifiées, privant près de 100 journalistes et techniciens du droit d’informer librement le public et travailler correctement. Leurs sièges ont été sauvagement pillés par des éléments de la garde républicaine et de la police nationale congolaise.
En outre, le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Matete a condamné, le 13 avril dernier, trois soldats auteurs matériels de l’assassinat, le 3 novembre 2005, du journaliste Franck Ngyke Kangundu du quotidien la Référence Plus de Kinshasa, et de son épouse Hélène Paka, à la peine de mort et à la réclusion à perpétuité. OLPA constate que les présumés auteurs intellectuels de cet assassinat n’ont pas été entendus par le Tribunal militaire comme cela a été souhaité par les avocats de la défense et des parties civiles.
De même, OLPA note avec stupéfaction le silence étrange des autorités judiciaires, au sujet des poursuites à engager contre les assassins présumés du journaliste indépendant Bapuwa Mwamba, assassiné le 5 juillet 2006.
Eu égard à ce qui précède, OLPA considère que la sécurité des journalistes n’est pas assurée en RDC, malgré l’avènement d’une troisième République et des institutions issues des élections de 2006.
En conséquence, OLPA encourage le gouvernement congolais à favoriser la liberté de la presse sur toute l’étendue du territoire national en accordant une importance capitale à la sécurité des journalistes et des entreprises de presse.
OLPA réitère encore le vœu de voir les autorités congolaises accorder une attention particulière à la lutte contre l’impunité, principalement pour tous les bourreaux de la presse qui se sont illustrés par des actes attentatoires à la liberté de la presse durant cette période.
Tout en prônant la tolérance zéro pour toute atteinte à la liberté de la presse, OLPA espère qu’une enquête sera diligentée dans un avenir proche, en vue d’identifier toute personne qui a participé de près ou de loin à la violation de la liberté de la presse pendant les cinq premiers mois de l’année 2007. Ces personnes devront être mises à la disposition des autorités judiciaires compétentes pour répondre de leurs actes.
OLPA recommande à l’Etat congolais de réparer les préjudices subis par certaines entreprises de presse, dont le matériel de travail a été détruit, saboté ou pillé à la suite des atteintes à la liberté de la presse précitées.
Enfin, OLPA soutient l’initiative des avocats des condamnés du procès Franck Ngyke d’interjeter appel, car cette démarche permettra à la juridiction supérieure saisie d’entendre les présumés auteurs intellectuels de l’assassinat du couple Ngyke et voir dans quelle mesure engager des poursuites contre eux. OLPA souhaite aussi que le dossier relatif à l’assassinat du journaliste Bapuwa Mwamba soit fixé devant le tribunal dans un délai relativement court.
Aux professionnels de la presse, il leur recommande de travailler dans le respect des règles du métier et d’apporter leur contribution à l’avancement de la jeune démocratie congolaise.
