LA JUSTICE POPULAIRE A BUKAVU, UNE ENTREPRISE CRIMINELLE… !
GAO asbl
Sud Kivu/RDCongo.
Alerte 005/07
LA JUSTICE POPULAIRE A BUKAVU, UNE ENTREPRISE CRIMINELLE… !
IL s’est installé une nouvelle donne à Bukavu ! c’est l’insécurité Généralisée.
Cette situation qui semble aux yeux de certains observateur avoir été il y a peu une spécialité des milieux ruraux et des quartiers périphériques de la ville tels : Bagira, Karhale, Cimpunda, Buholo, Essence-Major Vangu, Ciriri, a finalement élu domicile au centre même de la ville, où il ne se passe plus un mois, voir une semaine, sans que des maisons soient nuitamment visitées par des hommes armés, en uniformes militaire ou en civil.
Ce qui a introduit dans le vocabulaire courant de la ville de Bukavu. Les initiales NAI où HANAI. Càd Non Autrement Identifiés ou Hommes Armés non autrement identifiés ; l’on se souviendra en effet qu’ en 2006 après une recrudescence des cas d’insécurité dans cette ville et sur demande de l’ex-Gouverneur BUHAMBA-HAMBA, le président de la République avait ordonné le déploiement d’une équipe de la LEGION NATIONALE DE LA POLICE D’INTERVENTION RAPIDE, qui avait par sa présence, quoique éphémère, réussi à réduire les cas d’insécurité et des tueries, du moins pendant cette période. Légion qui avait pris soins de former une équipe locale débaptisée GMI Groupe Mobile d’intervention.
Après, KANIOLA, KALONGE, NINDJA,…. où les hommes armés identifiés et agissant en toute impunité massacrent la population civile, le tour est venu pour la ville de Bukavu où cette fois ce sont des Non Autrement identifiés qui font le ravage en tuant, violant , pillant dans des quartiers urbains.
Pour faire face à cette situation, les jeunes tentent depuis un temps de s’organiser en équipe d’autodéfense pour la sécurité de leurs milieux de vie.
Cependant ces jeunes gens s’exposent à tout danger en acceptant de veiller toute la nuit.
Quoique cette initiative est bonne pour l’auto prise en charge face au silence coupable des services de sécurité, il sied cependant de craindre ce qui suit :
1.Instauration d’une Justice ou sentence populaire :
En effet, la perte de confiance de la population, ou mieux la détérioration de la confiance, et des relations population- autorités civiles et militaires, risque de donner lieu à une entreprise criminelle quand on sait que, en tuant sur le champ tout bandit ou voleur attrapé en flagrance, les présumés innocents peuvent y passer suite à la précipitation et la colère de la foule. D’ailleurs, trois hommes viennent de subir la rigueur de cette justice populaire ce 30 mai 07 dans le quartier essence ( major vangu). Et pourtant toute personnes est censée être innocente jusqu à ce que sa culpabilité soit prouvée par la justice.
2. Le règlement de compte :
Vue la situation de l’après - guerre que traverse le pays et tout les dégâts causés cette dernière, il est possible qu’au sein de la population il y ait des plaies non encore cicatrisées et qui peuvent pousser certains à la vengeance aveugle.
L’auto prise en charge de la population pour sa sécurité risquerait de devenir une occasion de régler des comptes aux personnes avec quoi on entretient des conflits, ce que pourrait donner lieu à un cycle infernal de conflit dans nos milieux.
3. l’attaque des innocents.
Lors de ces patrouilles d’auto-prise en charge, toute personne étrangère au quartier (non connue qui s’y retrouve la nuit soit pour une visite) serait directement prise pour cible, et donc assimilée aux infiltrés.
En cas d’incapacité d’explication de ce dernier, il sera présume « voleur ou infiltré » et risquerait de subir la rigueur de cette justice populaire. Surtout en cette période caractérisé par la psychose de la « guerre ».
RECOMMANDATIONS
1. Aux Autorités Civiles et Militaires :
- de prendre en mains leurs responsabilité pour la sécurisation de la population et de ses biens,
- de renforcer la police et d’instaurer des points de contact ou de localisation des unités de cette Police
- de songer à l’installation d’une police de proximité dans des quartiers ;
- de rendre possible la fourniture en électricité au sein de la population pour éviter des poches d’obscurités favorisant les malfaiteurs.
2. A la Population :
- de faire confiance aux Juridictions compétentes car nul n’a le droit de se rendre justice,
- de savoir que la vie humaine est sacrée, que nul n’a la pouvoir de mettre fin à une vie humaine quelles que soient les raisons avancées,
- de se rappeler que toute personne, quelle que soit l’infraction commise, jouit de la présomption d’innocence et que seul un tribunal est compétent et habilité à prononcer la condamnation ou l’acquittement d’une personne après jugement.
3. Aux Associations de paix, démocratie droits de l’homme :
4.
- de mettre plus d’accent sur la sensibilisation de la population aux droits humains, et à l’éducation civique
- de créer un cadre de concertation et d’échange entre les autorités et la population.
GAO asbl.
