Audience du mardi 17 juin 2007 dans le procès sur l’assassinat du journaliste Serge Maheshe Kasole

Audience du mardi 17 juin 2007 dans le procès sur l’assassinat du journaliste Serge Maheshe Kasole

Audition de témoins

Le Tribunal militaire de Garnison de Bukavu a poursuivi l’instruction du dossier en rapport avec l’assassinat du journaliste Serge Maheshe de la Radio Okapi ce mardi 17 juillet 2007 à partir de 10H45 devant la cour de l’Inspection de la Police Nationale Congolaise à la Botte dans la commune d’Ibanda à Bukavu. En gros, l’audience de ce jour a tourné autour de l’audition des témoins : le Lieutenant Ndekote, le Caporal Mateso, tous deux basés au poste militaire « Bijido » situé sur l’avenue Saïo non loin de l’endroit où Serge a été tué. Il y avait également le Dr Zozo Musafiri, Mr Grégoire Shamavu Mulimbi, père du prévenu Alain Mulimbi et, enfin, Mme Jeanne Zawadi Nkere, mère du défunt Serge Maheshe. Mais, chacune des dépositions de ces témoins a ramené à plusieurs reprises les 4 prévenus à la barre afin de répondre à telle ou telle autre question ou encore pour éclairer une zone d’ombre.

Sans entrer dans les détails de chacune desdites dépositions, chaque témoin a été invité à raconter comment il s’y est pris lorsqu’il a entendu les coups de balles et la voix de celui qui appelait au secours au moment du crime. Le Lieutenant Ndekote a soutenu qu’à son arrivée sur le lieu du crime, il n’a rencontré que monsieur Alain et le Caporal Mateso pendant que Serge gisait au sol et que c’était lui qui avait pris l’initiative de faire acheminer le blessé à l’hôpital général de référence de Bukavu. Mais, selon monsieur Shamavu, cette initiative a été plutôt prise par son locataire, le Dr Zozo, et c’est celui-ci qu’il avait plutôt rencontré sur le lieu en question ainsi que son propre fils Alain. Mr Shamavu a encore précisé que le véhicule du Dr Zozo a dépêché le blessé à l’hôpital après s’être fait aidé par monsieur Serge Muhima pour faire entrer la victime à bord dudit véhicule. A bord de ce véhicule, on pouvait également noter la présence de Serge Muhima et de Alain Mulimbi alors que les 2 autres prévenus ont prétendu que Alain les avait emmenés après le crime à bord d’un autre véhicule à partir de l’Hôtel Mont Kahuzi et qu’il les aurait laissés à hauteur de l’hôtel Tanganyika. Lorsqu’il voulait démarrer son véhicule afin de suivre le blessé à l’hôpital, Mr Shamavu aurait été intercepté par le Lieutenant Ndekote. Celui-ci aurait exigé qu’on l’amène d’abord à la 10è Région Militaire pour qu’il aille informer les militaires en faction à cet endroit de l’événement malheureux qui venait de se produire. En rentrant de là, monsieur Jules, un des petits-frères de Alain qui était également dans le même véhicule, a reçu un coup de fil de la part de ceux qui avaient précédé à l’hôpital lui annonçant la mort de Serge Maheshe. Au lieu de continuer la route jusqu’à l’hôpital, le même militaire aurait exigé qu’on le ramène à son poste.

L’autre temps fort de cette audience a été l’audition de madame Jeanne Zawadi Nkere, mère de feu Serge Maheshe. Après avoir révélé que c’est par la visite de Mr Mulimbi et un des fils de celui-ci qu’elle a appris la même nuit du 13 juin 2007 la mort de son fils, elle a raconté, à la demande du tribunal, les problèmes que Serge aurait connus dans les mois qui avaient précédé sa mort étant donné que, d’après cette mère, elle parlait de tout avec le défunt. Pour elle, la mort de Serge doit avoir un lien avec un incident que ce dernier avait eu au mois de mai 2007 avec les gardes présidentiels basés à la Botte à côté de chez lui, donc ses voisins. C’était à la suite du stationnement jugé gênant du véhicule d’un beau-frère de Serge à l’occasion d’une visite chez le journaliste. A son retour du travail, lorsque le journaliste a voulu intervenir en faveur de son hôte, on l’aurait menotté ainsi que son hôte avant de le menacer de mort. Ces éléments de la garde présidentielle lui auraient dit qu’ils étaient en mesure de le tuer sans qu’ils soient par la suite poursuivis en justice. Il a fallu l’intervention de plusieurs personnalités, notamment du service de sécurité de la Mission des Nations au Congo (MONUC), du chef de ces gardes présidentiels et celle du gouverneur de province du Sud-Kivu pour apaiser tant soit peu la tension. Mais, semble-t-il, malgré cela, les menaces n’ont pas cessé dans la mesure où ces militaires ont commencé à dresser des barricades sur le tronçon routier jouxtant le domicile de Serge, empêchant ainsi le véhicule de Serge de passer. Selon la même dame, l’autre cause de la mort de Serge pouvait être liée à son travail : les cas qu’il ne cessait de suivre dans le cadre professionnel étaient de nature à le mettre en insécurité. Elle a déclaré devant le tribunal qu’elle n’est pas d’accord avec les 2 présumés prévenus qui prétendent avoir été manipulés par Alain Mulimbi et Serge Muhima pour tuer son fils. Alain Mulimbi, selon elle, est un proche de feu Serge et que tous les deux étaient des amis de longue date. Non seulement, à certaines périodes de leur vie, ils auraient eu à vivre dans une même maison mais encore ils n’ont jamais eu d’antécédents.

Voilà en bref l’essentiel de l’audience de la journée de ce mardi 17 juin 2007.

L’audience a été levée aux environs de 17H40 et va reprendre mercredi 18 juin 2007 à 8H30.

Fait à Bukavu, le 17/07/2007
Héritiers de la Justice

Le procès des présumés assassins du journaliste
Serge Maheshe Kasole

Le Tribunal de Garnison Militaire de Bukavu a poursuivi ce lundi 16 juin 2007 devant la cour de l’Inspection de la Police Nationale Congolaise à La Botte dans la commune d’Ibanda vers 10H00 le procès sur l’assassinat de monsieur Serge Maheshe Kasole, Secrétaire de rédaction à la radio Okapi, abattu dans la nuit du 13 au 14 juin 2007 sur l’avenue Saïo en commune d’Ibanda dans la ville de Bukavu par des hommes armés non autrement identifiés. A la barre, il y avait monsieur Serge Muhima, Alain Mulimbi, Bisimwa Matabaro et Freddy Mugisho.

Le Tribunal a commencé par répondre aux 2 préoccupations soulevées par les avocats de la défense, à savoir la compétence du tribunal militaire de juger des prévenus civils déferrés devant eux et la demande de mise en liberté provisoire sollicitée en faveur de certains prévenus. A la première, il s’est déclaré compétent en ce sens que monsieur Serge Maheshe a été tué à l’aide d’une arme à feu tandis que pour la deuxième, il l’a rejetée parce que, a-t-il estimé, comme l’instruction est encore en cours, ces gens risqueraient de prendre fuite et se soustraire ainsi à la justice.

Pour ce qui est de l’instruction proprement dite, elle a débuté par le récit des faits tel que vécus par les prévenus Freddy Mugisho et Bisimwa Matabaro. Dans leurs déclarations, ils ont soutenu avoir été approchés par monsieur Alain Mulimbi un certain 09 juin 2007 au bar communément appelé « Chez Kizos » dans la commune de Kadutu lorsqu’ils se sont convenus de tuer le journaliste Serge Maheshe. Toujours selon leur propos, Alain et Serge Muhima leur auraient promis 2 passeports de voyage, les frais de voyage RD Congo - Afrique du Sud pour aller y rester et, enfin, une somme de 30 mille dollars américains en cas de succès. Selon les mêmes prévenus, l’arme qui a été utilisée lors du crime a été achetée auprès d’un certain Mulifa Fundi alias Dikando, un militaire des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), qui serait actuellement au brassage à Luberizi dans la Plaine de la Ruzizi.

Ils ont poursuivis en disant que le 13 juin 2007, lors de l’assassinat, ils auraient été amenés à bord d’un véhicule par Serge Muhima et Alain Mulimbi jusqu’à hauteur des toilettes de l’Athenée d’Ibanda dans la commune d’Ibanda et que les deux derniers cités leur auraient demandé de rester là-bas pendant 5 minutes avant de les rejoindre sur la route qui longe l’habitation de monsieur Alain Mulimbi sur l’avenue Saïo où devait être également monsieur Serge Maheshe. Ils ont soutenu que la veille, ils avaient été conduits sur la même avenue par les deux compères pour la reconnaissance du lieu où l’opération macabre devait avoir lieu.
Une fois, Serge abattu, ils auraient pris la direction de l’hôtel Mont Kahuzi sur l’avenue P.E. Lumumba où, selon eux, conformément à la consigne leur faite par Serge Muhima et Alain Mulimbi, ils devaient se rencontrer avec le dernier cité pour leur évacuation. Une fois le véhicule arrivé à un certain niveau, on les aurait laissés poursuivre leur chemin à pied. Sur l’avenue Route d’Uvira, ils auraient été interceptés par une patrouille de la Police mais ils auraient réussi à s’échapper après avoir tiré une balle en l’air. C’est là qu’ils ont laissé tomber certains effets qu’ils avaient sur eux, notamment une jaquette que portait Bisimwa Matabaro ainsi qu’un appareil radio talkie walkie Motorolla.

Lorsque la parole a été donnée aux prévenus Serge Muhima et Alain Mulimbi pour leur appréciation de ces accusations, ils ont tout rejeté en bloc.

Le reste de l’audience de ce jour a tourné autour des prises de parole des avocats, qui pour poser l’une ou l’autre question aux prévenus, qui, pour exprimer une préoccupation ou une requête quelconques.

L’audience a été suspendue vers 17H40 et va reprendre ce mardi 17 juin 2007 au même endroit à partir de 9H00.

Fait à Bukavu, le 16 juin 2007
Héritiers de la Justice


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