Bukavu : La rentrée scolaire à deux vitesses.

Bukavu : La rentrée scolaire à deux vitesses.

Alors qu’au niveau de l’enseignement primaire et secondaire, les revendications salariales rendent hypothétique la première rentrée scolaire de la troisième république et divisent les syndicats des enseignants, à l’enseignement supérieur et universitaire, les étudiants , premiers finalistes de la troisième république fêtent leurs bourses d’Etudes ( 30 $)

Officiellement prévue pour le lundi 03 septembre 2007, la rentrée scolaire pour l’année 2007 – 2008 connaît plusieurs vitesses.
Le mot d’ordre du ministère de l’EPSP fixant la rentrée à cette date est timidement suivi par les écoles du réseau officiel où l’on observe un semblant de rentrée dans certaines écoles.

Quant aux enseignants catholiques regroupés au sein du (SYNECAT) la fermeté est au rendez-vous face à ce qu’ils considèrent comme une impréparation criante de la rentrée scolaire par le gouvernement. Alors unis, SYECO et le SYNECAT avaient invité les enseignants au strict respect du « mot d’ordre » (ne pas reprendre le chemin de l’Ecole) et demander aux parents de « garder les enfants à la maison pour leur sécurité » en donnant une sorte d’ultimatum au gouvernement pour qu’il réponde à leurs exigences au plus tard le 31 août à minuit. Le lundi 03 septembre rien n’étant fait ; sauf évidement des promesses ; l’on a observé un respect partiel du mot d’ordre des syndicats.

Syndicats divisés :

La veille du 03 septembre, certains établissements annoncent avec pompe le report de la rentrée pour le lundi 10 septembre, en évoquant comme motif les travaux de réhabilitation qui doivent être terminé avant de recevoir les élèves. C’est le cas du collège Alfajiri .
Contre toute attente et contrairement au mot d’ordre de leurs syndicats respectifs, certaines écoles ont ouvert ce 10 septembre 2007 : Athénée d’Ibanda, Institut de Bukavu, l’EDAP ISP, Alfajiri…Mais le SYNECAT reste couplé sur sa décision de grève.

Quant à ce qui est de revendications des enseignants ; elles se résument en quelques points :
- application du premier palier des accords de « MBUDI » ;
- allocation des frais de fonctionnement aux écoles ;
- paie régulière des salaires le 20 de chaque mois ;
- respect de la réglementation en matière du calcul des salaires ;
- suppression de la prise en charge des enseignants par les parents …

Ces accords dont les enseignants réclament à cor à cri l’exécution depuis plus de trois ans, avaient été négocié et signé en février 2004 entre les syndicats et le gouvernement ;
Ces accords fixent les salaires d’un huissier ; l’échelon le plus bas à 208 dollars US et le salaire du secrétaire général (échelon le plus élevé) à 2080 dollars US le mois…

Ce barème qui concerne tous les agents et fonctionnaires de l’Etat devrait en principe être appliqué en trois paliers jusque fin 2005 (Il accuse donc deux ans de retard). Le premier palier dont la concrétisation est réclamée aujourd’hui prévoyait 69 dollars pour le huissier et 690 dollars pour le secrétaire général.
L’enseignant moyen du primaire devrait ainsi, selon ces accords, toucher un salaire supérieur à celui du huissier. Chose qui n’est pas faite jusque-là. Mais entre temps à l’ESU, des étudiants finalistes de deux cycles ont leurs bourses de 30 dollars chaque mois quand les enseignants de l’EPSP attendent toujours « MBUDI ».
Notons cependant que lors des négociations de fin juillet 2007 un nouveau barème presque identique au premier palier de Mbudi a été proposé. Ce barème consacre deux zones salariales : celle qui comprend Kinshasa et Lubumbashi (la première) où le huissier a droit à un salaire de 35000 Fc (70 dollars) et la seconde zone qui comprend tout le reste du pays où le même huissier a droit à un salaire de 20.000 Fc (40 dollars) et un enseignant licencié universitaire 35.000 Fc (70 dollars) . Soit le même salaire qu’un huissier de Kinshasa et Lubumbashi. Comme qui dirait un huissier de la capitale vaut un licencié de l’intérieur du pays.

Face à cet imbroglio, les parents d’élèves des écoles Catholiques regroupés au sein de l’APEC (Association des parents d’écoles catholiques) réunis le dimanche 09 septembre 07 en Assemblée générale à la paroisse Saint François Xavier de Kadutu sous la modération de Maître Jean Claude MIRINDI de la LDGL ont pris position en faveur des enseignants en promettant de faire pression sur l’Etat afin que ce dernier puisse respecter ses engagements.
Une marche de soutien à la décision des enseignants et pour réclamer la suppression de la prise en charge des enseignants par les parents, est programmée pour le mercredi 12 septembre dans les rues de Bukavu.

Face à cette situation on ne peut plus confuse, GAO asbl recommande ce qui suit :

1. Aux Autorités politico administratives.

- De respecter leurs engagements en remettant aux enseignants un salaire décent selon leurs accords.
- En payant un salaire juste et équitable à tous les enseignants et fonctionnaires de l’Etat sans exception et sans zones salariales.

2. Au corps enseignants.

- De rester souder et d’avoir un seul langage dans la revendication des leurs droits plus que légitimes.

3. Aux parents d’élèves.
- de mettre fin au paiement de la prime afin de placer l’Etat devant ses responsabilités.

GAO asbl

11 septembre 07