Les parents de Bukavu enterrent la prime et exigent un salaire équitable et décent pour les enseignants

Le mercredi 12/09/2007, l’Association des Parents des Elèves des écoles Catholiques, APEC/Sud-Kivu en sigle, a organisé une marche de protestation contre le paiement de la prime aux enseignants par les parents congolais. La marche à laquelle une centaine de parents a pris part a eu comme point de départ la Place de l’Indépendance jusqu’au gouvernorat de province. Encadrée par des éléments de la Police Nationale Congolaise, cette démonstration est un soutien des parents aux revendications des enseignants congolais depuis la rentrée scolaire qui était officiellement prévue le 03/09/2007. A l’exception du Collège Alfajiri, l’école primaire la Véronique qui ont ouvert leurs portes le 10/09/2007 et les écoles privées. L’enseignement primaire et secondaire est paralysé dans la province du Sud-Kivu. En plus du fait que l’Etat s’est avéré incapable de payer le 1er pallier des Accords dits de Mbudi, les enseignants continuent à protester contre l’existence de deux zones salariales qui fait que les enseignants de la capitale touchent plus que leurs collègues oeuvrant dans les provinces. Enfin, beaucoup d’enseignants ne touchent pas ce salaire dérisoire émanant de Kinshasa, faute de numéro matricule depuis des années.

Au cours de leur procession, les manifestants chantaient des cantiques hostiles à la pérennité du système de prime allouée par eux aux enseignants, une façon de dénoncer la mauvaise foi de différents gouvernements qui se sont succédés dans notre pays depuis 1992. Ils étaient munis d’un tableau sur lequel on pouvait lire : « Wazazi wote wanazika prime », ce qui signifie « Tous les parents enterrent la prime ». Ils portaient également deux croix portant les écrits ci-après : « RIP Tunazika prime, finie la prime. »

Devant le bureau du gouvernorat, les manifestants ont été reçus par Son Excellence monsieur le Vice-Gouverneur et Gouverneur de province a.i. du Sud-Kivu à qui une copie du mémorandum relatif à la non ouverture de l’année scolaire 2007-2008 a été remise.

Dans les recommandations qui ont ponctué leur mémorandum, les membres de l’APEC ont demandé à l’autorité : - de ne ménager aucun effort pour que les revendications salariales des enseignants, militaires, policiers et autres fonctionnaires de l’Etat trouvent satisfaction et ce, dans un bref délai pour que nos enfants retrouvent le chemin de l’école ;
- de s’investir personnellement dans la lutte contre toute autorité scolaire qui oserait demander aux parents de suppléer au salaire qui serait octroyé aux enseignants. Les parents exigent un salaire qui soit décent, juste et équitable ;
- d’accorder une attention particulière à la situation que connaissent les écoles et enseignants non mécanisés ;
- de garantir le droit des enfants à une éducation scolaire saine et adéquate, l’enseignement faisant partie de cinq chantiers du Chef de l’Etat et du gouvernement congolais.

Le Vice-Gouverneur et Gouverneur de province a.i. a dit à ses interlocuteurs que les autorités sont derrière les revendications des enseignants et que toutes les batteries sont mises en marche pour que ces derniers obtiennent gain de cause. Il a terminé en disant qu’il transmettra leur mémorandum auprès des instances supérieures pour dispositions.

Pour sa part, l’asbl Héritiers de la Justice salue l’initiative des parents car, après tout, ce sont eux qui, malgré le non paiement de leurs salaires insignifiants - du moins pour ceux-là qui travaillent dans la fonction publique - par le même Etat congolais, qui sont contraints à consentir des sacrifices pour payer les enseignants. Et, puis, le mouvement de grève observé par les enseignants est garanti par la Constitution de la Républque Démocratique du Congo en son article 39, alinéa 1 : « Le droit de grève est reconnu et garanti » et par d’autres instruments juridiques internationaux auxquels cette dernière a adhéré.

Héritiers de la Justice croit qu’un partage équitable du revenu national permettrait aux différentes institutions de la RD Congo de retrécir le fossé entre les animateurs de ces dernières et leurs pauvres électeurs.

C’est pourquoi, Héritiers de la Justice demande instamment au gouvernement congolais d’exaucer les revendications des enseignants parce que ce ne sont pas les moyens qui manquent dans ce pays dans la mesure où bien des pays africains moins lotis en ressources naturelles que la RD Congo maintiennent le caractère gratuit et obligatoire de l’enseignement tel que, prévu, du reste, dans la Constitution susdite, en son article 43, alinéa 4 et la Convention relative aux droits de l’Enfant que la RD Congo a ratifiée, spécialement en son article 28, alinéa 1.

Enfin, l’Association rappelle aux autorités congolaises qu’à cause du système de prime, l’enseignant qui a pourtant pour mission de chasser le spectre de l’ignorance est dénigré du jour au jour et le niveau de l’enseignement congolais se range parmi les plus bas du continent africain.


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