OLPA condamne l’interpellation de trois journalistes à Goma

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d'experts juristes et journalistes bénévoles, condamne avec fermeté l’interpellation de trois journalistes à Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), le 15 octobre 2007.

Sam Kieley, Ed Watts et Jacques Kahora, respectivement journaliste, caméraman à la chaîne britannique Channel 4, et correspondant à Goma de la Voix de l’Amérique, accompagnateur de deux journalistes britanniques, ont été interpellés lundi 15 octobre 2007 à Goma par deux agents de la direction provinciale de l’Agence nationale des renseignements (ANR/Goma), au moment où ils se trouvaient à bord d’un véhicule en direction de Mushake, à 30 kms au Nord-ouest de Goma.

Ils ont été conduits au bureau de l’ANR, non loin de la frontière avec le Rwanda. Le directeur de l’ANR a préalablement isolés les deux journalistes britanniques de leur accompagnateur Jacques Kahora.
L’ANR accusait Ed Watts d’avoir filmé un ex-camp militaire considéré comme « site stratégique », alors que le caméraman prenait des images de la route qui mène à Mushake. Après 120 minutes d’interrogatoire, ils ont été relâchés et ils n’ont pas pu se rendre à Mushake (localité contrôlée quelques jours plutôt par les insurgés de Laurent Nkunda, avant de passer sous le contrôle des troupes régulières).

Sam Kieley et Ed Watts ont quitté Goma pour Londres via Kigali le 16 octobre 2007, sans avoir réalisé leur reportage.

Eu égard à ce qui précède, OLPA condamne cette obstruction intentionnelle de l’ANR dont la finalité était d’empêcher les journalistes britanniques d’exercer librement leur métier. Il s’agit manifestement d’une atteinte grave à la liberté de la presse garantie par la législation congolaise.

OLPA rappelle que plusieurs journalistes locaux ou expatriés qui ont tenté de travailler ces dernières semaines au Nord Kivu ont subi d’énormes pressions et des menaces de la part des autorités de la 8ème région militaire.

Par conséquent, OLPA invite le gouvernement congolais à agir vite pour décourager la montée de ces pratiques liberticides qui prennent de plus en plus de l’ampleur dans le Nord Kivu.