JOSEPH KABILA RASSURE LES BELGES , LES CONGOLAIS ATTENDRAIENT TOUJOURS

Les compatriotes ayant lu l'article de Colette Braeckman repris sur le site Internet de Demainlekasai et intitulé 'Offensive belge' savent que d'ici la fin de l'année, une mission d'investisseurs belges se rendra au Congo pour étudier la possibilité d'y créer et/ou d'y recréer des industries. Il n'aurait pas été pas possible qu'après les accords signés avec la Chine, notre ex-métropole reste les bras croisés! Le chef du gouvernement fédéral belge (expédiant les affaires courantes) a pris cette décision, plus ou moins sûr qu'il s'accordera là-dessus avec son successeur. Soit! Joseph Kabila a rassuré les Belges. Ils sont et seront des partenaires historiques incontournables au Congo. Le président congolais, en passant par la Belgique avant de se rendre à New-York, a voulu manifester sa gratitude à l'endroit de ses parrains. Cela étant, les échanges de Joseph Kabila avec les officiels belges (majoritairement sortants) jettent suffisamment de lumière sur les questions d'actualité du Congo. Sont-ils rassurants pour le devenir commun au Congo? Une politique extravertie peut-il jamais être bénéfique pour les filles et les fils de notre peuple? Etudions toutes ces questions.

La situation au Nord-Kivu

Au sujet de la reprise des hostilités au Nord-Kivu, "où les Belges redoutent une escalade militaire, le président Kabila (…) a expliqué qu'il envisageait d'agir sur plusieurs plan : politique et local, en organisant une conférence rassemblant les députés du Nord-Kivu et toutes les forces vives, soit quelques 200 personnes, mais aussi diplomatique, via les réunions triparties locales, les contacts directs avec le Rwanda (…)". (C. Brackman, Offensive belge) Ce n'est pas tout. "Ouvert à toute suggestion, Kabila souligna aussi qu'il avait déjà songé à une représentation plus forte des Tutsi Banyamulenge, quoique ces derniers soient déjà présents à tous les niveaux de l'armée et l'administration. Il précisa qu'il avait déjà désigné des experts chargés de préparer les relations diplomatiques avec le Rwanda et la relance de la Communauté économique des Grands lacs. Rassurés, les Belges s'abstinrent de citer les quelques noms qu'ils auraient aimé retrouver à des postes ministériels." (Ibidem)
Kabila a réussi son examen de passage
Les explications données par Joseph Kabila à ses parrains sont une reproduction des leçons qu'ils lui ont apprises. Ils lui ont appris à soutenir que la guerre à l'Est de notre pays est une question fondamentalement ethnique. Il s'agirait du rejet des Banyamulenge par les autres ethnies congolaises. Dans sa recherche de solution à ce rejet, Joseph Kabila a déjà trouvé une réponse : une représentation forte des Tutsi Banyamulenge à tous les niveaux de l'armée et de l'administration. (La question du moratoire sur "les honorables ayant une double nationalité" se comprend mieux dans ce souci d'infiltrer les institutions congolaises!) Joseph Kabila et Nkunda défendraient une même cause : la protection des Banyamulenge. (On comprend que John Numbi ait assuré la médiation entre les deux frères et que le brassage soit envisagé pour la milice de Nkunda!) Comment peut-on soutenir d'une part que les Tutsi Banyamulenge sont fortement représentés à tous les niveaux de l'armée et de l'administration et que d'autre part, ils sont rejetés par les autres ethnies congolaises? Cet argument spécieux est un mensonge. Que cache-t-il? L'un des maîtres à penser de Joseph Kabila avait déjà levé le voile sur ce mensonge. Il s'agit d'Aldo Ajello. Dans une interview au journal La Libre Belgique, parlant de la guerre perpétuelle imposée au Congo, il disait ce qui suit : "Cette région a des handicaps connus, notamment la présence de deux petits pays, surpeuplés et de peu de ressources, le Rwanda et le Burundi. Sans une organisation permettant un accès de tous aux ressources de la région, les guerres vont revenir parce que ces deux pays sont asphyxiés. Une piste est l'ouverture des frontières avec libre circulation des biens et des gens." C'est cette piste de solution que Joseph Kabila est en train d'exploiter. Ses ratés disent la marque de sa fabrication. La relance de la Communauté économique des Grands Lacs est à situer dans cette perspective. Les accords signés avec l'Ouganda aussi. Il s'agit d'une communauté économique où tout le monde est gagnant à l'exception du Congo.
Donc, Joseph Kabila a réussi son examen de passage. Ses parrains doivent en être fiers! Mais là où le bât blesse, c'est quand ces choses simples et connues des fouineurs sont couvertes d'un écran de mensonges. Des mensonges menant à l'extermination des Congolais et des Congolaises appartenant aux ethnies autres que celle des "Banyamulenge". A ce point nommé, Joseph Kabila pourrait répondre un jour, même à titre posthume, devant les Tribunaux Permanents du Peuple, de tous ces massacres des Congolais (es) n'ayant commis d'autre péché que celui d'habiter un pays convoité par deux petits pays asphyxiés, soutenus par "les maîtres du monde". Tenez. La présence des "Banyamulenge" dans l'armée ne peut pas faciliter la tâche à nos vaillants militaires estimant qu'ils combattent à l'Est de notre pays pour qu'y règne la sécurité. Beaucoup ont déjà perdu leur vie dans des embuscades tendues par celui (Nkunda) qui défend la même cause que Joseph Kabila. Et puis, les réponses de Joseph Kabila aux Belges ne font pas du tout mention de l'action gouvernementale. Bon sang! Tout porte à croire qu'il aurait reçu une mission à accomplir par lui-même et ses experts en se passant du gouvernement actuel. A moins que Colette Braeckman ait omis de mentionner les allusions de Kabila au gouvernement Gizenga, celui-ci n'apparaît nulle part à travers ses échanges avec ses parrains.
De là à croire que les élections auraient servi à quelque chose, il y a un pas que les fouineurs se garderaient de franchir. Et si le problème fondamental est de désengorger deux petits pays asphyxiés, le cinéma consistant à organiser une conférence au Nord-Kivu est une insulte à la mémoire de nos morts inutiles. Cela d'autant plus que les bourreaux de nos populations ne seront pas à cette conférence! Cela d'autant plus que les tireurs de ficelle se cachant derrière ces deux petits pays asphyxiés ne répondront pas à l'appel. En effet, l'asphyxie du Rwanda et du Burundi n'explique pas la permanence des massacres au Congo. Ceux qui ont lu Marie-France Cros ce mercredi 26 septembre 2007 savent par exemple que l'incident qui a eu lieu sur le lac Albert n'est pas le premier. Il est similaire à un autre qui aurait eu lieu le 3 août dernier. "Les deux incidents armés sont apparemment survenus au sujet de l'activité de barges d'exploitation pétrolière appartenant à la société Héritage Oil, canadienne mais fondée par le sulfureux Tony Buckingham, ancien SAS (troupes d'élite britanniques) qui fut lié à des sociétés de mercenaires actives en Afrique." (M.-F. Cros, Nouvel incident frontalier meurtrier, dans La Libre Belgique du 26 septembre 2007). Où et comment opère cette'canadienne'? "Héritage Oil, bien implantée en Ouganda, avait échoué en 2003 à signer un contrat de partage de production avec le Congo. Elle y était finalement parvenue en septembre 2006, en association (à 39,6p) avec l'Irlandaise Tullow (48,4pc) et la société publique Congolaise (12 pc)." (Ibidem) Donc, en plus des armées et des milices des pays limitrophes opérant au Congo, il n'est plus exclu que les sociétés de mercenaires appuient les activités des multinationales. Dans ce contexte, convoquer une conférence congolo-congolaise et mener une diplomatie limitée aux pays voisins semble être un coup d'épée dans l'eau. Si Kabila a rassuré ses partenaires Belges, "sa politique du faire croire" et le mensonge couvrant ses réponses à leurs inquiétudes ne sont pas rassurants pour le devenir commun au Congo.