OLPA exige une enquête après la bastonnade des journalistes à Kinshasa

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, exprime sa profonde préoccupation sur l’état de santé d’Abdul Walumpumpu et de Claude Ezimongo, respectivement journaliste et caméraman d’Africa TV, chaîne privée de télévision émettant à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.

Les deux journalistes ont été interpellés, le 23 février 2008 à 10 heures, par trois éléments de la Police nationale congolaise (PNC) en tenue civile, au moment où Claude Ezimongo filmait les canalisations d’eau et les immondices abandonnées par les travailleurs de l’Office de voirie et drainage (OVD) sur l’avenue Isangi, dans la commune de Lingwala à Kinshasa.

Après avoir confisqué violemment la caméra sous prétexte que les journalistes auraient filmé une opération policière dans le quartier, ces agents ont fait appel à leurs collègues qui ont aussitôt battu à coups de crosse, des chaînes métalliques et des poignards les deux professionnels de médias. Malgré les explications fournies pour les journalistes munis d’un ordre de mission dûment signé par leur rédaction, Abdul Walumpumpu et Claude Ezimongo ensanglantés ont été menottés puis conduits au Camp Lufungula où ils ont été maltraités par d’autres policiers, leurs enfants et leurs épouses pendant plus de deux heures, avant d’être relâchés et leur matériel restitué.

Pire encore, les agents de l’ordre ont promis de tuer tout journaliste qui oserait les défier, à l’instar de Patrick Kikuku Wilungula, un reporter-photographe tué à Goma (Nord-Kivu) en juillet 2007, et dont l’assassinat n’a jamais fait l’objet d’une quelconque enquête.

La bastonnade du 23 février 2008 a engendré de graves conséquences sur l’état de santé d’Abdul Walumpumpu qui a vomi une quantité considérable du sang, avant d’être acheminé dans un centre hospitalier de la Gombe. Claude Ezimongo souffre de graves lésions au niveau de la tête. Ils sont tous placés sous contrôle médical.

Il faut rappeler que cette bastonnade intervient trois mois seulement après un autre mauvais traitement infligé à deux autres journalistes de la chaîne privée de télévision Horizon 33 de Kinshasa par la garde rapprochée de l’ancien ministre à l’Enseignement supérieur et universitaire, actuellement ministre de l’Habitat, le 22 octobre 2007.

Eu égard à ce qui précède, OLPA condamne ce mauvais traitement infligé à des journalistes en plein exercice de leur métier. Il s’agit manifestement d’une atteinte à la liberté d’informer et d’être informé garantie par la Constitution de la République.

Tout en restant préoccupé par l’état de santé de deux journalistes, OLPA prend au sérieux les menaces de la Police contre la profession. Par conséquent, il exige, toutes affaires cessantes, la mise sur pied d’une commission d’enquête, afin que ces agents qui ternissent l’image de la Police républicaine ne puissent rester impunis.

OLPA saisit également cette opportunité pour inviter le Gouvernement Gizenga à transmettre en toute urgence l’avant-projet de loi portant pénalisation de la torture au Parlement, afin de combattre l’impunité des auteurs des actes cruels, inhumains, dégradants et autres tortures.

Tout en invitant la profession à la vigilance, OLPA demande aux autorités de prendre des mesures qui s’imposent pour sécuriser tous les journalistes travaillant sur l’étendue du pays.