Une année après l’assassinat, OLPA exige la réouverture du procès Serge Maheshe

13 juin 2007-13 juin 2008, il y a une année jour pour jour que le journaliste Serge Maheshe Kasole, secrétaire de rédaction de la Radio Okapi/ Bukavu, a été abattu froidement par des éléments armés dans le chef-lieu de la province du Sud Kivu.

Un assassinat qui a été à la base d’un long procès devant le Tribunal militaire de garnison et la Cour militaire de Bukavu. Un feuilleton judiciaire caractérisé par plusieurs irrégularités, et émaillé d’incidents principalement des menaces anonymes à l’endroit des observateurs du procès.

Le 21 mai 2008, la Cour militaire de Bukavu a condamné à mort les deux malfaiteurs armés
reconnus coupables, de même qu'un troisième individu qui serait leur
complice. Les deux amis de Serge Maheshe et témoins oculaires du crime, Alain
Mulimbi et Serge Muhima, d'abord inculpés de complot de meurtre à partir
des déclarations de deux malfaiteurs armés détenus pendant 10 mois, ont
été acquittés.

A l’instar des procès sur les assassinats des journalistes Franck Ngyke Kangundu (mort en 2005), de Louis Bapuwa Muamba (assassiné en 2006), l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, constate qu’il n’ y a jamais eu ni autopsie sur les victimes ni une quelconque expertise balistique lors des enquêtes. Les verdicts n’ont été rendus que sur base des déclarations faites par les parties aux procès.

Malgré une forte mobilisation autour du procès relatif à l’assassinat de Serge Maheshe Kasole, OLPA constate que la justice n’a pas été en mesure de déterminer le mobile clair de ce crime odieux. De même, les auteurs intellectuels de cet assassinat demeurent impunis et le procès a laissé un goût d’inachevé.

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique regrette que tous les assassinats des journalistes enregistrés au cours de ces dernières années puissent être assimilés à de simples crimes crapuleux, alors que tout laisse à penser qu’il s’agit des actes bien réfléchis et commandités par ceux qui veulent à tout prix faire taire la presse libre.

Au regard de tout ce qui précède, OLPA exige la réouverture du procès Serge Maheshe Kasole ainsi que l’approfondissement de l’enquête judiciaire notamment par le recours à l’autopsie et à une expertise balistique. C’est la condition sine qua non pour que toute la lumière soit faite sur cet assassinat. OLPA invite la Mission de l’ONU en RDC à apporter toute son assistance nécessaire aux autorités judiciaires congolaises pour arriver à l’éclatement de la vérité dans cette affaire.

Il saisit également cette occasion pour exiger la tenue d’un procès juste et équitable sur l’assassinat d’un autre professionnel de la presse, Patrick Kikuku Wilungula, reporter photographe tué à Goma (Nord Kivu), le 9 juillet 2006.

OLPA lance enfin une mise en garde à l‘endroit de tous ceux qui prennent du plaisir à porter atteinte à la liberté de la presse par des atteintes à la vie, à l’intégrité physique des journalistes, ou qui recourent à des actes de tortures et autres traitements cruels ou dégradants contre les professionnels de l’information. Ces actes ne resteront pas impunis et leurs auteurs en répondront un jour devant les instances judiciaires compétentes.