LA QUESTION DES FDLR: LE DIALOGUE COMME ALTERNATIVE AUX OPÉRATIONS MILITAIRES

LA QUESTION DES FDLR: LE DIALOGUE COMME ALTERNATIVE AUX OPÉRATIONS MILITAIRES LA SOCIÉTÉ CIVILE

ÉDITORIAL

Tant qu’on ne résoudra pas l’équation que pose le retour des Fdlr au Rwanda, il sera illusoire de penser à tout retour de la sécurité au Kivu.
La situation politique interne au Rwanda a des relents d’apartheid en ce sens qu’une catégorie – et non de moindre importance démographiquement parlant - de citoyens est réduite à l’exclusion politique, car elle est accusée en bloc de participation au génocide.
Tant que les miliciens hutus rwandais vivront cette condition d’exclusion, tant qu’aucune garantie ne leur sera donnée sur leur intégration sociale et politique une fois qu’ils pourraient entrer au bercail, les deux provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu sont promises à une insécurité qui s’éternisera si l’on n’y prend garde.
À propos de génocide, l’on devrait s’imposer un distinguo sur le terme «génocidaire». Le pouvoir actuel à Kigali applique sciemment le terme «génocidaire» à tous les Hutus de la diaspora congolaise. Mais les enfants qui sont nés dans le pays d’accueil et qui ont aujourd’hui quinze ans et même ceux qui à l’époque avaient 10 ans et qui ont aujourd’hui vingt cinq ans, ne peuvent pas endosser sur eux la responsabilité historique des crimes commis il y a quinze ans.
Même si, par défi au bon sens, les tenants du pouvoir rwandais s’obstinent à faire cet amalgame, ils ne peuvent, sous peine de s’enfermer dans un ostracisme coupable, continuer à verrouiller la porte de la réconciliation nationale. Et tant que Kigali persistera dans cette voie de l’exclusion, la RDCongo continuera à faire les frais de cet enfermement.
La communauté internationale tarde à comprendre que la paix dans l’Est de la RDCongo est nécessairement fonction de la convertibilité des dirigeants rwandais aux vertus du dialogue national. Et pourtant, c’est cette même communauté internationale qui avait tôt fait comprendre aux Congolais que la paix et la stabilité politique passaient par le dialogue. Elle l’a donc favorisé, financé et même imposé en RDCongo. Cela étant, il n’est pas mal venu de penser que, plutôt que de renforcer timidement son contingent sur le sol congolais dans des opérations militaires, dont les résultats restent, malgré tout, hypothétiques et mitigés, en raison de la configuration géographique du terrain, la communauté internationale ferait œuvre utile en favorisant sans atermoiement ni hypocrisie le dialogue politique entre les deux grandes communautés ethniques du Rwanda que sont les Tutsis et les Hutus.
Ce n’est que par ce biais et par ce biais seulement que peuvent provenir la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs, et partant dans les deux Kivus. Toutes les autres solutions qui dérogent de cette voie relèvent de l’utopie, sinon de l’hypocrisie et de la complaisance.
Pousser Kigali à se faire violence pour démocratiser la vie politique nationale: voilà le Rubicon que Nicholas Sarkozy, Barak Obama, Medved, Gordon Brown et Angela Merkel doivent avoir le courage de franchir, si l’on veut un jour voir la paix et la sécurité revenir dans la région des Grands Lacs. Oseront-ils le faire?

KIVU

News

Le 19 juin, les opérateurs locaux du secteur minier, publics et privés, ainsi que la société civile, se sont réunis à Bukavu, chef lieu du Sud-Kivu. Pour les négociants de la cassitérite et du coltan, il faudra que le ministère provincial des Mines oblige tous les exploitants du secteur de se faire identifier et d’adhérer à la corporation professionnelle. Selon le président de négociants du Sud-Kivu, Dieudonné Basimine Bagambana, la fraude est probablement entretenue par les exploitants non reconnus. D’après lui, la corporation des négociants compte actuellement 39 membres réguliers, alors leur nombre réel est estimé à 2 000. En plus, les participants ont convenu d’encourager la publication régulière des quantités des produits achetés et exportés par les comptoirs d’achat à Bukavu. Selon les rapports du groupe d’experts de l’Onu pour la RDC, l’exploitation illégale de la cassitérite et du coltan est la principale cause des guerres dans les deux Kivu.

Le 30 juin, le Premier Ministre, Adolphe Muzito, a lancé un plan d’action pour la réhabilitation du secteur minier dans l’Est du pays. Des mesures ont été prises pour mettre fin à l’exploitation illégale des ressources minérales, à la recrudescence de la fraude et de la contrebande. Le Ministre des Transports, veillera à ce que les pistes de fortune actuellement utilisées pour l’exportation illicite des minerais soient complément fermées; le Ministre des Mines est instruit pour instituer de nouvelles zones réservées à l’exploitation artisanale, recenser et enregistrer les exploitants artisanaux; les Ministres de l’Intérieur, de la Défense et des Finances veilleront à ce que les hommes en uniforme et autres agents de sécurité ne s’ingèrent plus dans la gestion de l’exploitation minière, que les bandes armées cessent d’inquiéter les exploitants artisanaux dans les sites d’exploitation… Cette action s’inscrit dans le programme d’ensemble de stabilisation et reconstruction de l’Est de la République en sigle «STAREC».

Le 29 juin, le Comité national de suivi des accords de paix s’est réuni à Goma, au Nord-Kivu, pour évaluer l’état d’avancement du processus en cours dans les deux provinces du Kivu. Parmi les avancées enregistrées dans ce processus, les différentes parties notent l’amnistie accordée aux prisonniers, l’ordonnance accordant aux anciens groupes armés le statut des partis politiques et la restauration de l’autorité de l’Etat. Cependant, beaucoup de points restent encore à traiter, a indiqué pour sa part le secrétaire général du CNDP. C’est par exemple l’intégration des cadres du CNDP dans les institutions du pays. Par ailleurs, l’intégration des troupes des anciens groupes armés n’est pas encore terminée. En effet, les dernières attaques menées le 30 juin 2009 à Kaseghe dans le Nord-Kivu prouvent que certains groupes armés locaux, dont le Pareco, sont encore trèsactifs et utilisent la tactique des attaques, pour exiger «un poste dans l’administration politique locale, provinciale ou nationale, à l’instar du CNDP».

Le 30 juin, dans son rapport sur la Monuc, le secrétaire général des Nations unies s’inquiète de la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la RDC et qu’il qualifie «des plus volatiles».
Il «pense en particulier au comportement des unités des FARDC récemment intégrées dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu». Il note que «de nombreux membres de ces unités attendent toujours d’être payés, sont peu formés et mal équipés, le commandement et le contrôle des unités FARDC laissent également à désirer». «Cette situation, outre les incidences négatives qu’elle a sur les opérations militaires, entraîne une augmentation des désertions, des mutineries et une multiplication des abus dont ont à souffrir les populations que ces forces sont censées protéger», déplore-t-il.
Ban Ki-moon pense qu’«il est indispensable que le gouvernement accorde au comportement des unités des FARDC récemment intégrés toute l’attention qu’ils exigent, notamment en veillant à ce que tous les membres des FARDC touchent leur solde ponctuellement, à ce que des casernes soient construites, à ce que la police et la justice militaires soient renforcées et à ce qu’une formation appropriée soit dispensée». Il soutient que «la création de forces de sécurité professionnelles congolaises qui soient efficaces, crédibles, bien entretenues et bien équipées offrirait une garantie de stabilité au Pays sur le long terme. Ban ki-moon affirme enfin que «la Monuc suivra de près le comportement des unités des FARDC et qu’elle cessera tout soutien aux opérations de celles d’entre elles qui ne respecteraient pas les droits de l’home et violeraient le droit international humanitaire».

L’insécurité

Plusieurs cas d’exactions, d’extorsions et d’embuscades sont enregistrés chaque jour dans les villages et sur les routes du Kivu. Les populations accusent les FDLR et les Maï Maï réfractaires, mais aussi des militaires FARDC. Des centaines de familles continuent à fuir leurs domiciles à cause de l’insécurité. Les populations n’ont plus accès aux champs de peur de tomber dans les mains des FDLR, tandis que dans les villages, les FARDC ravissent tout, pillent leurs champs et érigent des barrières pour rançonner la population, car ils ne sont pas payés.

La situation militaire et sécuritaire est aussi marquée par plusieurs rapports au sujet d’une collaboration possible entre les anciens groupes armés et les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), notamment l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain, APCLS, à Nyabiondo, les Patriotes Résistants Congolais (PARECO) au Sud de Lubero et d’autres groupes Maï Maï.

Selon certaines sources, on assisterait aussi à des affrontements entre les Fardc d’origine congolaise et les Fardc anciens éléments du CNDP de Nkunda qui voudraient s’accaparer de tous les postes de commandement des opérations sur terrain. Ce serait le cas des attaques du mardi 30 juin à Kaseghe, dans le territoire de Lubero. Le mariage bâclé entre Fardc et CNDP, car conclu sans amour réciproque et dans la précipitation, est l’une des causes des attaques contre les camps militaires au Sud de Lubero. Il y a donc une guerre interne au sein des Fardc. Plusieurs camps militaires ont déjà été incendiés et réduits en poussière.

Selon une interview du Général KAKULE LAFONTAINE, leader du Front des Patriotes pour le Changement (FPC en sigle) diffusée sur les antennes de la Radio Moto le 2 juillet 2009, les Fardc d’origine congolaise seraient en train de rejoindre le FPC pour combattre ensemble les ex-miliciens du CNDP devenus Fardc après les accords d’IHUSSI.

Le représentant de l’Ue dans la région des Grands lacs africains, Roeland Van de Geer a réaffirmé dernièrement au ministre Congolais des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, que la pacification de la partie Est de la République démocratique du Congo reste une priorité des priorités pour l’Union européenne (Ue). Le diplomate européen proposerait à la Rdc une redéfinition de l’opération « Kimia II ». Celle-ci devrait céder le pas à une autre opération qui serait un malaxage des opérations « Umoja wetu » et « Kimia II ». Cette idée qui circulait déjà dans certaines chancelleries occidentales s’appuie sur la capacité de combat de l’armée rwandaise. «suspendre l’opération Kimia II et prévoir de nouvelles opérations militaires conjointes contre les Fdlr, dans le cadre desquelles les forces spéciales rwandaises seront associées», serait le nouveau créneau. Ainsi, «la Monuc et l’armée congolaise (..) » actuellement engagées dans « Kimia II» vont justement s’occuper d’un «renforcement immédiat de la protection des civils et (...) au désarmement des hommes du rang».

LA QUESTION DES FDLR: LE DIALOGUE COMME ALTERNATIVE AUX OPÉRATIONS MILITAIRES

Le 18 juin, le Collectif des Organisations des Jeunes Solidaires du Congo – Kinshasa (COJESKI), dans une note intitulée «Les Opérations UMOJA WETU, KIMYA II, du pareil au même», affirme que «l’opération militaire Kimya 2, ayant pour objectif apparent celui de traquer les rebelles rwandais des FDLR disséminés partout dans la forêt de l’Est de la RDCongo, n’est pas la première de ce genre. En effet, d’autres opérations similaires ont été menées avec le même objectif, mais en vain: en 1996-1997, au temps de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) avec la participation de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) dirigée par James KABAREBE, chef d’Etat major du FPR; en 1998-2003, au temps du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma), toujours avec la participation de l’APR: depuis 2004 jusqu’à la fin de 2008, au temps du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, appuyé par le régime rwandais et, enfin, du 20 janvier au 28 février 2009, lors de l’opération militaires conjointe RDC-Rwanda, dénommée «Umoja wetu».
Après constat de l’échec manifeste des opérations militaires, dans sa note du 18 juin, COJESKI aussi invite la Communauté Internationale à abandonner l’option militaire et à:
- Distinguer et séparer les hutus impliqués dans le génocide au Rwanda et les simples citoyens innocents que Kigali assimile sciemment et injustement aux génocidaires.
- imposer l’ouverture démocratique (Dialogue Inter rwandais) au régime de Kigali en lieu et place des opérations militaires pour exterminer continuellement les congolais sur leur propre terre.
- Imposer et appliquer sans complaisance des sanctions économiques à tous les pays impliqués dans les pillages des richesses congolaises.

L’objectif déclaré de Kimya 2 est celui d’éloigner les FDLR des sites miniers et des villages habités, en le repoussant davantage vers l’intérieur de la forêt, pour les couper des sources de ravitaillement et les obliger à se rendre aux FARDC ou à la MONUC qui, à ce moment-là, pourraient les désarmer, les rapatrier au Rwanda ou, le cas échéant, les délocaliser ailleurs en RDCongo. Toutefois, les dégâts collatéraux qui s’en suivent (représailles, attaques aux villages, pillages, meurtres, viols, déplacements des populations, …) sont largement disproportionnés par rapport aux résultats obtenus. Les opérations militaires visant un rapatriement forcé des FDLR sont, en effet, un échec, tout comme les différentes tentatives de désarmement et rapatriement volontaires. Dès lors, il faut réfléchir sur les causes de ces échecs.
Selon certains témoignages, c’est d’abord la situation qui prévaut au Rwanda qui bloque le retour volontaire.

Dans un témoignage daté le 10 juin, un citoyen rwandais affirme que les rapatriés «volontaires» suite aux opérations «Umoja wetu» et «Kimya II», sont surtout des femmes, des enfants et des vieillards que le Haut Commissariat de l’ONU aux Réfugiés (HCR) transporte au Rwanda. Là, après avoir passé quelques jours dans un camp de transit, ils sont envoyés vers leur colline d’origine, munis d’un kit d’insertion .
Certains rapatriés retrouvent leur champ, mais étant donné que beaucoup de maisons ont disparu, la plupart d’entre eux ira habiter dans des maisonnettes construites tout au long de la route principale.
D’autres sont faussement accusés de génocide et injustement emprisonnés.
Dans les prisons rwandaises, les prisonniers sont entassés sans pitié et nombreux sont en train d’y périr, depuis qu’on a suspendu l’assistance de leurs familles .
Les arrestations continuent. Le «gacaca», la juridiction populaire qui juge les accusés de génocide, déclare viser la vérité et la réconciliation mais, en réalité, c’est une justice de vengeance des Tutsi contre les Hutu. Les Gacaca auraient dû se terminer fin 2007, mais il ont continué leur activité, en s’occupant des accusations concernant les dégâts matériels. C’est ainsi que beaucoup de ceux qui avaient été relâchés, ont été accusés de nouveau, arrêtés, jugés et emprisonnés.
Les personnes ayant des parents ou des enfants réfugiés à l’étranger, particulièrement au Congo, sont surveillées et même persécutées, en vue de contraindre les membres de leur famille exilés à rentrer au pays. Parmi les tâches des «Intore», il y a celle de dresser, avec la collaboration des nyumbakumi, la liste des familles de tous ceux qui sont exilés à l’étranger. La liste est continuellement mise à jour et transmise aux services d’espionnage de l’armée rwandaise.
L’intimidation règne dans le pays. Chacun a peur d’exprimer son avis sur la situation, même avec son proche.
Les associations des rescapés du génocide, dont Ibuka et d’autres de nature ethnique ne favorisent certainement pas le sens de la justice et de la réconciliation .
Bien que l’initiative généralisée de la «mutuelle de santé» garantisse désormais les soins primaires, l’écart entre riches et pauvres s’agrandit du jour au jour . A Kigali les maisonnettes des pauvres, ont été détruites pour faire place aux villas des riches et cette population a dû partir à l’intérieur avec un maigre dédommagement . Aucun petit vendeur n’ose plus vendre aux bords des rues, et même beaucoup de petites boutiques ferment à cause des taxes trop élevées . Les paysans sont obligés de couper leurs bananeraies, sous prétexte qu’elles causeraient la malnutrition, alors que c’est par sa bananeraie que la famille trouve un peu d’argent liquide. C’est ainsi qu’il y a des réfugiés rapatriés au Rwanda qui retournent au Congo.
Il est incompréhensible qu’on veuille rapatrier les Hutu par la force, alors que certains de ceux qui ont été rapatriés sont en train de rentrer au Congo. On les «traque», mais sont-ils tous des tueurs? Quoi dire des enfants nés au Congo après l’exil, des jeunes qui étaient enfants en 1994, des femmes, des vieux et de tant d’adultes, qui ont été aussi victimes des malheureux événements rwandais? Les Hutu rwandais au Congo veulent bien rentrer chez eux, mais ils ne veulent pas être forcés au retour, alors que leurs conditions de sécurité et de dignité au Rwanda ne sont pas assurées.
Leur retour, que ces opérations de guerre au Nord et au Sud-Kivu déclarent viser, se réalisera non par la violence, qui est en train de faire de nouvelles victimes et de nouveaux déplacés, mais par un changement dans le pays. L’unique solution pour ramener la paix au Kivu et au Rwanda est que les représentants de tous les Rwandais s’assoient à une même table pour parler de l’avenir de leur pays, comme d’autres peuples l’ont fait , pour bâtir un pays où chacun se sente libre et protégé.
La Communauté internationale devrait ainsi exercer une pression sur le gouvernement rwandais, afin que:
- se réalise un véritable dialogue interrwandais, en vue de bâtir ensemble un avenir de paix dans le pays;
- l’on prenne en considération la possibilité et les modalités d’une amnistie qui puisse faciliter la réconciliation nationale.
- l’on installe un véritable multipartisme au pays, désormais à la veille des élections présidentielles de 2010, et qu’elles se passent dans la transparence et la liberté.

LA SOCIÉTÉ CIVILE

Dans leur message du 29 mai, sur le plan politique et administratif au niveau national, les Évêques du Kivu déplorent:
- La léthargie des parlementaires dans les Assemblées, tant provinciales que nationale, ainsi qu’au Sénat, vis-à-vis des problèmes brûlants des populations, l’attention des parlementaires étant centrée sur leurs intérêts particuliers ;
- L’achat des consciences, la corruption et le retour à des méthodes autoritaires ;
- Le musellement croissant de la presse et des médias, ainsi que l’intimidation de leurs acteurs ;
- Enfin et surtout, le recours à des systèmes de négociations sans fin qui hissent continuellement au pouvoir des rebelles et des criminels de guerre. Cette pratique atypique encourage l’institutionnalisation de la rébellion comme mode d’acquisition et de gestion du pouvoir.
C’est pourquoi ils exhortent
- La Présidence de la République à être réellement le garant de la nation par le respect de la Constitution et la promotion de la démocratie;
- Les parlementaires et les membres du Gouvernement à s’acquitter convenablement de leur mission première de veiller au fonctionnement normal de l’Etat, en plaçant l’intérêt général avant leurs intérêts partisans.

Le 7 juin, EurAc, le Réseau des Ong européennes présentes dans la Région des Grands Lacs Africains, a publié un Communiqué de presse intitulé «RDC : rendons le processus des élections locales irréversible», peu après l’ouverture à 7h du matin le même jour à Kinshasa de 143 centres d’inscriptions par la Commission Electorale Indépendante (CEI) pour démarrer la révision du fichier électoral. Les autres provinces suivront à partir d’août. Pour Eurac, Il convient désormais de faire en sorte que le processus des élections locales ainsi engagé devienne irréversible. Ces élections locales sont nécessaires pour compléter le cycle électoral initié par les élections nationales et provinciales en 2006.
Selon Eurac, la Troisième République congolaise aura besoin d’institutions démocratiques plus fortes, et cela passe nécessairement par l’organisation des élections locales et par une mise en œuvre concertée du processus de décentralisation. Les élections locales et la décentralisation contribueront à l’introduction de la transparence et de la recevabilité à partir de la base, et créeront l’espace pour l’émergence d’un nouveau leadership.
Selon Eurac, le Congo restera fragile tant que le cycle électoral concernant les institutions de la Troisième République ne sera pas achevé.
Eurac souligne aussi que l’UE et ses membres ont un rôle pionnier à jouer dans l’aboutissement du cycle électoral de 2006 et dans la mise en place de la décentralisation en RDCongo.
C’est pourquoi EurAc applaudit le lancement de la révision du fichier électoral par la CEI et plaide auprès de l’Union européenne et de ses Etats-membres afin qu’ils s’engagent à :

1. Fournir l’assistance technique, méthodologique, logistique, matérielle et financière pour la tenue des élections locales. Cette assistance doit être accompagnée et appuyée par une pression diplomatique et politique pour que ces élections soient réellement libres et transparentes.

2. Soutenir et financer, dès maintenant, la société civile dans son mandat de sensibilisation de la population à travers l’éducation civique et électorale.

3. Privilégier l’appui au renforcement des capacités des femmes-leaders qui se présentent comme candidates aux élections, ainsi qu’à des programmes d’éducation civique ciblant spécifiquement l’électorat féminin.

4. Veiller à ce que soit préservé l’espace politique permettant à la société civile et à la presse indépendante de jouer leur rôle constructif de contrôle citoyen et de suivi indépendant de la démocratie embryonnaire qu’est la DRC. Ce rôle est mis en danger par le nombre important d’arrestations, d’intimidations et d’assassinats, dont ont été victimes ces derniers mois des journalistes et des activistes de la société civile.

Le 14 juillet 2009, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et le Ministère de la Décentralisation et aménagement du territoire ont signé un protocole d’accord pour la campagne nationale de sensibilisation, d’information et de formation des acteurs étatiques et non étatiques sur le processus de décentralisation en RDCongo.

La cérémonie a eu lieu au Centre catholique Nganda et les deux parties ont été représentées par Mgr Nicolas Djomo Lola et Antipas Mbusa Nyamwisi, respectivement président de la CENCO et ministre de la Décentralisation et aménagement du territoire. Cette cérémonie s’inscrit dans la continuité de la grande campagne d’éducation civique et électorale lancée en 2004 par la CENCO.

Après les élections, la CENCO poursuit son travail d’éducation civique en mettant un accent sur la participation des citoyens à la gouvernance locale et à la lutte contre la corruption. C’est ainsi que la Commission épiscopale Justice et Paix (CEJP) a développé le Programme « gouvernance participative ».

Ce programme a permis de mettre en place 2518 Comités locaux de gouvernance participative (CLGP) qui constituent des cadres apolitiques à travers lesquels les populations organisées à la base exercent leur droit et devoir de participer au développement de la Nation.
Pour ce travail de vulgarisation, la Commission vient de produire un matériel axé sur la décentralisation politique, administrative et financière sur base de la Constitution et des lois d’accompagnement de la décentralisation déjà promulguées.

En plus, elle a formé des formateurs diocésains sur la décentralisation dans les 47 diocèses du pays. Dans un proche avenir, elle s’occupera de la formation d’au moins 4419 animateurs accompagnateurs des CLGP, en raison de 3 animateurs par paroisses pour les 1473 paroisses du pays.
Ainsi que la CENCO l’avait déjà déclaré en juillet 2008, «la décentralisation pourra permettre le développement local et obliger les autorités à être plus responsables de leur gestion auprès de la population, dans les limites de leurs compétences constitutionnelles respectives. Les élections locales et communales joueront un rôle capital pour une gestion de proximité. La démocratie à la base deviendra ainsi une réalité».

Depuis le mois de mars 2009, la CEJP a initié des actions pilotes susceptibles de lutter contre la corruption par une mobilisation générale et ce, en préparation de la Campagne fiscale et parafiscale à lancer bientôt. A titre d’exemple, une des actions menées dans des diocèses concerne la lutte pour la mise en place de systèmes transparents qui puissent permettre une bonne gestion des recettes perçues dans les marchés centraux.


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