Assassinat d’un reporter-caméraman à Beni : OLPA pour une enquête rigoureuse
Le Secrétaire exécutif de l’Observatoire de la Liberté de la presse en Afrique (OLPA), un réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires qui défend la liberté de la presse basé en RD Congo, est monté au créneau vendredi 9 avril 2010, pour condamner avec la dernière énergie l’assassinat à Beni (Province du Nord Kivu) du reporter-caméraman Patient Chebeya Bankome, mieux connu sous le sobriquet de Montigomo.
Patient Chebeya Bankome (35 ans), reporter-cameraman indépendant travaillant pour plusieurs organes de presse de Béni, une des grandes villes de la province du Nord-Kivu, à l’Est de la RD Congo, a été tué par balles, le 5 avril 2010 à 22 heures devant sa résidence située dans la commune de Mulekera, par trois hommes armés et en tenue militaire.
Il revenait d’un studio d’enregistrement « Studio Panorama » quand il a été attaqué par des assaillants qui, visiblement avaient préparé minutieusement leur forfait. Alors que son épouse lui ouvrait la porte, ses assaillants l’ont dépouillé de son sac contenant des cassettes vidéo, un téléphone portable et une somme d’argent. Puis, ils l’ont abattu à bout portant.
Révolté par cette nouvelle atteinte au droit d’informer et d’être informé, Joseph-Alain Kabongo, Secrétaire exécutif de l’OLPA, s’est dit attristé par ce cinquième assassinat d’un journaliste depuis 2005. « Je condamne non seulement cet acte lâche contre un professionnel de la presse mais je présente aussi mes condoléances à la famille de l’illustre disparu. J’’émet également les vœux de voir une enquête sérieuse et rigoureuse menée par les autorités de la province, afin d’élucider les circonstances de cet assassinat », a-t-il confié lors d’un déclaration publique. Et d’ajouter que les attaques contre les journalistes et les médias en RD Congo se sont amplifiées et les auteurs de ces actes trouvent leur réconfort dans la lourdeur de la justice à les inquiéter ou à mener des investigations sérieuses.
OLPA souhaite que le parquet militaire puisse mener des enquêtes rigoureuses pour que le procès qui a démarré, le 9 avril 2010, devant le tribunal militaire de garnison de Beni ne jette pas les bases d’une parodie de justice comme cela a été le cas avec d’autres affaires antérieures relatives aux assassinats des journalistes.
Il faut signaler que lors de la première audience, deux suspects ont comparu pour « meurtre » et un troisième pour « violation des consignes ». Il s’agit du sous-lieutenant Songa Safari du corps logistique de la garnison de Béni et du premier sergent Paluku Selemani Ngwesese, un ancien du centre de brassage de Nyaleke actuellement en repos médical pour blessure pendant la guerre. Le troisième prévenu est le capitaine Bisimwa Bagita, responsable de la poudrière du corps logistique de la garnison de Béni.
Les deux principaux accusés du meurtre du cameraman ont plaidé non coupables. Pour le sous-lieutenant Songa, l’arme AK47 N° 33049 présenté comme ayant servi à la commission du crime lui appartient certes mais le chargeur qui l’accompagne et qui manque quatre balles n’est pas de lui.
Quant au 1er sergent Paluku qui est apparu très affaibli, il a fait voir au tribunal que son état physique ne pouvait pas lui permettre de prendre part à cette opération. Concernant la prévention de la violation des consignes à charge du capitaine Bisimwa, le tribunal lui reproche d’avoir laissé en circulation l’arme retrouvée sur le sous-lieutenant Songa.
OLPA est plus ou moins apaisé par l’implication des autorités dans la recherche de la vérité sur la mort du reporter-cameraman, mais reste plus prudent sur les risques d’un procès sensationnel qui risque de laisser un goût d’inachevé.

