OLPA indigné par les actes de torture subis par deux journalistes de la radio Tujenge à Kabambare
L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, exprime sa profonde indignation après les actes de torture infligés à Senghor Funji et Shabani Bin Shabani, deux journalistes de la radio Tujenge Kabambare (RTK), une station communautaire émettant à Kabambare, cité située à environ 520 kms de Kindu, chef-lieu de la province de Maniema, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Senghor Funji Kamulete et Shabani Bin Shabani, respectivement Chef des programmes et technicien, ont été interpellés, le 2 janvier 2013 en fin d’après-midi, par un groupe d’éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) qui ont pris d’assaut les installations de la radio Tujenge Kabambare.
Ils ont saccagé les installations de la radio, emportant le matériel trouvé sur place (ordinateurs, batteries, téléphones portables, dictaphones…) avant d’amener les deux journalistes qu’ils ont conduits au camp militaire de Kabambare-centre.
Les deux journalistes ont été atrocement torturés par leurs geôliers à coup de crosse, avant d’être transférés tard dans la nuit à l’hôpital général de Kabambare, où ils sont internés aux urgences.
L’état de santé de Senghor Funji Kamulete est très préoccupant et nécessite un transfert médical vers Bukavu (Sud Kivu) pour des soins appropriés.
Au même moment, un autre groupe des militaires s’est dirigé au domicile de Kabwana Mukelenge, directeur adjoint de RTK sous prétexte de rechercher un élément du mouvement rebelle du 23 mars (M23) qui se serait caché avec ses effets militaires dans la maison du journaliste.
Le M23 est actuellement en pourparlers avec une délégation du gouvernement de Kinshasa à Kampala (Ouganda) depuis le 4 janvier 2013. Les militaires ont agressé violemment le directeur adjoint de la radio et brutalisé les membres de sa famille sans trouver l’individu recherché ni les effets militaires.
Il faut rappeler qu’en novembre 2011, les relations entre la Radio Tujenge Kabambare et les autorités de la Cité ont été très tendues. Ce qui avait abouti à la fermeture de la radio et à l’arrestation de plusieurs de ses journalistes pour avoir diffusé une interview de Sympho Muzinga wa Muzinga, leader d’un groupe local d’auto-défense dénommée « Raïya Mutomboke ».
Eu égard à ce qui précède, OLPA condamne avec la dernière énergie un acte de vengeance privée savamment orchestré par les autorités militaires et des renseignements de la cité de Kabambare contre un média et des journalistes.
La confiscation du matériel de RTK et les mauvais traitements infligés à ses journalistes constituent des atteintes graves à la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme.
En conséquence, OLPA exige une enquête susceptible d’identifier les auteurs intellectuels et matériels de ces actes atroces, et de les déferrer devant les juridictions compétentes pour qu’ils répondent de leurs actes.
