OLPA stupéfait par l’interdiction de diffusion d’un film à Kinshasa
. L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), réseau africain d’experts juristes et journalistes volontaires pour la défense et la promotion de la liberté de la presse, exprime sa stupéfaction après la décision de Lambert Mende, Ministre des Médias, chargé des relations avec le Parlement et de l’initiation à la Nouvelle citoyenneté, interdisant la diffusion publique du film « Sankuru : enfer ou paradis oublié ? » de Jean-Paul Kayembe, journaliste indépendant basé à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans une lettre datée du 9 avril 2013 adressée au gérant de l’hôtel Sultani, lieu programmé pour la projection du film prévu le 20 avril 2013, le Ministre des Médias justifie l’interdiction du film au motif que ce documentaire fait l’apologie des tensions ethnico-tribales communautaires et tombe sous le coup des infractions prévues par la loi fixant modalités d’exercice de la liberté de presse en RDC. Il soutient également que le film n’a pas respecté l’obligation de dépôt légal.
Le réalisateur du film a protesté contre l’interdiction en adressant une correspondance au Premier ministre, le 16 avril 2013, expliquant que ce reportage effectué dans le district du Sankuru (Kasaï oriental, au centre de la RDC), fief de l’ancien premier ministre Patrice Emery Lumumba, tire la sonnette d’alarme sur la situation misérable des victimes du « conflit ethno-tribal EKONDA-ESWE ». Le film fait un état de lieu du district du Sankuru sur le plan de la communication, de la santé, de l’éducation, de l’agro-pastoral et du conflit.
.
Au regard de ce qui précède, OLPA condamne une énième entrave à la libre circulation de l’information. Cette interdiction constitue une violation de la législation congolaise et des instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Par voie de conséquence, OLPA exige la levée immédiate de cette mesure illégale d’interdiction du film « Sankuru : enfer ou paradis oublié ? » de Jean-Paul Kayembe.
Il sied de rappeler que ce documentaire est le second film interdit par le Gouvernement en l’espace d’une année après celui du réalisateur belge Thierry Michel intitulé « Affaire Chebeya : crime d’Etat » interdit le 27 mars 2012.
