Les viols constituent une épidemie en RDC

La violence sexuelle est une épidémie dans la région Est de la République Démocratique du Congo(RDC), où des grou­pes armés continuent de se battre contre l’armée, les ci­vils étant pus au milieu. Les enfants conçus lors de viols sont souvent considérés comme une malédiction par leurs familles et leurs communautés, et font face à un futur marqué par la honte et le rejet.

Mwinja n’a connu que le rejet au cours des sept années de sa vie. Sa mère Julienne est tombée enceinte après avoir été violée par des sol­dats qui l’avaient retenue prisonnière dans la brousse pendant 14 jours. Elle a en­core des difficultés à accep­ter sa fille et l’utilise souvent comme bouc émissaire lors­que les choses vont mal. « Je suis malheureu­se à cause de cet enfant », explique Julienne. « Je pour­rais volontiers la donner à un bienfaiteur éventuel afin d’oublier le malheur qui m’a frappée ».

Et la vie de Mwinja n’est pas meilleure en de­hors de sa maison. Il en est de même à l’école où elle est souvent stigmatisée par ses camarades de classe. « Quel péché ai-je commis et jusqu’à quand demeurerais-­je une victime innocente? » s’interroge la petite fille. La violence sexuelle est une épidémie dans l’est de la République démocrati­que du Congo, où des grou­pes armés continuent de se battre contre l’armée, les ci­vils étant pus au milieu. Les enfants conçus lors de viols sont souvent considérés comme une malédiction par leurs familles et leurs communautés, et font face à un futur marqué par la honte et le rejet.

Les cas de viol ayant récemment grimpé à l’est, Human Rights Watch, H.RW, accuse la campagne contre les rebelles rwandais hutus, qui a été soutenue par les Nations Unies. Les rapports de HRW, selon lesquels plus de 7.500 cas de violence sexuelle contre les femmes et les filles ont été enregis­trés dans les centres de santé à travers le Nord et le Sud Kivu dans les neufs premiers mais de 2009.

viol_rdc.jpg Cela représente pratique­ment le double des chiffres de 2008 mais constitue seu­lement une fraction du total étant donné que la plupart des viols ne sont pas recen­sés. HRW a déclaré que la majorité des cas étaient des viols en réunion, et que certains étaient si violents qu’ils entraînaient la mort de la victime. Nombre d’en­tre elles sont retenues comme esclaves sexuelles par l’armée des Forces démo­cratiques pour la libération du Rwanda, FDLR, pendant des semaines ou des mois. Un des cas les plus récents documentés par HRW faisait état d’une attaque con­tre une petite fille âgée de neuf ans par des soldats des FDLR. Après avoir violé sa mère, ils introduisirent ensuite un bâton dans son vagin, provoquant sa mort. La petite fille fut violée lors­qu’elle poussa des cris.

Les femmes congolaises qui ont été sexuelle­ment agressées sont sou­vent rejetées par leurs ma­ris et leurs familles. Si on accepte qu’elles reviennent chez elles, l’enfant né d’un viol est:rarement accueilli. Une mère de quatre enfants, tombée enceinte après avoir été violée, a dé­claré que son fils avait été rejeté et humilié par son mari. La femme, qui a de­mandé à rester anonyme, avait peur de prendre posi­tion en faveur de son enfant.

Il ne va pas à l’école et est promis à un avenir sombre. Les enfants comme lui se retrouvent souvent dans la rue où ils rejoignent des groupes d’enfants sans domicile appelés “maibobo” et recourent à la mendicité ou au vol pour survivre. Nyombé, âgée de neuf ans, est l’un de ces en­fants et indique qu’elle n’a nulle part ailleurs où aller. « Je n’ai ni père ni mère. Ma mère a disparu », explique-t­-elle.

La présence de ces enfants provoque des ten­sions au sein de la commu­nauté, et certains sont visés par la police et les forces de sécurité. « Pour nous, il y a peu de différence entre la vie et la mort », a déclaré un enfant des rues. Sur place, les ha­bitants ont peu de com­passion. « Nous mènerons la lutte jusqu’au bout pour que ces enfants quittent le milieu et que notre popula­tion vive en paix », a déclaré l’un d’eux. « Ce groupe sans avenir ne doit pas nuire à l’avenir de tout le monde ».

Dans le quartier Ma­banga de Goma, les com­merçants ont incendié un abri de fortune dans le coin du marché, utilisé par un groupe de maibobo, y com­pris deux jeunes enfants nés de viols. Ces femmes tom­bées enceintes après avoir été victimes d’abus sexuels ne peuvent pas compter sur l’Etat si elles veulent avor­ter. L’avortement est illégal en RDC, même dans les cas d’inceste, et il peut seu­lement être pratiqué pour sauver la vie de la femme.

Bien que les autori­tés congolaises et de vas­tes pans de la société de la société fassent peu d’ef­forts pour aider les enfants nés de viol, il existe certains groupes qui essayent de les aider. Après avoir été reje­tée par son mari, la mère de Mwinja, Julienne a trouvé le chemin de l’ONG Synergie, qui aide à prendre en char­ge les victimes de viol. Sy­nergie s’occupe désormais de Mwinja et a donné à Ju­lienne un petit crédit pour l’aider à monter sa propre affaire.

Le mandat de l’ONG est de soutenir les victimes de viols de diverses manières, y compris par des con­seils et des soins prénataux. Synergie prend également en charge les coûts de la scolarisation. Pour les fem­mes, des cours de formation à la couture, au tissage ou à la peinture leur donnent les compétences qui leur per­mettent de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. « Nous soutenons les femmes qui ont été victimes de viol, pour le bien-être de leurs enfants »,
Déclaration de
Florence Masika
Syner­gie de Femmes contre les Violences sexuelles


Brève description du lien

Congolese Action for Peace and Democracy (CAP-asbl) Principale Organisation non gouvernementale des droits de l'homme travaillant de manière indépendante vis-à-vis du Gouvernement et des bailleurs de Fonds.