OLPA stupéfait par l’interpellation d’un journaliste à Kinshasa

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, exprime sa grande stupéfaction après l’interpellation d’Hugues Michel Mukebayi, directeur de RD-Congo News, un bi-hebdomadaire paraissant à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

Hugues Michel Mukebayi a été interpellé, le 21 août 2014 vers 7 heures du matin (heure locale), à son domicile dans la commune de Bandalungwa à Kinshasa, par quatre agents de la Police judiciaire des parquets prétextant être à la recherche de John Tshingombe, directeur de publication de RD-Congo News.

Ces agents porteurs de deux mandats d’amener l’un contre Mukebayi et l’autre contre John Tshingombe ont menotté le directeur du journal qu’ils ont conduit manu militari au Parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa-Gombe.

Après plusieurs heures d’attente d’audition, le journaliste a été entendu par un inspecteur judiciaire. Son interpellation serait consécutive à une plainte d’un certain Richard Vianney non autrement identifié qui accuserait le journaliste d’imputations dommageables et des dénonciations calomnieuses.

En date du 31 juillet 2014, le sénateur Kaniki, sénateur et frère biologique de Mgr Laurent Monsengwo, cardinal et archevêque de Kinshasa, a également saisi l’Observatoire des Médias Congolais (OMEC), instance d’autorégulation des médias, d’une plainte à charge de Mike Mukebayi, directeur de RD-Congo News, qu’il accuse de porter atteinte à son honneur et à sa dignité et celle du Groupe Bolloré Afric Logistics RDC, dont il est le chairman ainsi qu’à celle de son frère Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa et de ses neveux Denis Christel et Claudia Sassou.

Selon le sénateur, le journal RD-Congo News publie depuis près d’un trimestre des articles de presse le visant directement.

Dans son édition n°028 du 18 juillet 2014, RD-Congo News avait dénoncé le silence de l’archevêque de Kinshasa qui n’avait plus pris de parole en public pour se prononcer sur les différentes questions d’actualité et de s’être absenté à la conférence intitulée « Semaine des intellectuels catholiques ».

Le sénateur Kaniki avait alors envoyé des messages téléphoniques aux proches de Mukebayi leur demandant de mettre en garde le journaliste expliquant qu’il est un « magistrat en disponibilité et prince traditionnel avec ce que cela comporte comme conséquence ».

Il avait également promis au journaliste qu’il paierait le prix de la guerre qu’il a lancée à sa famille.

Le journaliste a été placé en détention au cachot du Parquet de grande instance de Kinshasa-Gombe.

Il sied de signaler qu’à la suite d’un arrêté ministériel controversé rendu public, le 20 août 2014, Lambert Mende, ministre chargé de Medias, a suspendu plusieurs organes de presse écrite dont le journal RD-Congo News.

Eu égard à ce qui précède et sans se prononcer sur le fond de l’affaire, OLPA fustige la procédure cavalière ayant conduit à l’interpellation du journaliste.

OLPA reste fermement opposé à toute instrumentalisation des services publics de l’Etat par des personnalités politiques pour intimider les journalistes et les médias, en portant ainsi atteinte à la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits humains.

En conséquence, OLPA exige la mise en liberté du journaliste Mukebayi et demande aux autorités de favoriser l’exercice de la liberté de presse sur toute l’étendue du pays.