3. IMAGES ET COMPORTEMENTS ACTUELS DE LA JEUNESSE KINOISE

Normalement, le développement économique et humain ne peut se faire réellement que si les jeunes prennent en mains leurs propres destinées en s’investissant positivement et efficacement dans tous les secteurs vitaux de la société.
La réalité dans notre société est tout simplement désolante, triste et n’augure aucun avenir radieux pour ces millions de milliers de garçons et de jeunes filles dont le comportement, le langage, les attitudes contrastent étrangement avec la vigueur dont ils font montre dans les domaines de bas étages : délinquance, prostitution, drogue, goût excessif pour la mode, etc.
La jeunesse de notre pays se caractérise aujourd’hui par un manque d’idéal et de modèle. Accordant une importance primordiale à ce qui paraît aux yeux de beaucoup comme superficiel, les jeunes excellent dans des distractions oiseuses où le sexe, la musique et le football occupent le gros de leur temps et consomment toutes leurs énergies.
Il faut les entendre à longueur des journées vanter leurs “ exploits ” en matières de conquêtes amoureuses, de nombre de bouteilles de bière consommées la veille dans un night–club ou un bar mal famé, le décompte de l’argent volé ou escroqué à des tiers sans oublier l’achat, à un prix défiant toute imagination, d’un pantalon délavé, d’une veste datant du siècle dernier et qu’Occident déverse volontiers dans les malles destinées aux costumes des acteurs de théâtre mais qu’à Kinshasa, les jeunes portent volontiers ; je veux dire aisément et avec un orgueil et une vantardise à peine cachés.
Ailleurs, ces costumes appartiennent aux pièces des musées vestimentaires. Chez nous, on leur attribue une importance et une nouveauté telles qu’ils changent de prix et sont baptisés des noms et prénoms tout aussi bizarres que fantaisistes : “ Camacho ”, “ Matshuda ”, “ Masatomo ”, “ Versace ”, …
Dans cette jungle où les accoutrements des couturiers japonais, italiens et cubains côtoient les drogues telles : “ djino–maïs ”, “ kimbiolongo ”, “ lolango ”, les jeunes se découvrent un autre monde fait de fantasme, de chimères et de facilités, ils s’y enracinent, y prennent goût et ne trouvent aucun mobile de se défaire de cette vie dégradante qui ne mène à aucun avenir et pour eux–mêmes et pour leurs communautés.
L’énergie dépensée dans les discussions autour des musiciens Werrason, JB Mpiana, Papa Wemba, Koffi Olomide, … que bon nombre de jeunes n’ont jamais côtoyé physiquement mais pour lesquels ils sont toujours prêts à se battre, si elle l’était pour curer nos caniveaux, procéder à la réfection de nos avenues, vider les fosses septiques de nos résidences familiales en vue d’un environnement sain en tous points de vue, c’est certain que notre cité changerait de physionomie.
Si les joutes oratoires enregistrées lors des rencontres sportives entre les Clubs en vue; en l’occurrence V. Club, Daring–Club, Motema-Pembe et FC Dragons l'étaient pour des discussions de haute portée socio–économique où les aspirations des jeunes sont réellement prises en compte, notre société connaîtrait un véritable changement mais hélas !
Là où on a cru un moment donné que ce sont seuls les marginaux, les ratés essentiellement recrutés dans les rangs des analphabètes qui excellent dans ces bassesses, il se trouve malheureusement aussi ( eh oui ! ) des universitaires, futurs cadres dirigeants de demain, qui font preuve de vitalité et d’imagination créatrice débordante quand il s’agit de “ singer ” Werrason, J.B. Mpiana, Papa Wemba, Koffi Olomide, … dans leurs turpitudes, eux qui ne possèdent pas grand’ chose de positif à proposer comme modèle aux jeunes.
Au plus fort de la guerre des clans Werrason, J.B. Mpiana, un couple de fiancés universitaires a “ divorcé ” : la jeune fille, originaire de Bandundu est une fanatique inconditionnelle de Werra tandis que le jeune homme natif du Kasaï–Oriental supporte à mort ( ce sont ses propres termes ) son frère J.B.
Sur un autre site universitaire, deux autres étudiants en sont venus aux mains, ne pouvant régler autrement leur passion pour Werra et J.B. !
Jeunesse en marge de la société ! Jeunes sans idéal et sans modèles appropriés ! Dans ces conditions, il est tout à fait normal que l’Etat, les sociétés de développement, les industries, les commerçants, les partenaires économiques et sociaux des populations ne voient dans les jeunes qu’une force de travail de consommateurs passifs ; et surtout des appuis pour des opérateurs politiques.