SITUATION HUMANITAIRE A L’EQUATEUR : INDICATEUR DE LA PAUVRETE

Résultat d’enquête faite par le F.D.H du 5 – 25 avril 2002

De 1500 ménages disséminés dans les villages qui constituent la paroisse de Baringa, pour une taille moyenne de 10,5 par ménage, soit 15.750 personnes qui ont été touchées, il s’est dégagé des constats suivant :
situation d’hypopauvreté caractérisée par une ligne de 0,10 $ par jour par personne
- 86 % ont un niveau primaire, 55,2 % niveau secondaire (la grande majorité : des sections pédagogiques et commerciale et administrative. Les seules sections implantées à Baringa mais inadaptées aux réalités sociales du milieu), 5 % ont un niveau universitaire mais ils sont dispersés dans les centres villes.
- 99 % du corps enseignant n’ont qu’un niveau secondaire et les 1 % des gradués. Les licenciés et docteurs n’y existent pas
- 2 % disent avoir un travail, dont 60 % chez les missionnaires catholiques et protestants, 40 % dans l’enseignement
il n’y existe aucune société d’exploitation ou commerciale, ni un magasin commercial
- 98,5 % des chefs de ménages sont sans emploi et n’ont des revenus que dans leur occupation principale (agriculture, chasse, pêche, tirage du vin de palme (pour les hommes), fabrication de « lotoko » (pour les femmes), …)
- 96,7 % des chasseurs font la chasse par les pièges qui attendent seulement le passage hasard d’un gibier pour être pris, malheureusement les gibiers ont fuit dans des forêts inaccessibles suite aux détonations des armes de guerre et il y a aussi carence des câbles pour les pièges, 10 % utilisent les chiens et les filets avec flèches comme armes.
- 15 % font la pêche par les hameçons et les filets, marque chinoise, sur base de 10 à 20 hameçons ou un filet par pêcheur. Ce qui justifie la moindre production. Les femmes font l’écopage seulement pendant la saison sèche.
- Des ménages ayant des personnes salariées, 95,5 % ne peuvent se nourrir pendant 3 jours de leur salaire.
- 36 % vivent des petits travaux de mains incapables de se sécuriser socialement avec les revenus de ces activités.
- 85 % de ménage n’ont pas accès à une bonne alimentation. Ils se contentent aux « pondus », contrairement aux habitudes Ngala
- Les routes praticables n’existent plus. Le véhicule des religieux le seul existant font 2 jours pour 60 Km sans repos. Le véhicule passe une à deux fois tous les 3 à 5 mois ou parfois non.
- Les convoies commerciales n’existent pas. Depuis le début de la guerre, les bateaux n’arrivent plus.
- 82 % de ménages partagent un pantalon ou un linge (pagne) entre tous les membres d’une famille. L’habillement pose problème
- 6 % font 205 km à pieds ou par pirogue pour communiquer avec leurs membres de famille se trouvant au centre ville par phonie. Les moyens de communication n’existent pas.
- 95 % de la population est sans médias. Aucune chaîne de télévision, ni société de communication. 0,08 % suivent les informations par postes radio grâce à RFI et Africa n° 1 par SW1, SW2. Actuellement, le MLC vient d’installer un radio communautaire à Basankusu qui ne couvre pas tout l’Equateur sud et qui n’est pas tellement suivi, faute de poste radio. Il n’y a presque 1 poste pour 1000 habitants.
- 10 % de logements sont en tôles ou en plaques de métal rafistolées, 90 % de toiture est fait en pailles.
- 0,2 % de bâtiments sont en matériaux durables, les 30 % en briques à dobes et 60 % en pailles et rameaux avec argile.
- 98,9 % de ménages utilisent une toilette extérieure à base de matériaux de fortune : Pailles et rameaux, sacs et vieux tissus, tôles de récupération.
- La Régideso n’existe pas. 100 % de ménages puisent l’eau dans des sources sans protection à une distance de 1 à 2 km de la maison avec les calebasses et cruches de 5 l. Il n’y a pas de puits de forage.
- L’électricité n’existe pas. 4 % utilisent des lampes à tempêtes, 60 % utilisent un linge avec l’huile de palme dans une boitte, 75 % utilisent le cobalt et caoutchouc ; 42 % utilisent les stiques et pailles.
- 65 % n’ont pas accès aux soins médicaux. 56,25 % recourent à l’automédication (surtout l’aspirine et chloroquine qui sont difficiles aussi à trouver), 45,19 % recourent à la médecine traditionnelle, 25 % aux voyants (féticheurs et magiciens)
- Le manque d’argent constitue la raison principale de la misère de la population qui ne croient plus aux politiciens congolais si ce n’est qu’un appui à leur propre force. Le plus grand billet qui circule est celui de 20 Fc qui n’a comme pouvoir d’achat dans de centre ville que 2 biscuits ou 20 à 25 graines d’arachides ou deux sachets de l’eau non potable.
- Pour sortir de cette pauvreté, 40 % pensent à la prière, 15,9 % réclament un travail rémunérateur pour les chefs des foyers ; 60 % pensent au changement politique (nouvel ordre politique), 25 % comptent sur l’aide des membres de la famille se trouvant à Kinshasa ou en Europe. L’obtention des matériels pour la pêche et surtout des crédits pour les activités agropastorales constituent l’unique moyen d’issue pour 87,9 % des ménages qui ne compte que sur l’immense forêt équatoriale très fertile (terre mère : la seule philosophie qui les anime) et leur propre force.
C’est dans tel contexte que parmi des divers mécanismes à mettre sur pieds pour le développement durable de ce coin du pays, le F.D.H. qui se donne entre autre la mission d’encadrer les paysans lance un SOS pour cette fin.
N.B. : Nous reconnaissons que les enquêtes ont été difficiles car elles étaient organisées pendant les tumultes politique, elles étaient faites discrètement, ce qui pouvait aussi biaiser. Toutefois, ce que nous publions reflète la situation sur la terre et cela sans crainte, les indices de pauvreté que nous donnons sont vérifiables. Pour plus d’efficacité, nous comptons organiser aussi une deuxième séance.
Henri Christin LONGENDJA,
Coordonnateur Général du F.D.H.