A la découverte du Théâtre International de Langue Française (T.I.L.F.)

A LA DECOUVERT DU THEATRE INTERNATIONAL DE LANGUE FRANÇAISE
( T.I.L.F.)
Le théâtre fondé en 1985 par Gabriel Garran avec le soutien du Ministère de la Culture française a pour mission la promotion des écritures théâtrales et des pratiques scéniques nées de la diversité des expressions de la langue française à travers le monde.
Le T.I.L.F., est surtout un instrument au service des écritures et des démarches scéniques ayant comme base l’usage d’une même langue. C’est aussi une compagnie théâtrale qui crée ses propres spectacles ( avec une équipe légère d’acteurs antillais et africains renforcée en fonction des besoins ), parraine, stimule des initiatives sous toutes les latitudes et suscite des rencontres, des brassages d’aventures parallèles. Il s’agit de donner la parole et les productions deviennent le reflet des émergences. En ce sens, on peut dire que le T.I.L.F. est à la fois un outil de création et de confrontations culturelles.
Depuis mars 1985, il a programmé vingt–six auteurs représentant treize pays ou communautés de langue française. Il s’est exprimé dans quatre vingt–dix lieux différents- il a donné 450 représentations.
Créations de spectacles, présentations scéniques, parloirs, festivals, invitations de compagnies, ses manifestations sont multiples, toujours à inventer. Son ambition est de trouver un lieu pour mener à bien une politique qui nécessite une constante prise de risque ( le travail sur l’inconnu, la découverte de la différence ), et pour lui permettre de fidéliser un public autour de son action.
“ L’initiative de faire apparaître un Théâtre International de Langue Française correspond à ce double enjeu d’imaginaire et d’un ressourcement qui ait droit de cité et soit un élément de richesse mutuelle. A la vastitude de la langue française doit correspondre la vastitude des accueils et des travaux communs ” ( Gabriel Garran ).
Il ne s’agit pas de défendre la langue française, mais de l’enrichir, “ il ne veut pas la protéger, il veut lui faire prendre tous les risques… ”.
En 1988, ce théâtre s’installa à la Villette, dans le Pavillon du Charolais qui abritera désormais un espace de 300 m², aménageable au gré des manifestations et pouvant accueillir jusqu’à 150 personnes. Il disposera d’un point d’ancrage lui permettant de mener une politique autonome d’initiatives, de créations et d’accueil. A côté des créations ou lectures de spectacles belges, suisses, français, québécois, nous retenons la découverte des pièces africaines et malgaches.
* Les Parloirs :
Il s’agit de présenter simultanément plusieurs pièces en “ lectures scéniques ”, esquisses de travail partiel où des acteurs brochure en main, élaborent leur personnage devant les yeux de spectateur, soutenus par un accompagnement sonore et une mise en lumière. Le propos est avant tout de faire entendre un texte, des textes, qui, mis côte à côte, affirment leurs différences et leurs points de jonction, parfois inattendus.
Il y a dans le choix de cette forme théâtrale un souci d’honnêteté, un sens du devoir des animateurs de ce théâtre vis–à–vis de littératures par trop méconnues jusqu’à présent. Il y a volonté d’honorer avant tout l’écriture en lui attribuant la qualité d’intéresser à elle seule, sans déploiement de moyens. Enfin il y a désir que ces Parloirs soient pour les ouvrages un test positif, enclenchant le mécanisme d’une réalisation théâtrale pleine et satisfaisante.
* Le Parloir africain et malgache au Festival d’Avignon 1986 avec une équipe internationale de onze acteurs, cinq metteurs en scène et deux musiciens :
R.D.C. : Qui hurle dans la nuit ? De Diur N’Tumb, découverte et primée par Radio France Internationale pour sa première pièce Zaïna. Cette pièce a été traduite en anglais sous le titre “ Lost Voices ” et a participé au Festival d’auteurs francophones 1987, organisé à New – York par Françoise Kourilsky, directrice de l’Ubu repertory theater.
Côte d’Ivoire : Mhoi–Ceul de Bernard Dadié.
Congo–Brazza : Qu’est devenu Ignoumba le chasseur ? de Sylvain Bemba.
Sénégal : La fille des dieux d’Abdou Anta Ka.
Madagascar : Imaïsoanala de Vololona Andriamoratsiresy.
Climats–Rencontres Nord–Sud, Bruxelles en Novembre 1986 avec les pièces congolaises de la RDC et congolaise de Brazzaville.
Metteurs en scène : Sonia Emmanuel, Pierre Vial, Pascal N’Zonzi, Tola Koukoui, Gabriel Garran et Akonio Dolo.
… “ On ne fait pas qu’écouter ; on voit, on imagine. Et plus, parfois, qu’au contact de spectacles rudimentaires ou prétentieux, on se trouve là en présence de l’acteur émerveillé, en train de chercher son personnage. On assiste presque à la genèse du jeu, devant le public .” ( Albert – André Lheureux. )
Cette forme n’est - elle pas proche de l’art traditionnel des contenus africains, mais avec, en dehors de la spontanéité, la construction solide et l’appui d’un texte ?
* Les réalisations du T.I.L.F.
* L’été africain à Paris : Théâtre Tristan Bernard 22 juin – 22 août 1987.
Reprise du Parloir pour pousser plus loin des esquisses de mise en scène, ajouter des éléments de décor et s’approcher sensiblement de la représentation théâtrale dans son achèvement.
* Sommet francophone à Québec : septembre 1987.
* Spectacles africains : Je soussigné Cardiaque de Sony Lab’ou Tam’si, mise en scène de Gabriel Garran, octobre 1985 au Théâtre de la Place de Liège puis Théâtre National de Chaillot.
Le Bal de N’Dinga de Tchicaya U Tam’si, mise en scène de Gabriel Garran du 26 octobre au 4 décembre 1988. Théâtre de la Tempête de la Cartoucherie de Vincennes.
Gabriel Garran pense que, dans l’aventure globale de l’universalité de la langue française, l’Afrique peut offrir un terrain qui serait comparable à ce que représente l’Amérique pour la langue espagnole : inventions lexicales, syntaxiques, fécondité romanesque, trop – plein à dire par rapport au relatif plus rien à dire hexagonal.
Source : THEATRE SUD, n° 1/1990.