Viols et violences sexuels dont sont victimes les filles et femmes du sud kivu en RDC
Rapport du 1er Semestre 2003.
1. RESUME.
Notre pays, la République Démocratique du Congo est en proie à une guerre meurtrière depuis six ans. Dans cette guerre étaient engagées six armées régulières des pays voisins et plusieurs milices locales et étrangères.
En juin 2002 quand l’organisation internationale Human Right Watch publiait son rapport intitulé "Violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles à l’Est du Congo", il avait été démontré que parmi les armes utilisées pour exterminer les populations civiles figuraient les viols avec violences extrêmes des filles et femmes de tous âges. Les petits villages du Sud-Kivu jadis paisibles et inconnus, sont devenus tristement célèbres et leurs populations appauvries, déplacées et traumatisées.
La Coalition contre les violences sexuelles CCVS, une structure locale des organisations féminines qui assistent les victimes des viols a démontré au cours d’une campagne menée au mois de décembre 2002 que pendant qu’en ces jours l’on parle des avancées importantes du processus de paix sur le plan national et diplomatique, l’Est de la RDC reste géré par une multitude d’armées et bandes armées auteurs de nombreux cas des viols et violences sexuelles.
Pour le seul mois d’octobre 2002, une organisation locale membre de la coalition, le Centre Olame, a reçu dans son centre d’écoute à son siège 117 cas de viols. En un jour soit le 15 octobre 2002, 73 femmes furent violées à Cibimbi, un petit village de Katana en territoire de Kabare au Sud–Kivu démontre la même organisation. Le nombre des femmes violées est très important mais il est difficile de l’apprécier et d’identifier les auteurs.
La réponse internationale et locale à la question de la violence sexuelle risque d’être inappropriée dispersée et entachée d’irrégularités étant donné l’insuffisance des informations indépendantes plus ou moins totales et générales sur les violences pouvant ainsi inspirer une prise de décision proportionnée dans les efforts globaux de reconstruction en accordant une priorité à la réparation des dommages causés par la guerre aux femmes. Ces irrégularités pourraient être des effets des distorsions dans la compréhension de la nature et des approches de ce problème.
La réalisation d’une enquête internationale aiderait à mettre de la lumière sur la nature de ces viols, les victimes, les auteurs et les différentes responsabilités ainsi que les conséquences actuelles de ces crimes.
Actuellement, il s’observe un délassement de la part des victimes du fait que l’assistance tarde à se manifester au regard des multiples conséquences occasionnées par la violence.
Aussi la faible implication des services étatiques dans la lutte contre les violences sexuelles consacre une impunité manifeste.
Au niveau des acteurs non gouvernementaux l’on note l’insuffisance des moyens pour soutenir les efforts locaux dans ce domaine.
Les organisations locales des femmes, bien que conscientes de la nécessité d'à agir sur les conséquences de ces violences sexuelles, se trouvent désemparées face aux moyens car n’étant pas tout simplement outillées pour faire face aux multiples besoins d’assistance matérielles, sanitaires et légales qu’exigent une telle catastrophe.
Ceci est une interpellation pour tous ceux qui peuvent appuyer les initiatives en présence et lutter au délassement qui gonfle l’arsenal des problèmes occasionnés par les violences sexuelles.
Bien qu’il soit reconnu que les violences sexuelles ont été utilisées comme arme de guerre, la communauté internationale n’a pas condamné fermement les auteurs de ces crimes et prendre des dispositions utiles pour arrêter en urgence le phénomène et mettre ainsi fin à l’impunité.
2. RECOMMANDATIONS
A la communauté internationale.
- Continuer la pression sur les parties au DICO notamment les anciens rebelles afin de mettre fin aux hostilités qui persistent à l’ Est du pays, d’accélérer le processus réel de la mise fin à la guerre rendant ainsi possible la gestion d’une transition non conflictuelle en RDC.
- Faire pression sur le Rwanda pour qu’ il arrête ses manœuvres qui visent à maintenir son influence sur le Kivu en libérant définitivement ses alliés locaux du RCD.
- Que tout soit mis en œuvre pour contribuer à ce que des personnes responsables d’atteintes aux Droits Humains et de graves violations du DIH soient traduites en justice et que des cadres pour s’occuper des auteurs identifiés soient envisagés dès maintenant et mis en place pour éviter d’être pris en cours.
- De financer des enquêtes indépendantes sur les violences sexuelles par des mécanismes habileté et prendre des résolutions conséquentes qui ne souffrent d’aucune léthargie telle qu’observé pour d’autres prises sur la RDC.
- S’impliquer dans l’ assistance des victimes des violences sexuelles en encourageant les différents gouvernements et organisations bailleurs à soutenir les initiatives locales qui cherchent à répondre à ce fléau.
Au Gouvernement congolais
- D’inscrire les viols et violences sexuelles à l’Est parmi ses priorités de reconstruction.
- De déposer une plainte contre les pays agresseurs de la RDC pour avoir mis en place des mécanismes favorisant l’utilisation des viols et violences sexuelles comme arme de guerre.
- Déployer urgemment l’armée nationale à l’ Est pour protéger les populations civiles notamment les femmes et les jeunes filles contre les viols.
Aux organisations internationales
- S’appuyer sur les initiatives locales déjà en place afin de limiter des approches traumatisantes et déshumanisantes dans l’assistance aux victimes des violences sexuelles.
3. UNE REPONSE DE FAÇADE AUX CONSEQUENCES DES VIOLENCES SEXUELLES.
Les conséquences de ces viols sont catastrophiques. Avec des femmes affaiblies par les traumatismes physiques et psychologiques incessants, des filles porteuses et distributrices de VIH/SIDA, la société congolaise se trouve menacée quant au nombre et la qualité de son peuple pour l’avenir. La chasse aux femmes et filles paysannes qui représentent plus de 70% des femmes, ces dernières représentant 52% de la population congolaise a fortement entamé à la source de production et reproduction de la femme. Et les effets sont ressentis et se ressentiront pendant longtemps et de plusieurs manières sur toute l’étendue du territoire national.
Actuellement, beaucoup des filles violées portent des enfants dont la paternité ne sera jamais établie et ce métissage semble avoir été planifié si l’ on considère que c’est la tranche d’age de la population sexuellement active qui était plus la cible privilégiée des auteurs et que certaines d’entre elles ont été longtemps gardées en esclavage avant d’être relâchées aussitôt qu’ elles concevaient ou accouchaient.
Au cours du mois de décembre 2002, dans un hôpital à Bukavu, étaient logées plus de 30 femmes victimes des viols et violences sexuelles et dont 16 connaissaient des problèmes gynécologiques irrécupérables. Elles étaient abandonnées par leurs maris et la prise en charge des soins étaient très difficile.
Jusqu’ a présent la prise en charge sanitaire et matérielle demeure difficile au regard de la fréquence et du nombre des cas, de l’ inaccessibilité encore observée pour certaines contrées, de la modicité des moyens financiers pour les victimes et du manque des moyens adéquat au niveau des organisations habiletés à accompagner les victimes.
Beaucoup de filles et de femmes violées se plaignent de leur état de santé. Les femmes et jeunes filles expriment toujours la crainte d’avoir attrapé des IST et surtout elles ont peur du SIDA. D’ailleurs 3 des 117 femmes suivies le mois de novembre 2002 étaient séropositives après le test du VIH.
Bien de gens n’acceptent pas les victimes des violences sexuelles, ces derniers souffrent de la stigmatisation et du rejet social de la part de leurs parents, maris, frères y compris les enfants selon le cas. Et pour recouvrer une partie de leur dignité, certaines d’entre elles sont obligées de se déplacer vers d’autres milieux. La production rurale qui à 80% nourrit la population de la ville en souffre.
En ce jour, bien que le nombre des femmes violées soit très important et s’accroît journellement il reste difficile de l’apprécier et d’identifier les auteurs.
En dépit du processus de paix suffisamment avancé sur le plan officiel et diplomatique entre acteurs impliqués dans les conflits, le calvaire pour les femmes du Sud-kivu n’ est pas encore au bout du tunnel.
Des armées des pays étrangers et leurs milices y compris les milices locales commettent encore des violences sur les populations et particulièrement les femmes et le nombre des cas des viols continuent à gonfler les rangs des violations et crimes enregistrés dans la province surtout en milieu rural qui logent les différents acteurs protagonistes.
A la lecture du tableau ci-après édifiant sur les Statistiques d’ identification des cas des violences pour le premier semestre 2003 l’ on peut s’ interroger sur l’ ampleur de la situation longtemps après que l’ on ait annoncé le retrait officiel des forces d’ agression et d’ occupation de l’Est de la RDC.
Sur le terrain, les victimes reconnaissent encore avoir été violées par des soldats de l’armée rwandaise, les réfugiés rwandais retranchés dans les forets, les soldats du RCD ainsi que les éléments des milices locales et autres étrangers à pied d’ œuvre à l’Est du pays.
4. QUELQUES ELEMENTS DES STATISTIQUES
Association statistiques Tranches d’age Total Provenance Observations
1.centre Olame2.UEFA3. RFDP4. ADIFTotal identifié pour le semestre 550153172131223366551841224672041080 5 à 10 ans11 à 15 ans16 à 20 ans21 à 30 ans31 à 40 ans41 à 50 ans51 à 60 ans60 ans et plus16 à 20 ans21 à 25 ans30 à 45 ans46 à 60 ansnon précisé10 à 20 ans20 à 40 ans50 à 80 ans 776234765101560 cas Territoires :WalunguKabareKaleheShabundaKalongeNord-KivuBunyakiriWalunguKabareShabundaKaleheKalehe La situation ici reprise concerne l’ accompagnement fait par le centre dans son service d’ écoute pour la prise en charge psycho moral de janvier à juin 2003.Cette situation concernent les femmes pygmées ( autochtones) vivant aux alentours des parcs ou logent la plupart des bandes armées.Ce travail reprend la situation de mars à mai.Certaines de ces femmes bénéficient d’ un accompagnementLégal de l’ association.364femmes sont mariées, 70 sont séparées de leur mari à la suite de ce viols, 55 sont veuves et 21 sont des célibataires.Parmi ces cas, un petit nombre est assisté dans le réarmement psycho moral et sanitaire mais le plus grand nombre ne l’ est pas. L’ on ne fait pas allusion au cas antérieurement identifiés.
5.LES SUITES DU VIOL
Plusieurs filles violées sont tombés grosses à la suite de leur viol.
Pour le mois de mai, 6 filles ont été accueillies au centre Olame accusant déjà des retards de menstruations. Elles sont suspectes de grossesses et le test auquel le centre le soumettra va reveler des précisions.
Pour le seul mois de juin, le centre olame a accueilli 6 filles ayant des enfants issus des viols, d’ autres attendent accoucher dans les semaines qui suivent et parmi ces enfants figurent ceux qui ont déjà l’age de 3 ans.
Une fille a été reçu au mois de mai après qu’ elle ait séjourné pendant 4 ans dans la brousse sous esclavage sexuel.
2 jeunes filles de 15 ans accoucheront au cours du mois d’ août
1 jeune fille de 16 attend famille en novembre
Les 67 cas enregistrés par le RFDP étaient constitués à majorité des femmes en provenance du village Budodo, en groupement de kaniola dans le territoire de Walungu. Elles ont revelé que presque toutes les femmes de ce village ont déjà été victime au moins une fois.
Jusqu’ a présent la prise en charge sanitaire et matérielle demeure difficile au regard de la fréquence et du nombre des cas, de l’inaccessibilité encore observée pour certaines contrées, de la modicité des moyens financiers pour les victimes et du manque des moyens adéquat au niveau des organisations habiletés à accompagner les victimes.
6. Conclusion
Les protocoles additionnels aux conventions de Genève en son article 76 stipule que les femmes doivent faire l’objet d’un respect particulier et seront protégées contre le viol, la contrainte à la prostitution et toute autre attentat à la pudeur.
La CCVS profite de cette occasion pour rappeler aux acteurs nationaux et internationaux que le programme de reconstruction nationale et de l’ aide internationale pour la RDC devra tenir compte des victimes des violences sexuelles sur divers aspects des conséquences.
Fait à Bukavu, le 30 juillet 2003.
1. LE RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX : RFDP
LE CENTRE OLAME
ASSOCIATION POUR LE DEVELOPPEMNET INTEGRAL DES FEMMES : ADIF
UNION POUR L’EMMANCIPATION DES FEMMES AUTOCHTONES : UEFA
SERVICE DES ACTIVITES FEMININES CELPA : SAF.
COALITION CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES : CCVS
Sa genèse
Plusieurs dénonciations des violations en matière de violences sexuelles par des Organisations des Droits Humains ont interpellé l’opinion locale et internationale sur la problématique et sa gravité. Dans ce sens, des tentatives d’action ont eu lieu ici sur place à Bukavu mais sans grand lendemain. Elles rejoignaient une commune préoccupation des Organisations des Droits Humains du Sud Kivu et réveillait dans beaucoup le courage de l’action et une action efficace.
Sur place à Bukavu, le Law group (Groupe International des Droits Humains) en partenariat avec certaines Organisations locales, a organisé des Séminaires de formation pour les membres des Associations oeuvrant sur le thème des violences sexuelles et d’autres violations des DH. C’est à l’issue d’une de ses activités tenues au « Shekinah House » à Bukavu, du 30 septembre au 02 octobre 2002 qu’est née l’idée de créer un Cadre de Concertation entre les intervenants sur la question des viols et violences sexuelles contre les femmes. Il a été noté, en effet, que l’insuffisance de synergie entre les acteurs intervenant sur la question affaiblissait et dispersait les interventions ainsi que les ressources déjà pauvres au départ. Il s’agit d’affronter une catastrophe, et le besoin d’une intervention énergique s’impose plus que jamais.
· « Coalition Contre les Violences Sexuelles en RD. Congo » est une Organisation thématique. Elle est liée au besoin d’une action efficace en faveur des victimes des violences sexuelles en période des conflits armés en RDC et repose sur le respect de leur culture.
· Elle est un cadre qui permet à ses membres d’agir ensemble sur la question des violences sexuelles liée à la guerre en R.D.Congo. Elle veut servir de pont pour la réalisation d’un lobby par les concernées tant au niveau local qu’international.
Son champ d’action
· CCVS a son siège à Bukavu, au Sud Kivu, Province située à l’Est de la R.D. Congo.
· Son champ d’action est lié au champ d’abus sexuels liés à la guerre en R.D. Congo.
· « Coalition », dans son souci d’unité nationale, veut inviter toutes les forces éprises de paix à « coaliser » pour faire face et mettre fin aux actes de violence contre les femmes en créant des mécanismes susceptibles d’apporter une réponse globale et efficace aux victimes.
Ses réalisations
· Réunions hebdomadaires et concertations mensuelles des Organisations membres,
· Actions de lobby local et international,
· Campagne de sensibilisation sur l’ampleur et les conséquences des viols,
· sensibiliser l’opinion internationale et appel de solidarité aux femmes d’Afrique et du monde entier
· Contacts avec les belligérants,
· Conception et gestion d’un programme commun en vue du lobbying.
Ses perspectives
· Travailler en collaboration avec les Organisations sœurs des autres Provinces, notamment Kinshasa pour une action de lobby et de sensibilisation sur place.
· Plaider pour un financement des activités de ses membres,
