DIANA : Une Princesse inoubliable
Le samedi 30.08.1997, - il y a 6 ans - , la Princesse Diana est morte, victime d’un accident de voiture dans le tunnel de l’Alma. Au delà des polémiques, on l’a pleuré dans des millions de chaumières. Sur le pont de l’Alma, à Paris, des inconnus ont défilé par milliers pour déposer une gerbe, un petit mot, une pensée près des lieux du fatal accident. A Londres, c’est par centaines de milliers que les bouquets de fleurs ont pavé les rues tout autour du palais de Kensington. Les funérailles de cette femme exceptionnelle de beauté, de charme et de gentillesse (mais très controversée) ont été retransmises par toutes les télévisions du monde et suivies par la moitié de l’humanité. 6 ans après, notre mémoire n’a pas oublié les sentiments de respect et d’admiration que sa personne et sa vie ont suscitées en nous…
1. UNE FEMME COURAGEUSE…
Diana Spencer avait de splendides yeux bleu azur, un visage d’un beau galbe et des guibolles de rêve. C’était surtout une femme de notre époque bohème, résolument moderne et ouverte au monde, généreuse, futile, surtout une femme libre qui a tenté d’assumer, puis de transcender sa condition.
Fruit de la génération Band Aid, du Disco, de la Vidéo, de l’Internet et du Sida, DIANA était une princesse comme seuls les contes de fées et la littérature enfantine en ont le secret : belle à ravir, sourire étincelant, cœur d’or, décorsetée dans un environnement virtuel d’un autre âge. En somme, Diana était un zeste d’aventure et une pincée de piment dans une Cour royalement fade.
Diana passait avec grâce de ses robes de princesse et du tailleur strict au jean et aux décolletés. Elle faisait son jogging matinal dans les rues de Londres, un walkman collé aux oreilles. Elle se vouait aux crève-la-faim et aux malades. Elle n’hésitait pas à serrer dans ses bras des gosses rongés par le sida ou le kwashiorkor, là où d’autres se seraient contentés de caresses prudentes.
Diana se mêlait à l’occasion des affaires de la cité, vitupérait les séquelles du tchatchérisme, dénonçait les méfaits des mines antipersonnel en Angola et ailleurs.
Devant un establishment ébahi, elle avoua publiquement avoir trompé son princier époux. Et – shocking – elle osa, au soir d’une vie fugace mais remplie , s’encanailler avec un métèque, certes cousu d’or, mais métèque quand même, du moins aux yeux de beaucoup de ses compatriotes.
Diana était une femme libre, une princesse régnant avec tout l’éclat de son sourire sur un autre monde.
2. UNE « ASSOMPTION BEATIFICATRICE ».
Dans l’incroyable inflation médiatique engendrée par la mort accidentelle de la Princesse de galles, les mages de l’image, ces sorciers du monde moderne, ont célébré sans mesure leur propre pouvoir, jusqu’à des sommets de délire qu’il sera probablement difficile d’égaler. La presse écrite+ et visuelle avaient créé le mythe de Diana. Elle a transformé sa mort en une sorte d’assomption béatificatrice
Ainsi, un non- événement qui – sauf helàs, pour deux enfants –ne changera rien, nulle part, au cours des choses, est-il devenu, par ses soins, l’objet d’une fascination planétaire.
On parle quelquefois de la « bulle financière » créée sur les marchés des valeurs par l’auto-entraînement d’une spéculation artificielle. Il faudrait parler ici d’une bulle médiatique qui n’a cessé de s’enfler en se nourrissant d’elle-même. Au départ, une jeune fille de bonne famille, fraîche et sentimentale, à l’intellect modeste, se trouve, par un malencontreux mariage royal, projetée à 2O ans dans le rôle le moins fait pour elle : celui d’épouse de l’héritier du trône britannique. D’où l’échec dudit mariage et, chez la triste héroïne, - mais dans un monde doré – une quête d’identité à travers des engagements humanitaires – certes louables – même dûment médiatisés – et surtout dans les bras de séducteurs éphémères dont le choix ne témoigne pas toujours d’un goût très sûr. Et il n’en faut pas plus pour que sa vie – non sans son aide – se mue en feuilleton à l’usage des foules avides de la presse du sexe et du cour.
C’est alors que l’inattendu arrive, et Malraux eût peut-être parlé de l’irruption de la tragédie grecque dans le roman-photo. La nuit du 31 août 1997, dans cet univers de fiction, a soudain surgi la réalité : le Destin y prenant la forme d’un chauffeur ivre lançant dans Paris à 19O km à l’heure, un bolide de deux tonnes, au risque de provoquer dix accidents mais ne tuant que ses passagers.
Sans qu’on puisse oublier le côté dérisoire de cette prétendue fuite devant les « chiens de presse », les fameux paparazzi. De quoi les menaçaient-ils donc, en effet, ces terribles « chasseurs d’images exceptionnelles » ? Du cliché un peu flou d’un couple déjà photographié dix fois, tranquillement assis sur la banquette arrière d’une Mercedes…..
( dixit Marcel Péju )

