COOPERATION NORD – SUD : LE POINT DE VUE D’UN JOURNALISTE AFRICAIN D’ORIGINE MAGHREBINE.

COOPERATION NORD – SUD : LE POINT DE VUE D’UN JOURNALISTE AFRICAIN D’ORIGINE MAGHREBINE.

LES VRAIS AMIS DE L’AFRIQUE.

( Voici le point de vue de Monsieur FOUAD LAROUI, Journaliste d’origine maghrébine, oeuvrant pour le compte de l’Hebdomadaire « Jeune Afrique L ‘Intelligent, à propos de la Coopération Nord-Sud. Cet article paru dans le numéro 2069 du 11 septembre 2000 a fait, il y a quelques mois, l’objet d’un partage intéressant au sein de notre Groupe qui prend la responsabilité de le publier pour un échange avec tous les usagers du Portail Internet de la Société Civile de la R.D.C. Vos réactions sont les bienvenues. Merci de prendre part au débat.)

« Sur l’un des nombreux ponts qui enjambent l’Amstel, la rivière qui a donné son nom à Amsterdam, une blondinette aborde le piéton, l’air décidé :
- Monsieur, voulez-vous donner quelque chose pour l’Afrique ?
- Après avoir vérifié que la jeune fille est effectivement membre d’une Organisation humanitaire, je lui demande pour quel pays elle fait la manche !
- Mais pour toute l’Afrique, répond-elle, indignée. Vous ne savez que les bébés meurent de faim là-bas ?
Je lui fais remarquer qu’il naît chaque jour en Afrique plus d’enfants bien portants que dans toute l’Europe Occidentale. Il y a , certes, des disettes occasionnelles, parfois des famines dues à la guerre, mais tous les bébés africains ne meurent pas de faim ; il s’en faut de beaucoup. La plupart grandissent au soleil et deviennent de vigoureux adolescents. La jeune quêteuse s’éloigne à reculons, sans me quitter des yeux, comme si j’étais un dangereux maniaque, un voleur d’illusions.
Et pourtant, tout cela est l’évidence même. De quoi ont besoin ces adolescents ? D’un pays qui se développe, d’une activité économique soutenue, de possibilités de montrer ce qu’ils peuvent et ce qu’ils valent. Ils n’ont besoin ni de pitié ni de charité.
« Gardez-moi de mes amis, disait un preux, je me charge de mes ennemis ». En perpétuant le mythe d’une Afrique tendant la sébile, ses présumés amis lui font plus de mal que de bien. Quel opérateur économique voudrait investir dans un pays où les bébés meurent de faim ?
A contrario, on pouvait lire il y a quelques mois dans la presse qu’une compagnie sud-africaine spécialisée dans la téléphonie mobile avait découvert....le Rwanda.
Avec ses dizaines de milliers d’abonnés, elle y est en situation de monopole. Est-ce une mauvaise nouvelle ? C’est une bonne nouvelle. Dans un pays où les centraux téléphoniques sont poussifs, le satellite fait des miracles. Les hauts fonctionnaires et les hommes d’affaires ne peuvent se passer de leur portable. Voilà un exeple éloquent. L’interconnexion des câbles et l’entremêlement des intérêts commerciaux et financiers assureront à l’Afriue sa place dans la cacophonie,des continents bien mieux que les téléthons les mieux intentionnés. Les vrais amis de l’Afrique, ce ne sont pas les professionnels du « charity business », ce sont les hommes d’affaires ».