Echos de la Campagne contre les violences sexuelles faites à la femme et à l'enfant

La Campagne contre les Violences Sexuelles faites à la femme et à l'enfant, débutée depuis le mardi 25 novembre 2003 et initiée par le Réseau Action Femme (RAF), se poursuit. Ces jours-ci, des rencontres, des conférences, des manifestations se succèdent un peu partout dans Kinshasa et dans certaines provinces (Bandundu et Sud Kivu). Des ONG mobilisent leurs troupes et invitent la population à les rejoindre afin d'évoquer ensemble les douloureux témoignages des violences à l'encontre des femmes...
Jeudi dernier, dans la salle de Logos Rhema, dans la commune de Lingwala , une soixantaine de femmes ont écouté l'intervention de Madame Désy Furaha , de l'ong FSPD , définir la violence et la violence sexuelle spécifiquement, a permis d'introduire l'exposé. Des mamans, dans la salle, ont été invitées à traduire ces définitions dans leur mots, en lingala, swahili, en tshiluba et en kikongo.
Puis, des illustrations des méfaits auxquels sont exposés les femmes se sont succédées. Madame Désy a tout d'abord parlé des violences que l'on rencontre trop fréquemment en temps de paix.
Une étrange et terrible liste et l'élargissement d'un cercle social symbolique ont permis de rappeler les facettes tragiques que la violence revêt pour atteindre les femmes. Ainsi, la famille a-t-elle été pointée du doigt, l'inceste demeurant un exemple aussi difficile que tabou.
Dans le cercle restreint du foyer, ont aussi été dénoncés les abus et les pressions exercés sur les domestiques. Comme elles, les femmes qui ont une activité professionnelle à l'extérieur sont trop souvent exposées au chantage économique : subir les humiliations sans broncher, voire céder aux avances du maître de maison ou du patron, du simple collègue sous peine d'être renvoyée. Est-il besoin de rappeler que dans le milieu professionnel, la femme est bien loin d'être l'égale de l'homme ?...
Dans la salle de Logos Rhema, alors qu'elles étaient invitées à compléter cette affreuse énumération, des mamans ont aussi parlé des pressions subies par les étudiantes que les professeurs manipulent en agitant la menace de l'échec aux examens... Enfin, il a été souligné que les femmes les plus vulnérables sont plus encore les victimes sans défense de violences sexuelles. Les cas de femmes mentalement déficientes abusées ou d'une jeune fille sur le point d'être opérée, violée sous anesthésie par l'infirmier en charge de la surveillance médicale ont vivement fait réagir les mamans présentes, qui y ont reconnus des exemples malheureusement trop connus.
À l'heure où des atrocités indicibles continuent d'être commises sur les populations de l'est du pays, le pays prend lentement conscience des horreurs auxquelles les femmes ont été confrontées durant les conflits de ces dernières années. La campagne du RAF a ainsi décidé de mettre l'accent sur les violences contre les femmes en temps de guerre. Et elles sont aussi nombreuses que révoltantes, si tant est que l'on puisse s'essayer à mesurer le degré d'horreur de ces exactions. Le viol utilisé comme arme de guerre, comme représailles sensées frapper les troupes adverses mais qui meurtrissent avant tout des femmes désarmées, innocentes et pacifiques... Les tortures indescriptibles, les plaies dans les chairs et les esprits, les traumatismes irréductibles, la transmission de maladies sexuellement transmissibles, dont le fatal virus du Sida, ou encore les maternités dramatiques pour les femmes comme pour les enfants à naître, rappel innocent mais odieux de la violence vécue par les mères... La liste est longue, de ces violences que la guerre véhicule dans les parages des femmes, qui n'en sont pourtant ni les acteurs, encore moins les décideurs.
La guerre est aussi la cause de la paupérisation dramatique des femmes notamment, qui se retrouvent sans ressources autres que celles que peut procurer la prostitution de leur corps. L'avilissement, la perte de la dignité, le déni de soi et de l'espoir sont autant de conséquences qu'il ne s'agit surtout pas de passer sous silence.
Les intervenantes qui se sont succédées au cours de cet événement à Logos Rhéma ont toutes insisté sur cette obligation de dénonciation. « Nous déplorons le silence qui entoure ces violences dont sont victimes trop de nos sœurs, de nos filles. Il faut le briser! » a conclu une maman, rappelant que la campagne visait essentiellement cette prise de conscience urgente et nécessaire de l'ensemble de la communauté. Les femmes ne doivent pas taire les violences auxquelles elles sont exposées, celles qui en sont les témoins doivent dénoncer haut et fort ce qu'elles savent... Et les hommes doivent appuyer de leur côté cette lutte de tous les instants, en relayant le message, en modifiant la vision qu'eux même et leurs congénères ont de leur moitié, de leur égale, de leur compagne.